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17.12.2014

Couples sérodifférents, bye bye la capote ?

Dessin humoristique qu’Olivier Bouchaud a choisi pour sa présentation

Sandra : Couple sérodifférents, bye bye la capote ? Voilà comment s’intitulait l’exposé d’Olivier Bouchaud à cette conférence. Il est infectiologue, à l’hôpital Avicenne à Bobigny. Quelles sont les conditions pour abandonner le préservatif quand on est dans couple ou un est séropositif ? Voici sa réponse.

Olivier Bouchaud : La première condition c’est que dans le couple sérodifférent, la personne qui est infectée par le VIH, ait une charge virale indétectable ce qui suppose un traitement parfaitement bien pris en continu et de façon durable depuis au moins 6 mois. Donc ça c’est la condition de base. La deuxième condition c’est que la personne séronégative donc le partenaire séronégatif, soit totalement informé et totalement acceptant d’un risque résiduel que l’on estime à extrêmement faible peut être ce risque est nul, mais sous réserve que la condition initiale que je viens de dire soit totalement respectée et c’est toute la difficulté dans un couple, c’est que, dans un couple stable, puisque qu’on parle de couple stable, c’est toute la difficulté qui est que ce qu’on appelle l’observance n’est pas un phénomène complètement continu et définitif, c’est-à-dire qu’on peut être parfaitement observant pendant une période prolongée et puis à un moment ou à un autre parce qu’on a un problème psychologique, parce qu’on a une déception, parce que dans le couple ça va moins bien ou pour n’importe quelle autre raison il peut y avoir un raté, une faiblesse, qui dure plus ou moins longtemps et qui du coup, va complètement casser le concept de l’absence de risque ou du très faible risque sous traitement. Donc c’est pour ça que c’est une notion avec laquelle il va falloir s’habituer à laquelle il va falloir discuter avec les patients, mais c’est quelque chose qui est forcément un petit peu fragile parce que cette absence de risque ou ce risque est extrêmement extrêmement extrêmement faible, ne se conçoit que dans le cadre d’un traitement qui reste parfaitement, parfaitement parfaitement efficace.

Sandra : Et pourtant ce n’est pas une nouveauté. Donc est-ce que ce n’est pas une information qui acquise par les médecins et par les personnes séropositives ?

Olivier Bouchaud : Ce n’est pas une nouveauté, c’est vrai que ça fait un certain temps, qu’on sait qu’une charge virale très faible s’associe à un très faible risque de transmission mais c’est relativement neuf dans la mesure où d’abord ça bouscule complètement ce qui a été dit jusqu’à présent et ce sont des choses qui ont été tellement rabâchées, évidemment à juste titre, que c’est quand même très inscrit dans beaucoup de circuits neuronaux si je puis dire et puis c’est nouveau parce que les études qui ont permis de démontrer avec des preuves à l’appui que le risque est extrêmement faible peut-être même nul, ce sont des études qui sont relativement récentes, mais ces études-là ont leurs propres faiblesses et leurs propres limitations c’est-à-dire qu’on n’a jamais, même si certaines ont inclus des milliers de couples, on n’a jamais le nombre suffisant qui permettrait aux statisticiens de dire, le risque est nul et encore une fois j’insiste là-dessus parce que c’est important de toute façon cette absence de risque ou cette très grande faiblesse du risque, reste suspendu à la réalité d’une prise, d’un traitement, parfaitement efficace, d’une prise parfaitement bien et d’un traitement efficace.

Sandra : Olivier Bouchaud au micro de l’émission de radio, « Vivre avec le VIH ». Alors l’avis suisse, toutes ces recommandations qu’Olivier Bouchaud vient d’expliquer ça date de 2008. Aujourd’hui nous sommes en 2014, fin 2014. Le message ne passe pas toujours clairement, malgré les dernières recommandations du rapport Morlat, le rapport de la prise en charge médicale des personnes concernées par le VIH. Est-ce que cela vous étonne ? Yann et Jean-Marc.

Yann : Non, enfin ce qui m’étonne c’est qu’effectivement, ça mette un temps fou à ce qu’on fasse plus de prévention, d’information à ce sujet, ce qui permettrait d’enlever un petit peu de la discrimination sur les personnes séropositives. On voit aussi le cas assez courant de personnes séropositives, qui par confort et mental et physique et dans leur rapport, préfèrent être en couple avec quelqu’un de séropositif, ce qui veut dire que les 2 par choix, peuvent très bien abandonner les types de protection, la capote ou autre. Donc voilà, pour un confort absolu. Mais après c’est vrai qu’il est très très bien, moi ça me fait du bien d’entendre tout ça. À la limite je l’entendrais tous les jours que ça me ferait un bien fou, qu’on puisse le passer plus souvent sur les ondes et bien sûr se dire que rien n’est possible sans l’autre. Ca me rappelle un petit peu quand on va dans les lycées pour témoigner, à rappeler toujours aux élèves qui sont au début de leur découverte sexuelle et amoureuse, que leur corps leur appartient et il leur appartient uniquement à eux, quoi et qu’ils en sont maîtres toute leur vie.

Sandra : On en parlera tout à l’heure justement des témoignages face aux lycéens. Jean-Marc, est-ce que ça t’étonne ou pas toi ?

Jean-Marc : Je ne suis franchement pas étonné non, parce que bon malgré les progrès qui ont été faits, quand on parle de séropositivité, dans la tête des gens ça reste le sida et le sida ça reste une maladie qui fait toujours peur donc je ne suis pas étonné du tout.

Yann : Il est aussi normal qu’un séronégatif lambda ne soit pas totalement au courant de toutes ces évolutions.

Sandra : Bien sûr mais là je parlais plus au niveau des infectiologues en fait ou des médecins qui parfois n’en parlent pas à leur patients. Je le vois au Comité des familles, on leur explique ça alors que ça fait des années qu’ils connaissent leur statut et ils disent non je n’étais pas au courant ou alors si j’étais au courant mais je n’ai pas bien compris alors je présume que c’est à cause du temps de consultation surtout en région parisienne, qui est assez court du fait de la forte population je peux comprendre mais voilà, moi j’ai le sentiment vraiment que même les infectiologues ne passent pas assez ce message en fait auprès de leurs patients.

Yann : Oui donc tout l’intérêt de toujours comme je disais l’autre fois, à une autre émission, de toujours préparer son entretien avec son médecin parce que très souvent il commence par dire, bon ben c’est génial, toutes vos analyses sont parfaites, donc on arrive à traiter votre…mais du coup, on en oublie toute la partie psychologique, la partie intime, la partie sexuelle, donc n’hésitez pas à préparer, à vous rapprocher de nous et on peut même vous aider à préparer cet entretien quoi qui n’est pas inutile du tout.

Sandra : Tout à fait. Donc oui c’est normal que les personnes séronégatives ne connaissent pas cette information alors là, forcément si déjà les personnes séropositives ne la connaissent pas, comment on veut que ça passe. C’est sûr, il y a encore du boulot.

Yann : Il y a du boulot.

Transcription : Joëlle Hist.

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