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02.10.2014

Elisabeth Polard : «Les médicaments génériques ne sont pas des sous-médicaments»

Jean-Marc, Sandra et Elisabeth Polard

Sandra : Qu’est-ce que vous disiez sur les médicaments génériques déjà ?

Élisabeth Polard : On avait réagi au micro-trottoir en trouvant que finalement les gens n’étaient pas du tout contre le générique, avaient plutôt un avis positif et moi j’étais étonnée de la connaissance qu’avaient les deux personnes un peu plus âgées, qui se sentent plus concernées sans doute par le générique. On a parlé aussi des remboursements, du fait que les patients puissent avoir le choix du princeps ou du générique. Le fait que souvent le médecin prescripteur ne sait pas forcément ce qui a été donné, délivré à la pharmacie, à son patient. Et c’est un petit peu le chainon manquant et c’est ce qui peut-être apporte un peu d’ambiguïté, dans des situations où la confiance n’est pas complète vis-à-vis du générique, que ce soit le médecin ou le patient. Souvent le pharmacien doit délivrer les médicaments donc le patient a confiance.

Sandra : Jean-Marc, si ton médecin te dit, ton traitement VIH c’est des médicaments génériques, est-ce que tu as confiance ou pas ?

Jean-Marc : À la base, tu dois être au courant que je ne prends pas de traitement.

Sandra : Oui, mais les auditeurs ne le savent pas.

Jean-Marc : D’accord. Non, mais honnêtement, je ne me suis jamais vraiment intéressé. J’ai pris une fois un traitement, comme je t’ai expliqué, pour avoir un enfant, que j’ai arrêté par la suite.

Sandra : D’accord. Sinon, tu n’as pas d’a priori sur les médicaments génériques ?

Jean-Marc : Non. Je pense même qu’il faudrait mettre des génériques d’entrée.

Sandra : Ah oui ? Pourquoi ?

Jean-Marc : Pour avoir des bas prix directement. Quand on voit le prix des médicaments que peuvent coûter, pour le VIH ou pour d’autres maladies, il y a des prix qui sont exorbitants.

Sandra : C’est vrai. Élisabeth Polard, de quoi est composé un médicament générique ?

Élisabeth Polard : Un médicament générique est identique à la spécialité dite princeps, qui est celle développée initialement par le laboratoire. La même composition en principe actif, elle a la même forme, galénique. Un comprimé devrait être un comprimé ou une gélule. C’est ça qui peut poser aussi problème. C’est aussi quelque chose sur lesquelles les autorités travaillent, qu’un comprimé soit remplacé par un comprimé. Éventuellement aussi de la même couleur pour qu’il n’y ait pas de confusion et pas de problème d’observance. Et comme disait la dame dans le micro-trottoir ou le monsieur, c’est effectivement les excipients, ce qui enrobe le principe actif qui peut être un peu différent et qui pourrait pour certains patients, poser problème. Il faut savoir que certains médicaments princeps développent leur propre générique. Il y a des laboratoires qui font des boites différentes, mais c’est exactement les comprimés qui sortent des mêmes chaines et l’un sort dans une boite de générique et l’autre sort sous sa boite princeps, ce qu’on appelle des autogénériques. Donc alors là, faut vraiment même pas se méfier du tout, c’est exactement la même chose. Ensuite, il y a des génériques qui ressemblent plus ou moins et qui effectivement sont surveillés au même titre que les médicaments princeps. Donc faut-il se méfier des génériques ? Comme de tout médicament j’ai envie de dire. Effectivement, si une surveillance est exercée sur le princeps, elle sera exercée aussi sur le générique au même titre puisque le générique est un médicament à part entière.

Jean-Marc : Quel est l’intérêt de sortir un médicament princeps et le générique en même temps ? Je ne vois pas vraiment l’utilité. Pourquoi ne pas sortir que le générique ?

Élisabeth Polard : Alors, en fait, les lois du marché moi je n’y connais pas grand-chose. Je suis pharmacienne qui surveille les effets indésirables du médicaments une fois qu’ils ont leur autorisation de mise sur le marché. Donc je ne connais pas complètement toute la chaine du médicament. Mais un laboratoire développe une molécule, un brevet dessus, le commercialise et a 10 ans de brevet, 10 ans pendant lesquels il est le seul à pouvoir exploiter son médicament. Ensuite ce brevet tombe dans le domaine public. Et là, il peut avoir des génériques qui par les lois du marché font normalement baisser les prix des princeps. C’est comme ça, c’est 30% la première année et encore plus bas après. Il se trouve que certains princeps disparaissent du marché puisque les génériques ont pris tout le marché commercial et que le laboratoire qui commercialise le princeps, n’ont plus d’intérêt à laisser leurs molécules sur le marché. Donc, c’est histoire, on ne peut pas faire des génériques d’emblée, sauf que pour les médicaments anti-VIH, je pense que ces brevets ont été écourtés et que l’OMS, les organisations mondiales ont réussi à faire des génériques tout de suite. Mais je pense que David Zucman en parlera dans son interview. Donc en fait, il y a forcément à peu près 10 ans pendant lesquels le médicament est sous brevet commercial de l’industrie. Ensuite la loi de la concurrence, rend obligatoire l’arrivée d’un nouveau produit sur le marché pour faire justement baisser les prix du princeps. Nous, on avait demandé à l’agence mais pourquoi ne baisse-t-on pas les prix du princeps au bout de 10 ans ? Et donc pas besoin de générique, pas besoin de tout ça. Les lois commerciales, semblent-ils, ne permettent pas ce genre de pratique.

