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03.12.2015

FTCR : des associations qui luttent pour l’accès aux droits et aux soins des migrants maghrebins en France

Sandra : Pour la première fois, le Comité des familles s’associe avec la FTCR, pour une action de prévention, non pas à Paris mais à Marseille, le vendredi 11 décembre. Mohamed, vous êtes présent à l’émission pour cette émission spéciale 1er décembre. La FTCR, ce n’est pas une association de lutte contre le sida mais pourtant, vous avez développé au fil des années des actions sur cette thématique. Je vous propose de présenter ce que c’est la FTCR, un historique. Et puis après plus tard dans l’émission, nous reviendrons sur vos actions en matière de lutte contre le sida. Ok avec ça ?

Mohamed Bhar : Ok.

Sandra : Alors c’est parti, plongeons-nous dans l’histoire. C’est quoi la FTCR, qu’est-ce que ça veut dire déjà ?

Mohamed Bhar : La FTCR, ça veut dire la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives. Des deux rives de la méditerranée. C’est une association relativement ancienne, parce qu’elle a été créée en 1974, et en 1974 elle s’appelait l’union des travailleurs immigrés tunisiens. Donc au début, c’était un ensemble, un groupe de jeunes étudiants en majorité, et quelques ouvriers qui ont fondé cette association. L’association, à l’époque, dans les années 70, jusqu’à 1981, les associations immigrées n’avaient pas le droit de constituer des associations. Il fallait qu’un Français par exemple soit le président de l’association. Et ce n’est qu’après des luttes et des revendications pour le droit des immigrés vivant en France de constituer leurs propres associations autonomes, ce n’est que donc à partir de l’élection de François Mitterrand en 1981, que cette revendication a été réalisée. On va voir après qu’il y a d’autres promesses qui n’ont pas été respectées comme le droit de vote des immigrés en France. En 1994, il y a eu un congrès extraordinaire et il y a eu la proposition de changer le nom de l’association en fédération. Avant 1994, c’était si vous voulez, une relation horizontale c’est-à-dire il y a un comité à Paris et puis il y a des sections en province. Il y avait des sections à Marseille, à Grenoble, à Lyon, etc. En 1994, il y a eu le système fédératif. Donc les associations sont autonomes. Mais elles constituent un groupe en fédération. Donc toutes associations qui est d’accord avec les statuts, avec les objectifs etc., peut adhérer à la fédération. En totalité, nous avons maintenant une quinzaine à peu près d’associations. A Paris il y a 4 ou 5, à Marseille, à Lyon, à Châlons, à Grenoble, à Lille, ces associations qui travaillent sur la citoyenneté en général, sur la culture, sur les droits, l’accès aux droits et il y a le point essentiel, c’est l’accès des migrants aux soins. Et dans l’accès aux soins, il y a le droit et la prévention, la sensibilisation pour lutter contre le sida, puisque les immigrés vivent eux aussi parfois cette pénible situation. On a pensé que les immigrés sont atteints aussi. Soit sont atteints, soit ils peuvent être atteints s’ils ne sont pas bien conseillés, bien renseignés et qu’on explique, quand il s’agit par exemple de se soigner ou bien de connaitre pourquoi etc., qu’ils ont le droit, et qu’ils peuvent être, même s’ils ne sont pas touchés, et s’ils sont touchés, ils doivent se soigner, ils doivent aussi avoir le droit à la prévention et aux soins. Et pour cela, on a édité des brochures et aussi on crée des événements comme par exemple, autour du 1er décembre, dont tu viens de parler par rapport à une initiative à Marseille. Nous avons une association à Marseille qui s’occupe de la santé en général et de la lutte contre le sida, et ce sera le 11 décembre avec un groupe de jeunes migrants qui suivent une formation sociolinguistique et on va s’adresser à eux pour leur expliquer c’est quoi, etc., un peu d’historique et essayer de les sensibiliser comme on le fait ici à Paris.

Sandra : Mohamed, quand on s’est rencontré avec tes autres membres de la Fédération, vous nous avez dit que ces derniers temps, depuis la révolution en Tunisie, vous avez eu un afflux de personnes qui sont venues vous demander de l’aide, et ces personnes-là, quel était leur profil ? Je suppose qu’elles arrivent encore aujourd’hui, mais qui sont ces personnes qui viennent et quels sont leurs besoins ?

Mohamed Bhar : Un peu moins maintenant, elles arrivent un peu moins. Fin 2010 début 2011, il y a eu la révolution en Tunisie. C’était le départ de Ben Ali, c’était le 14 janvier. Et à partir de cette date décembre-janvier-février-mars, il y a eu un afflux de migrants qui cherchaient à joindre l’Europe, à partir de la méditerranée, donc la Tunisie, ils ont traversé la méditerranée jusqu’à l’île de Lampedusa et certains sont restés en Italie d’autres se sont déplacés partout en Europe jusqu’en Suède, etc. Le profil si vous voulez de ces jeunes, c’est entre par exemple 19-18-25 ans.

