Début de l’enregistrement.
Frédérique Calandra : Bonjour, je suis la maire du 20e arrondissement de Paris qui est un arrondissement de 200 000 habitants.
Sandra : C’est le plus grand de Paris ?
Frédérique Calandra : Non, ce n’est pas le plus grand, c’est le 15e arrondissement qui doit faire à peu près 250 000 habitants. Ensuite le 18e, le 20e est le 3e.
Fin de l’enregistrement.
Sandra : Frédérique Calandra au micro de Vivre avec le VIH. Pourquoi la maire du 20e à l’émission Vivre avec le VIH ? Parce que comme les membres du Comité des familles vont déménager dans un local plus grand, et ce local se situe dans le 20e arrondissement. Frédérique Calendra a choisi d’aider les membres du Comité familles. Comment et pourquoi. Je vous propose de l’écouter.
Début de l’enregistrement.
Frédérique Calandra : Pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’ils font oeuvre utile. Leur association a une utilité importante. Moi, j’ai connu beaucoup de gens et d’amis proches qui sont morts du sida dans les années 80 avant même d’ailleurs qu’on appelle ça le VIH, le sida, qu’on sache de quoi il s’agissait. J’ai vu la souffrance que ça causait parmi leur proche, leur famille. Ensuite je suis maire d’arrondissement et je suis maman aussi donc je peux concevoir à quel point c’est anxiogène et compliqué de vivre avec ça, ne serait-ce par exemple de trouver des assureurs ou des prêts bancaires quand on a le sida ou des choses comme ça. J’ai travaillé beaucoup dans ce domaine avec des associations comme ARCAT Sida pour le logement des personnes en longue maladie. J’ai plusieurs amis qui sont atteints. Pour des tas de raisons à la fois intimes personnelles mais aussi publiques. Tout simplement parce que les gens porteurs de sida font partie de mes habitants donc moi je m’occupe de tous mes habitants y compris ceux-là. Et donc cette association pour moi est une grande utilité. Et j’avais compris, ça faisait longtemps, j’ai été élu en 2008 et dès 2008 ils m’ont contacté. J’avais compris qu’ils avaient un problème d’exiguïté de local. J’ai regardé régulièrement où on pouvait les reloger et là ils m’ont contacté en disant qu’ils avaient trouvé mais que le loyer était trop cher du coup j’ai demandé au bailleur de faire un effort, ce qu’il a fait et je l’en remercie parce que lui aussi contribue en faisait par ce geste, a aidé une oeuvre collective, je dirai sinon de parvenir à anéantir définitivement le sida, on y arrivera un jour mais ce n’est pas encore le cas mais en tout cas de faire en sorte que la vie des personnes atteintes soit plus proche de la normalité possible.
On a beaucoup de quartiers très populaires, on a des populations très défavorisées, plus que dans d’autres quartiers de Paris. C’est la caractéristique du Nord-Est parisien. On a des quartiers où la sociologie est plus proche de celle de la Seine-Saint-Denis que de celle du 8e arrondissement. Bon. Donc on a des politiques de santé publique qui sont adaptés à ces personnes-là et même si moi je rappelle moi je rappelle que comme maire d’arrondissement je ne suis pas patronne de l’AP-HP. Ce n’est pas moi qui dirige les hôpitaux mais j’essaye de favoriser autant que faire se peut dans mes modestes compétences tout ce qui peut améliorer la vie de mes concitoyens. Premièrement, on a observé qu’on était en voie de désertification médicale. C’est-à-dire que tout ce qui est le secteur libéral, généraliste, les gynécologues de ville, les pédiatres, les ophtalmologues, etc. On en a de moins en moins. Ils prennent leur retraite, ils ne sont pas remplacés donc c’est un vrai problème dans le Nord-Est parisien, le 20e en particulier. Donc on a mis en place un travail avec l’Agence régionale de santé de la ville de Paris pour réinstaller des médecins libéraux et on a ouvert déjà avec des médecins assez militants une première maison de santé à Belleville et on va en ouvrir une autre à la porte des Lilas. Évidemment ces maisons de santé joueront un rôle crucial dans le domaine de la prévention du VIH parce que ce sont des médecins secteur 1, qui acceptent la CMU, qui acceptent les gens sans papier, etc. Qui sont des populations à risque, non pas tant par leurs pratiques x