
Alexandre : Qui a dit : “Une leucémie, c’est en moyenne 20 000 % de marge brute, une épidémie de grippe en décembre, c’est le bonus de fin d’année qui tombe, ou encore seul 1 % des Français peut se permettre d’avoir une hépatite C ?”
Sandra : Bon, alors moi je sais la réponse donc ce n’est pas du jeu.
Patrick Papazian : Médecins du monde.
Alexandre : Bien joué !
Sandra : Ah bah tu connaissais la réponse toi aussi. Tu te la joues première de la classe mais tu as déjà vu l’info (rires).
Alexandre : C’est l’association Médecins du Monde qui a mis en place une campagne choc pour protester contre le prix des médicaments. Alors, la campagne a été lancée hier, et si vous vous étonnez de ne pas l’avoir vue dans les métros, les transports en commun, c’est que cette campagne a été pour ainsi dire boycottée par les régies publicitaires.
Pour quelle raison ? Médecins du Monde s’était à la base associée avec Médiatransports, les leaders de l’affichage transports, mais au moment de l’envoi de leurs visuels, ces derniers ont fait appel à l’ARPP, l’Autorité de Régulation Professionnelle de Publicité, pour donner un avis consultatif, qui s’est révélé être défavorable.
Je cite l’article des Inrocks : « L’ARPP pointe trois raisons : la “référence a des maladies graves” qui “pourrait être perçue comme choquante par le public”, des “allégations chiffrés” qui ne sont pas sourcées sur les affiches et, surtout, l’ARPP écrit en première justification :
“Nous attirons tout particulièrement votre attention sur le risque de réactions négatives que pourrait susciter l’axe de communication choisi, de la part des représentants de l’industrie pharmaceutique. En effet les entreprises ainsi mises en causes pourraient estimer qu’une telle campagne porte atteinte à leur image et leur cause un grave préjudice et décider d’agir en ce sens.” Suite à l’avis défavorable de l’ARPP, Médiatransports renvoie un avis négatif à Médecins du Monde. Mais cela ne s’arrête pas là. L’ONG va alors solliciter d’autres afficheurs, parmi lesquels JC Decaux ou le réseau d’affichage Insert. Aucun ne donnera suite et pour cause: le “conseil” de l’ARPP a été “circularisé”, c’est-à-dire envoyé à toutes les sociétés. Une pratique habituelle, mais qui aurait pu être bloquée par Médiatransports. » Fin de la citation.
Médecins du Monde publie ainsi une pétition, celle-ci est intitulée « le prix de la vie » et est adressée à Marisol Touraine, dénonçant l’indécence du prix des médicaments. Pour en savoir plus, plusieurs sites d’infos ont écrit sur le sujet, les Inrocks, « Une campagne de MdM censurée pour ne pas déplaire aux laboratoires pharmaceutiques », France Inter, « MdM s’attaque au prix des médicaments », tous ces articles vous les trouverez sur notre compte twitter @VIHRadio, ainsi que la pétition intitulée « le prix de la vie ».
Sandra : Merci Alexandre pour cette première information. Bah dis donc, pas de problème pour diffuser des pubs qui parlent de sexe, pas de problème pour diffuser des pubs qui incitent à la consommation, à bouffer du sucre comme pas permis mais en revanche pour informer sur le prix des médicaments, là, il y a un problème. Je trouve ça vraiment scandaleux, qu’en pensez-vous ? Etiez-vous au courant du coup de cette campagne de Médecins du monde ? Bon, toi Patrick oui, puisque tu es à fond sur les réseaux sociaux, t’as signé la pétition ?
Patrick Papazian : Non, je n’ai pas signé la pétition…
Sandra : Moi non plus, mais je vais le faire.