Sandra : Et pourquoi ont-ils choisi de venir en France plutôt que de rester en Tunisie ?

Mohamed Bhar : C’est une histoire quand même, parce que la Tunisie a été colonisée par la France. Culturellement aussi, parce qu’ils parlent plus ou moins un peu le français. On va voir que la majorité ils ont échoué un peu leur scolarité et c’est pour cela, ils cherchaient un horizon ailleurs pour pouvoir vivre et…

Sandra : Ils entendaient dire qu’en France la vie était plus facile ?

Mohamed Bhar : Ils rêvent parce que même si ce n’est pas le cas, beaucoup quand ils viennent ils sont déçus et beaucoup n’arrivaient pas à trouver du travail, un logement, etc. beaucoup sont rentrés il faut dire. Ils ne pouvaient pas vivre dans la rue tout le temps. Et ces jeunes là, ils peuvent être atteints vu leur situation précaire, ils peuvent attraper n’importe quelle maladie, dont le Sida. Et c’est pour cela que nous essayons de les informer et de les conseiller et de mettre à leur disposition le minimum de connaissances pour qu’ils puissent être conscients de ce qui peut arriver.

Sandra : Quand ils arrivent, leur première préoccupation c’est quoi ? J’imagine que ce n’est pas de parler des maladies qu’ils peuvent attraper.

Mohamed Bhar : On reçoit beaucoup de jeunes qui viennent nous demander l’aide médicale de l’Etat et on a créé un service spécial pour leur permettre de constituer leurs demandes d’aide médicale. Et dans ce cadre-là, on leur parle de prévention Sida, etc. . Il y a cette possibilité. On a des brochures en arabes et en français et on leur dit voilà, si vous avez une question, lisez ça, si vous avez une question, on est là pour vous répondre. Dans ces brochures, il y a l’explication de prévenir c’est guérir, en arable et en français, il y a des rubriques : le Sida on en meurt encore, qu’est-ce que c’est le Sida, comment se transmet le Sida, prévention et dépistage, le virus du Sida ne se transmet pas dans l’ensemble des gestes de la vie quotidienne, tout ça en arabe et en français. Petit à petit, on essaye de casser un peu le tabou, que la gravité de la chose ne nous permet pas d’aller chercher des interprétations religieuses ou autre ou moralistes etc. mais c’est de bien se concentrer sur le sujet et comment être lucide pour pouvoir en parler d’abord et pouvoir passer le message concrètement.

Sandra : Comment faites-vous pour répondre à toutes les demandes de ces personnes, je ne sais pas qu’elle est votre formation mais avez-vous des compétences en droit par exemple ? J’imagine qu’ils viennent avec cette demande de titre de séjours. Ca ne doit pas être tous les jours facile de pouvoir… vous vous êtes professionnalisé avec le temps ? Alors vous m’avez dit qu’il y a une quinzaine d’associations dans la Fédération ? Qui sont les gens qui vous entoure pour aider ces jeunes qui arrivent ?

Mohamed Bhar : Il y a comme tu viens de dire, l’expérience. L’association a accumulé des années d’expériences et puis on a le contact aussi avec d’autres partenaires, par exemple j’ai fait une formation au CRIPS. On a aussi des juristes avec nous. On a un avocat qui vient nous voir tous les vendredis une après-midi par semaine, c’est le vendredi de 14h à 18h. Et par rapport aux droits, on a un pôle droit avec aussi des juristes membres de l’association qui travaille dans d’autres structures et on a un réseau d’association avec lequel nous travaillons comme la LDH, la ligue française des droits de l’homme, comme le Gisti, Groupe d’information et de soutien aux immigrés, le Mrap, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples. Très récemment aussi avec vous, le Comité des familles. Donc tout ça, peut nous apporter des éléments pour pouvoir justement agir sur cette question spécialement et sur le droit à l’accès, aux droits des migrants en général.

Sandra : Alexandre, je ne sais pas si tu as une remarque à faire. Nous sommes en train de discuter tous les deux mais bien sûr tu peux intervenir quand tu veux.

Alexandre : J’ai trouvé très intéressant cette intervention, particulièrement le fait que c’était ce qu’on disait tout à l’heure, c’est-à-dire que c’était l’exclusion sociale, une fois que les personnes migrantes arrivent en Europe, leur première préoccupation, n’est pas forcément la prévention, la protection. Et c’est l’exclusion sociale finalement qui est un gros facteur de propagation des différentes MST et notamment du VIH. C’est intéressant d’avoir cette idée-là. Comme on peut encore l’entendre dans certains discours, ce n’est pas les migrants qui sont déjà contaminés qui viennent et qui contaminent tout le monde. Ce n’est pas comme ça que ça marche. C’est bien d’entendre ce genre d’avis sur l’exclusion sociale.

Transcription : Sandra JEAN-PIERRE

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