ou y mais parce qu’elles ont beaucoup moins d’argent pour se soigner, voir des médecins ou l’accès je dirai à la connaissance parce que parfois la langue peut faire barrière pour l’information. On travaille avec un certain nombre d’association, on travaille avec des réseaux de médecins pour tout ce qui est le travail sur la prévention et on travaille avec des gens qui travaillent en plusieurs langues. Nous, on a évidemment beaucoup de populations d’origine étrangères. Soit ancienne, donc ce sont des gens comme moi qui sont tout à fait français mais avec des noms un peu exotique. Soit des migrants pauvres récents et qui d’ailleurs ne sont pas forcément migrants uniquement pour des raisons de pauvreté. Ça peut être aussi qu’ils fuient des guerres, des persécutions, des tortures. Et donc pour toutes ces raisons, on les accueille et il faut bien sûr qu’ils soient prévenus comme les autres dans leur pays d’origine. Il n’y avait pas toujours une très bonne politique vis-à-vis de la prévention du VIH et donc il faut les aider à s’en prémunir. Donc pour toutes ces raisons il faut travailler avec toutes les associations, il faut irriguer je dirai la société de la méfiance vis-à-vis de ce virus, d’autant plus qu’on a observé chez les jeunes générations un relâchement de la vigilance parce qu’aujourd’hui il y a des gens qui s’imaginent que le sida, comme on n’en meurt plus forcément, s’imaginent que ce n’est plus dangereux. Mais ce n’est pas vrai. Ce n’est pas parce qu’on en meurt plus systématiquement que ce n’est pas dangereux. Donc il faut absolument former les jeunes générations à se prémunir contre le VIH.
On est confronté à des problèmes réels. Il y a un problème de financement aujourd’hui et ce n’est pas de la volonté des pouvoirs publics. Vous savez, il n’y a rien de pire pour un maire que de ne pas pouvoir le tissu associatif de son arrondissement, surtout comme dans un arrondissement du 20e où les associations jouent un rôle majeur. Maintenant à un moment donné on est confronté nous comme les autres, à des problèmes tout simplement de trouver de l’argent. Quand on n’en a plus, on n’en a plus. L’idée, ce n’est pas idéologique, ce n’est pas de dire il faut que les petits se regroupent avec les gros parce que c’est mieux. C’est parfois, je dirai sur la gestion des locaux, ça peut avoir un intérêt d’avoir des locaux multi associatif. C’est pour ça qu’on a ouvert d’ailleurs la maison des associations à Paris. C’est parce que toutes les associations répertoriées dans nos arrondissements, le 20e notamment, ne trouvaient pas. On ne pouvait pas aider à trouver un local par association parce que le prix au m2 est absolument invraisemblable à Paris. Donc on a aidé en ouvrant des structures collectives qui font à la fois boites aux lettres, dispenseurs de conseils, parfois colporteurs de projets, etc. En l’occurrence le Comité des familles a trouvé un local plus spacieux. Après, il faut voir comment ils vont vivre, se développer. Mais s’ils veulent rester indépendants, vous savez je suis très soucieuse de l’indépendance des associations et je ne décide pas à leur place s’ils veulent rester indépendants, tant mieux. Ensuite, la question est l’efficacité. Mais ils peuvent aussi colporter des projets avec d’autres grosses associations. Ils ne sont pas obligés je dirai, par projet, ils peuvent parfois allier leur force avec d’autres associations qui sont mieux subventionnées. Ça peut aussi être un intérêt. Sensibiliser de grosses associations comme AIDES, à leur problématique spécifique, parce qu’on sait que cette association s’est constituée autour de la problématique des familles. Et c’est vrai que de grosses associations comme AIDES n’étaient pas forcément au départ orientées autour de ça puisqu’ils étaient plus sur des questions médicales, des questions de politiques de santé publique etc, d’ampleur nationale. Mais c’est vrai que le Comité des familles a son intérêt en cela qu’il aide des familles à gérer mieux, psychologiquement, matériellement, intellectuellement la question du VIH dans la famille. C’est-à-dire que ça peut être le père, la mère ou les enfants, ou des enfants. C’est aussi une question à traiter.
