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05.08.2014

Anaenza Maresca : «Les professionnels de la santé doivent se sensibiliser au public transgenre»

Sandra : Aujourd’hui nous allons nous intéresser à la population transgenre en France. Hors VIH, savez-vous combien il y a de personnes transgenres en France ? Est-ce qu’il y a des statistiques ?

Anaenza Maresca : Tout cela c’est fort discutable. On imagine par rapport, enfin l’extrapolation par rapport à des statistiques d’autres pays européens tels les Pays-Bas et tout ça, on dirait 1 sur 1 million mais ce n’est tout à fait absolument pas officiel. Nous n’avons pas des données officielles en fait. On peut faire des enquêtes mais ce n’est pas suffisamment puissant pour qu’on puisse dire, on estime voilà, c’est une estimation.

Sandra : Et combien sont concernées par le VIH ? Combien de personnes transgenres sont séropositives ?

Anaenza Maresca : Encore une fois nous n’avons pas ces données parce que comme pour beaucoup d’autres pays, les déclarations de l’infection VIH, ce qu’on appelle en France déclaration obligatoire, jusqu’à la fin 2011 nous n’avions pas la case transgenre parce qu’en Europe il n’y a que l’Allemagne qui a reconnu le 3ème sexe. Ca pouvait être le 3ème genre, je préfère. Il y a l’Espagne qui accepte le changement d’État civil sans réassignation. Mais bon en France, pour le VIH, depuis fin 2011, nous avons la case transgenre en plus MtF et FtM donc homme vers femme et femme vers homme. Pour l’instant les données n’ont pas été encore traitées, le CERFA n’a pas été distribué en temps voulu, d’une façon coordonnée dans les services hospitaliers publics. Nous attendons pour voir dans les prochaines années, pour pouvoir estimer cela. Après il y a la base hospitalière française avec le DOMEVIH qui a ajouté la case transsexuelle, on aurait préféré transgenre mais bon c’est déjà un pas, sans préciser MtF FtM mais on le sait que les personnes transgenres, femmes transgenres, à savoir hommes biologiques sont pour une question anatomique d’exposition à risque sont les plus concernés. On va pouvoir même rattraper celles qui étaient avant considérées hommes, vont passer à être considérées comme transsexuelles et on va pouvoir avoir des nouvelles données. C’est toute une question d’adaptation d’outil pour traiter ces données avec le COREVIH Ouest, Nord. Nous avons un groupe inter COREVIH transgenre et nous avons déjà eu un accord de traiter nos données ensemble pour pouvoir avoir plus de puissance. Pour l’instant nous n’avons pas en France ces données officielles. En contrepartie pour les méta-analyses publiées en Europe et aux États-Unis en 2008, nous avons des estimations qui montrent une prévalence d’infection à VIH dans cette population forte importante qui peut arriver jusqu’à presque 30%.

Sandra : Il nous reste 10 minutes pour l’émission. La dernière fois que vous êtes venus à l’émission, Tina vous a demandé s’il y a des professionnels de la santé spécialisés dans le public transgenre et vous avez dit que certains ont une plus grande sensibilité mais qu’il ne faut pas sectoriser et d’ailleurs vous l’avez dit tout à l’heure quand on a parlé des séropositifs hétérosexuels et homosexuels. Mais tout de même, ce public a des particularités non ?