Sandra : De toute façon, leur but c’est de faire de l’argent. Ceux qui créent les médicaments, le but premier c’est de faire du bénéfice donc ils ne vont pas chercher à baisser les prix ?

Élisabeth Polard : De toute façon, ils baissent les prix, de toute façon le prix du princeps baisse forcément et je vous dis, ça a conduit parfois des industries à ne plus développer le princeps et laisser le marché au générique. C’est ce qui est arrivé avec la vancomycine. Un antibiotique utilisé principalement à l’hôpital. Il n’y a plus de princeps.

Jean-Marc : Les laboratoires ont trouvé une autre utilité à ce princeps, qui fait qu’ils peuvent encore le vendre…

Élisabeth Polard : C’est vrai, j’ai appris assez récemment qu’un générique était mis sur le marché pour les indications du princeps mais parfois il y a des indications dites brevetées. Donc on peut avoir 4 indications pour un médicament. Le générique a trois des indications du princeps et la quatrième indication qui a été obtenue un peu plus tard peut ne pas être allouée aux génériques. Ce qui met un petit peu en terme de médico- légal, je ne sais pas trop les implications mais ça complique un petit peu le débat.

Jean-Marc : Ça fait qu’en gros, le princeps, il y a encore 10 ans devant lui.

Élisabeth Polard : Alors je pense qu’il faut peut-être être plus précis pour les auditeurs et aller sur certaines classes thérapeutiques. Les molécules très utilisées par plein de gens, et interviewés dans le micro-trottoir, ils ont sûrement pris un traitement antibiotique un jour dans leur vie. Il y a au moins 15 à 20 génériques d’amoxicilline qui se valent. Et on n’a jamais vu quelqu’un arriver avec un échec de traitement antibiotique à l’amoxicilline qu’il soit d’une marque ou d’une autre. Donc je pense qu’il y a quand même des médicaments extrêmement utilisés qui sont faciles à fabriquer, qui sont destinés à des gens qui ne prennent pas beaucoup de médicaments, donc il n’y a pas de confusion forcément possible pour des pathologies aiguës et là, on n’a pas beaucoup de questions à se poser sur le générique. Après il y a tout ce qui est pathologies chroniques. Comme les patients VIH qui prennent beaucoup de médicaments, on essaye de simplifier les choses, donc là les laboratoires avec les fameux combos dont on a parlé au TRT5, effectivement, facilitent des choses, facilitent la vie des patients et la vie au quotidien et l’observance. Et le générique fait un peu régresser s’il faut prendre deux comprimés au lieu d’un, ça peut effectivement impacter sur la vie des patients. Je relaie un peu les échanges qu’il y avait eu dans la salle. Après, il y aussi tout ce qui est personnes âgées, avec les confusions possibles, les noms, ce qu’on appelle les DCI, les dénominations communes internationales. L’amoxicilline c’est la DCI et clamoxyl la spécialité princeps de l’amoxicilline. C’est bien plus difficile de se rappeler une DCI pour les personnes âgées qu’un nom commercial…

Sandra : Même pour moi.

Élisabeth Polard : Et parfois pour nous aussi, pour des nouvelles molécules qui sortent et qui ont des noms scientifiques extrêmement compliqués. Les gens confondent. S’ils avaient avant un comprimé et qu’ils ont une gélule, voilà, ils peuvent confondre. C’est vrai que ça peut induire finalement des effets indésirables médicamenteux, une inefficacité, etc. Mais voilà. Chaque contexte est un peu particulier. Moi, le générique pour la pathologie aiguë du patient jeune, je n’ai vraiment aucune arrière-pensée. Après, effectivement, en fonction des patients, par exemple un patient greffé également, les immunosuppresseurs avec des médicaments qui sont dit à marche thérapeutique étroite, c’est-à-dire qu’on fera bouger un petit peu les concentrations qui peuvent être toxiques ou inefficaces. Ça se juge au cas par cas. Ça peut se juger au cas par cas. Je pense qu’il ne faut pas diaboliser le générique, en nous disant on nous donne des sous médicaments. Ce n’est pas vrai. C’est un médicament qui est surveillé. Si le médicament pose problème, je peux vous dire que tous les jours, on a des messages de tous les centres de pharmacovigilance qui sont au sein des régions et au sein des CHU, on se pose des questions sur les génériques. On a tel effet, est-ce que c’est dû aux génériques ? Il y a des inspections faites au niveau des laboratoires pour voir si c’est fabriqué correctement, d’où vient la matière première, etc. Je pense qu’il ne faut pas considérer qu’on ne surveille pas les génériques au même titre que les autres médicaments. Je pense qu’il faut le dire aux auditeurs que les génériques sont des médicaments à part entière, qu’on surveille comme tous les médicaments. En terme d’efficacité et en terme de sécurité. Après il y a aussi le problème des goûts par exemple. Je pense aux enfants et aux antibiotiques. On dit les amoxicillines peu importe, il est vrai qu’il y a certains arômes dans des génériques qui sont beaucoup moins bien acceptés par les enfants que pour les princeps. Ça, effectivement, ça peut être un échec de traitement. Après c’est un peu la maman qui veut dire, moi je ne veux plus ce générique-là parce que mon enfant ne le prend pas, vomi. Après c’est du cas par cas. Je pense que de manière générale, le générique est quand même un moyen de faire des économies de santé. Le générique n’a que cet objectif. Faire des économies au niveau des dépenses de médicaments en France sachant que la France est très consommatrice de médicaments.

Transcription : Sandra Jean-Pierre

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