Bienvenue dans le 20e arrondissement. C’est ça mon message, comme je le dis à tous ceux qui vont s’installer, bienvenus. J’espère qu’ils vont aimer le 20e. D’ailleurs ils n’ont pas une vocation à travailler dans le 20e. Ils travaillent pour tout Paris voire pour toute la France. C’est un arrondissement chaleureux, sympathique où il y a une grande solidarité entre les gens et entre les associations. Surtout ce que je leur demande c’est de s’impliquer aussi dans la vie locale, d’aller voir le conseil de quartier, les centres sociaux près de chez eux, les associations de riverains, de se balader dans nos jardins partagés bref, de profiter de la vie avec nous dans le 20e et ils verront qu’on a des populations chaleureuses et accueillantes.
Fin de l’enregistrement.
Sandra : Frédérique Calandra au micro de l’émission de radio Vivre avec le VIH. Tina, que penses-tu des propos de la mère du 20e arrondissement ? Est-ce que ça te donne envie de faire tout plein de projets dans le 20e ?
Tina : Déjà c’est bien sûr un remerciement pour son soutien. Effectivement on a été soutenu pour que le bailleur accepte notre candidature et pour qu’ils baissent le loyer. Ce qui était vraiment essentiel pour nous sinon on n’aurait pas pu signer le bail. On est très content et on la remercie. Et puis le 20e est effectivement est un quartier très sympa, on est très content de venir s’installer dans le 20e, de rencontrer d’autres associations dans cet arrondissement. Puis les professionnels qui travaillent autour de la question du social, du soin, on connait déjà très bien l’hôpital Tenon avec qui on travaille autant avec le service maladies infectieuses qu’avec la maternité et le centre d’AMP ouvert aux couples concernés par le VIH. On s’installe et on va d’ailleurs inviter la maire et tous ceux qui veulent à notre fête d’inauguration, qui aura lieu le 21 juin. Sur le besoin d’avoir notre local, c’est vrai que le VIH, Jean-Luc Romero pourra peut-être dire ce qu’il en pense mais c’est compliqué d’être mélangé à d’autres problématiques parce qu’il y a vraiment ce besoin par rapport à la confidentialité, par rapport à se sentir en sécurité quand on vient quelque part, que les personnes qu’on voit sont soit concernées ou bien sensibles à la question, parce que sinon les gens ne viendrait pas si c’était des locaux partagés avec d’autres associations qui feraient autre chose. Sur le fait de vouloir un local vraiment dédier aux familles, c’était vraiment quelque chose auquel on tenait spécialement. Mais ensuite de faire des projets en commun avec les associations VIH et d’autres associations du quartier, d’Ile-de-France, ont le fait déjà et on compte bien sûr développer ces partenariats et ce sera avec un grand plaisir.
Sandra : Jean-Luc Romero vous connaissiez le Comité des familles avant de nous rencontrer ici.