Anaenza Maresca : Tout à fait, ce public a des particularités. C’est sûr et certain qu’actuellement les gens sont de plus en plus sensibilisés. Il y a encore des personnes invisibles. Ceux qui exercent la prostitution avec les nouvelles lois sont encore plus condamnés à l’invisibilité et la précarité mais les professionnels sont de plus en plus sensibilisées parce qu’on les reçoit et donc il faut qu’on se fasse former tous pour qu’ils puissent se sentir aussi à l’aise d’aller, pas que dans des centres de santé pour les transgenres mais aussi qu’ils puissent comme ils le font à Ambroise-Paré venir dans un service de médecine interne et avoir des agents de médiation parfois issus du milieu qui connaissent leurs problématiques qui peuvent les aider dans des démarches si compliquées qui est celle de l’accès aux soins. Par des professionnels, que ce soit des médecins généralistes qu’on va appeler transfriendly ou alors sensibilisés à la cause, qui ne vont pas l’appeler Monsieur ou Madame quand on ne veut surtout pas être appelé par ce qui est écrit dans notre état civil. Des personnes qui connaissent les problématiques telles que les autres médications par les hormones qu’elles peuvent faire. Les problèmes de réaction aux injections de silicones surtout dans le cas des femmes transgenres donc les nés hommes et qui se sentent femmes, qu’ils vont faire pour la féminisation, avoir recours à du personnel médical qui ont des produits non industriels et qui ont après des complications et parfois des crises inflammatoires, ils vont d’eux-mêmes prendre des corticoïdes et avoir des problèmes de santé. Donc tout cela, on est de plus en plus sensibilisé et il y a des particularités comme tout le monde. Comme pour les co-infectés, les hétérosexuels concernés vivant avec le VIH, comme pour les migrants, bon bref. Je pense que tout ça c’est la dynamique de cette infection qu’il faut qu’on essaye toujours d’être le plus global possible.

Sandra : Il y a quand même des questions auxquelles doivent penser les professionnels à poser quand ils reçoivent une personne transgenre.

Anaenza Maresca : En effet. Et parfois ils ne vont pas le dire d’eux-mêmes. Par exemple rien que les stigmatisations va les mettre en situation de susceptibilité de voir une consommation accrue parfois de substances psychoactives. Pour celles qui exercent la prostitution pour supporter le froid au bois, il y en a qui boivent des quantités très importantes d’alcool et elles estiment qu’elles le font pour travailler pour supporter le froid. Donc tout cela c’est des particularités dont il faut tenir compte, qu’on sache aborder et discuter dans les entretiens pour pouvoir proposer de l’aide quand elles se sentent prêtes pour l’avoir. Le COREVIH avec l’association ARCAT, les COREVIH Nord et Ouest ont fait la mise à jour d’une plaquette dépliante destinée aux soignants tout venant basé sur les rapports Yéni 2010 et Morlat pour la prise en charge de ces personnes. C’est une façon plus conviviale et schématique de ce qui a pu être écrit dans ces rapports.

Il y a aussi un dépliant plus ancien destiné au public hispanophone transgenre à propos des risques de l’automédication, des particularités des risques d’exposition, contamination VIH, traitement hormonal. Donc une personne née femme qui se sent homme va se faire prescrire de la testostérone et une personne née homme qui se sent femme pour faire très schématique va faire recours à des anti-testostérones et de l’oestrogène progestatif selon le cas.

Sandra : Vous parlez des plaquettes, c’est ce que vous avez dans vos mains, je les mettrai sur le site internet pour que les auditeurs puissent voir. J’ai vu aussi qu’il y avait un rendez-vous, un colloque organisé le 28 mars, je n’ai plus la feuille, je l’ai mise de l’autre côté.

Anaenza Maresca : Tout à fait. Je crois que c’est avec l’association Élan retrouvé, le docteur Hervé Hubert et ça aura lieu…

Sandra : Voilà, j’ai récupéré la feuille. Colloque international le 28 et 29 mars de 9h à 18h à la Bourse du travail, métro République. Entrée libre et gratuite et ça s’intitule « Genre, culture, société, question autour de la transidentité ». Il y aura des intervenants d’Argentine, de Bolivie, du Brésil, de Cuba et de France. Il y a des thèmes. Le vendredi 28 mars ce sera « Droit et insertion sociale » et le samedi « Aspects psychologiques, culturels et sociétaux ».

Transcription : Sandra Jean-Pierre

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