Sandra : Les séropositifs et le tabac. Dans la population générale c’est déjà préoccupant mais dans la population vivant avec le VIH ça l’est encore plus puisque les séropositifs fument plus que la population générale. On l’avait vu par exemple avec Rose-Mary Dray Spira qui est chercheuse à l’INSERM, qui était venue à l’émission de radio Vivre avec le VIH. Donc arrêtez de fumer c’est quand même un sacré bénéfice pour la santé. Il y a des solutions pour arrêter et on a un exemple à l’émission aujourd’hui et c’est Daniel. Je lui ai demandé s’il souhaitait partager son expérience et il m’a répondu avec un grand oui. Nous t’écoutons.
Daniel : Depuis hier, ça fait 4 mois que j’ai arrêté de fumer. J’ai commencé par un rendez-vous avec une tabacologue qui m’a prescrit des patchs. Donc j’ai commencé à porter les patchs parce que j’ai essayé d’arrêter tout seul d’abord mais j’avais beaucoup de mal nerveusement au départ. Donc c’est pour ça que j’ai pris rendez-vous pour me faire aider. Le patch ça m’a beaucoup servi parce que je n’avais plus du tout envie de fumer mais en revanche j’avais une petite sensation de dépression les premiers jours. J’avais sommeil tout le temps, je passais mon temps à dormir. Très rapidement au bout d’une semaine j’ai interrompu les patchs parce que c’était vraiment pour démarrer l’arrêt du tabac, j’en avais besoin. Bien que la tabacologue m’avait prescrit pour 6 mois de patch, de bonbons, de chewing-gum à la nicotine bien sûr, ce qui devait représenter un coup énorme et une quantité de produits énorme aussi. Donc finalement bon, moi j’ai eu cette chance. Peut-être que d’autres auraient besoin de plus de produits pour les aider, surtout quand on a fumé depuis longtemps. Moi j’ai fumé 12 ans, je fumais un paquet en deux jours, je ne pense pas que je puisse être considéré comme un grand fumeur. Mais j’avais quand même besoin à ce niveau-là d’un minimum d’aide. Quand on regarde, je reparle du rapport Morlat, en revanche pas de la partie dont on vient de parler sur les maladies cardiovasculaires, plus sur les comorbidités, on peut lire que 36% des comorbidités sont des cancers dont 9% sont les cancers du poumon. Donc le cancer du poumon est la première cause de comorbidité au VIH.
Yann : Il y a une prise en charge je crois qui est prise pour les premiers patchs ?
Daniel : Oui. La sécurité sociale prévoit une prise en charge à hauteur d’une cinquantaine d’euros par an. Quand on a une mutuelle on peut ajouter à cela une prise en charge supplémentaire.
Yann : Et par exemple, 50 euros de prise en charge ça représente…
Daniel : Ça représente une boite de patch pour un mois.
Yann : Donc c’est bien pour les gens qui comme toi peut-être, ça peut leur suffire pour démarrer un arrêt quoi.
Daniel : Exactement.
Yann : Bravo en tout cas parce que 4 mois, et tu as encore des tentations, la gestuelle ?
Daniel : Non, même pas. C’est passé, j’y pense même plus, j’ai l’impression que je n’ai jamais fumé.
Yann : Et la cigarette électronique ?
Daniel : Non, ça pour moi c’est plus du gadget. Ca rentre plus dans le gadget que vraiment pour… ce n’est pas un outil pour moi pour arrêter de fumer en tout cas. Je trouve que c’est plus un effet de mode. Ça reste mon avis.
Sandra : Autour de la table, est-ce qu’il y a des fumeurs et qui ont envie d’arrêter de fumer ?
Yann : Fumeur mais malheureusement ce n’est pas du tout une priorité d’arrêter.