Jean-Luc Romero : Oui, depuis longtemps. Et je pense que vous arrivez dans un arrondissement à mon avis extrêmement accueillant, vous ne pouviez pas tomber mieux. Je connais bien Frédérique Calandra et elle l’a dit, elle rappelé à la fois son intérêt pour le VIH et sa connaissance quelque part à la fois personnel. C’est important quand des élus ont vécu dans leur vie le drame du sida, ils ont peut-être une facilité à mieux comprendre les problèmes qu’on peut vivre au quotidien et le fait comme le disait Tina, que c’est vrai que c’est extrêmement compliqué aujourd’hui. Quand on a un lieu d’accueil, quand c’est la prévention, je pense que c’est un peu différent où là il faut essayer de se regrouper pour des tas de raisons qu’on pourrait évoquer. C’est vrai qu’un accueil spécifique pour des personnes vivant avec le VIH, avec des communautés dans lesquelles il y a la peur que l’autre sache, il vaut mieux avoir en tout cas une association avec des locaux dédiés, ne pas partager avec plusieurs pathologies qui ne sont pas forcément les mêmes. En plus vous êtes dans un quartier solidaire, il faut le dire. Moi je suis dans le 12e arrondissement donc ça touche le 20e, j’ai souvent l’occasion d’aller pour des réunions dans cet arrondissement. Il y a un tissu associatif extrêmement important et c’est vrai que ne serait-ce que pour des activités culturelles, etc, vous aurez tout intérêt à tisser des liens avec d’autres associations. La mairie est extrêmement dynamique dans le domaine et je pense que c’est important. C’est bien aussi que le bailleur est baissé son prix. Je sais que c’est une des préoccupations, notamment de la mairie de Paris actuellement parce que ça devenait un peu absurde. On avait des bailleurs qui dépendent d’une certaine manière de la mairie de Paris, qui faisaient des loyers qui étaient délirants et il fallait que la mairie de Paris compense avec des subventions plus importantes pour payer ce loyer. Donc je pense que là, en l’occurrence, ils ont trouvé la chose la plus intelligente à faire, c’est-à-dire ce n’est pas la peine de, parce que quelque part c’est toujours de l’argent public, donc à un moment autant faire les choses les plus simples et je pense que là en l’occurrence votre bailleur a été raisonnable et c’est ma foi assez logique donc je pense que vous serez bien dans cet arrondissement et que vous allez pouvoir nouer des partenariats avec beaucoup d’associations parce qu’il y a une vie associative à l’Est de Paris qui est quand même extrêmement importante. J’entendais Frédérique qui parlait du 93, il y a une vraie solidarité aussi dans ces arrondissements, dans le 19e, dans le 20e, dans le 18e, dans le 12e et je pense que pour une association de personnes concernées par le VIH, c’est plutôt pas mal que vous soyez là-bas. Donc je pense que vous serez heureux là-bas.
Tina : On est vraiment impatient de s’installer. On a déjà entendu Nadine et Philippe plein de joie, ils ont découvert ce local, c’est vraiment un petit bijou. On s’est lancé là-dedans aussi parce que les personnes de l’association demandaient vraiment de changer de local, disaient vraiment que ce n’est plus possible. Mais on s’est aussi lancé dans quelque chose bien sûr, on prend un petit risque. C’est-à-dire que c’est malgré tout quand même beaucoup plus cher que là où on est toujours. Et puis on sait qu’en même temps, actuellement les subventions sont en baisse, certains de nos financeurs nous ont déjà annoncé qu’il y aura de toute façon une baisse de 10%. C’est vrai que pour nous ça va être compliqué. C’est un appel à continuer à soutenir et encore plus le Comité des familles sinon ça va un peu à contresens de vouloir se développer et en même temps subir une baisse, donc j’espère qu’on sera entendu. Ce n’est pas le moment de nous couper les vivres.
Sandra : Jean-Luc Romero, vous avez entendu l’inauguration ce sera le 21 juin.
Jean-Luc Romero : Oui, j’ai noté sur le petit papier que vous m’avez laissé tout à l’heure. Si je peux, je serais là avec grand plaisir.
Sandra : On vous enverra une invitation.
Jean-Luc Romero : Ce sera le jour de la fête de la musique.
Sandra : Oui voilà, c’est ça. Donc après effectivement il y aura une fête.
Transcription : Sandra Jean-Pierre
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