Bruno : Oui moi je suis fumeur aussi, je sais que tout ce qui est addiction c’est néfaste pour notre hygiène. Pourquoi pas un jour faire une cure, c’est ce que je me dis mais pour l’instant tout ce qui est stress aujourd’hui m’empêche de faire le pas. Je pense qu’il y a d’autres motivations…
Sandra : Pour toi la cigarette c’est un anti-stress ?
Bruno : Oui. C’est vraiment un déstress minute. Mais après je veux bien prendre en compte beaucoup de choses. Je suis papa depuis pas longtemps et il y a plein de choses qui font que voilà, que je vais m’orienter vers la cure. Pas que pour moi mais pour la famille.
Tina : Oui j’avais effectivement, c’est toujours cette question du fumeur passif. Est-ce qu’il porte aussi des conséquences négatives ou non ? Dernièrement j’ai entendu qu’une étude avait révélé qu’effectivement être fumeur passif c’est-à-dire à côté d’une personne qui fume, par exemple un parent avec son gamin, que ça a vraiment des conséquences négatives aussi pour cette personne.
Sandra : Est-ce le rôle du cardiologue d’aider ses patients à arrêter de fumer ? On écoute Franck Boccarra.
Début de l’enregistrement.
Franck Boccarra : Oui, oui c’est mon rôle de les adresser, de sensibiliser les patients au sevrage tabagique, essayer d’identifier si ces patients présentent une motivation importante ou non pour se sevrer parce que sans motivation il n’y aura pas de sevrage. Puis après souvent d’adresser à un spécialiste. Réellement je pense qu’il faut essayer toutes les méthodes. Il faut voir un spécialiste je pense, il faut trouver un médecin qui est formé en aide au sevrage tabagique. C’est vraiment une spécialité je pense. Ca nécessite d’abord une patience parce que écouter un patient, écouter ses motivations, analyser. C’est vrai que dans une consultation de cardiologie je pense qu’on n’a pas le temps de faire tout ça. Ça demande du temps à donner au patient. Et la motivation d’y aller. Très fréquemment malheureusement ces consultations le patient annule, ne vient pas à la consultation. On voit il y a un patient sur deux qui ne se pointe pas à la consultation de sevrage tabagique. Donc aider au sevrage, utiliser plusieurs méthodes, que ce soit des méthodes substitutives utilisant certains produits les patchs nicotines en particulier mais aussi très probablement l’utiliser de la cigarette électronique. Il est clair qu’actuellement certaines études le montrent, l’utilisation de la cigarette électronique permet d’aider au sevrage tabagique. C’est quelque chose qui n’est pas venu sous couverture médicale. Le risque c’est que des patients souvent continuent à fumer et en plus prennent des cigarettes électroniques. Donc ils se font souvent, ce qu’on appelle entre guillemets des shoots de nicotine. Finalement ils vont avoir plus de nicotine qu’ils en avaient avant en fumant. Souvent quand vous voyez des gens au restaurant ou ailleurs, ils pompent pendant une heure, ils aspirent et expirent une heure une cigarette. Et donc ils vont parfois consommer plus de nicotine qu’ils ne consommeraient s’ils étaient avec une cigarette normale. Bon, la nicotine a aussi des effets cardiovasculaires. Bien sûr avec la cigarette électronique il n’y pas de goudron. A priori il n’y a pas de risque cancéreux qui est très augmenté avec la consommation de goudron dans une cigarette normale.
Sandra : La cigarette électronique c’est quand même un peu dangereux pour la santé ?
Franck Boccarra : Ah non je ne dirai pas dangereux pour la santé. Ah non moi je pense que c’est un, j’espère que l’avenir nous le montrera, que c’est vraiment une aide au sevrage tabagique. Je pense réellement. Mais il faut travailler sur des recommandations d’utilisation, encadrer ça un peu plus avec soit un médecin, soit une infirmière dès le sevrage tabagique. On pourrait imaginer en achetant que ces personnes-là aient un call center et puissent demander des renseignements, comment utiliser véritablement cette cigarette électronique, ne pas trop faire de shoot de nicotine, etc.
Transcription : Sandra Jean-Pierre
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