Patrick Papazian : Mais en fait, ils ont fait que suivre la ligue contre le cancer qui avait fait une campagne choc que vous avez peut-être en fait où les labos pharmaceutiques sont représentés comme deux gros patrons qui fument des cigares. Il y a un mec qui leur dit toi t’es dans quel business ? Ah bah moi je suis dans le cancer. Ca avait beaucoup choqué, y compris des patients. Ma très bonne copine Catherine Cerisey qui est patiente experte, très présente sur les médias sociaux, s’est un peu indignée, je la comprends. Parce que c’est un peu, franchement, c’est peu caricatural. Et au fond, moi je m’oppose au fait qu’on interdise l’affichage parce que résultat ils ont fait plus de buzz, tant mieux pour eux de toute façon. Mais après on peut discuter du message parce que le prix des médicaments, c’est un sujet complexe et je ne suis pas sûr que ce soit avec ce genre d’affiche un peu sensationnel qu’on fait avancer le truc. Ca a le mérite de poser le débat, ça c’est très bien. Maintenant il faut aussi comprendre que c’est aussi le prix de la recherche, c’est aussi le prix des avancées thérapeutiques et dans le VIH, on est bien placé pour savoir ça aussi.
Yann : En même temps, on a l’exemple des traitements VHC qui ont enfin été un peu réduit si tu veux mais c’est quand même une pensée politique et une envie de bousculer un petit peu tous ces lobbies quoi. Donc je pense qu’effectivement, on a encore beaucoup de travail à faire par rapport à la marge qui pour moi est exorbitante entre, même s’il y a effectivement beaucoup d’argent investi dans la recherche et il faut avant de sortir un produit payer tous ces gens qui pensent et qui cherchent mais voilà, quand on sait par exemple que le traitement VHC revenait à 300 euros par patient et qu’il était vendu à 72 000 euros, la moindre des choses, là je crois qu’il est redescendu à 42 000, enfin voilà. La bonne nouvelle, je le répète encore, parce qu’on ne le répètera jamais assez, Marisol Touraine a donc annoncé sous 15 jours je crois, que l’accès au traitement VHC sera pour les 500 000 personnes qui attendent et non plus pour les personnes avec une fibrose très avancée. Il y a aussi des bonnes nouvelles dans le monde de la santé.
Mohamed : Heureusement qu’il y a des bonnes nouvelles. C’est bien que ce problème ait été amené sur la place publique. Je crois que c’est les cancérologues qui se sont mobilisés et qui ont décidé que les prix devenaient exorbitants et que sur un traitement sur la durée, ça devenait tellement trop onéreux qu’ils ne pouvaient pas palier à cette demande. Donc c’est bien, comme le dit Patrick, que ce problème soit sur la place publique. Maintenant faut faire en sorte qu’il y ait des avancées au niveau des laboratoires parce que c’est hors de prix là.
Christian : C’est assez important quand même. Je suis surpris de ce que je vois ici en France. C’est extraordinaire. Ici, on parle de tout, on revendique tout. Peut-être qu’un jour les diabétologues verront aussi à moment donné ce qu’il en est par rapport aux médicaments. Pour ce qui est de l’hépatite, moi je suis content quand même. Si déjà on ne revoit pas les prix, beaucoup de personnes vont certainement mourir. Je prends le témoignage d’une amie, quelqu’un que j’ai connu comme ça et elle se mourrait de ce malaise au Cameroun qui n’avait pas pu avoir un véritable suivi, traitement adéquat et puis déjà, je l’avais accompagné, nous étions allés voir le ministre de la Santé et le bonhomme nous a fait comprendre qu’il fallait dans les millions de francs pour évacuer la dame. Et c’était très dur ! Heureusement la bonne dame, on s’est démerdé comme on a pu, elle est arrivée en France, elle a été après un certain nombre de temps délivré de ce mal sans même dépenser grand-chose. C’est assez touchant, c’est assez important. Donc franchement, si on augmente les prix ou alors… moi je n’ai pas suivi ça, si on augmente les prix franchement, beaucoup de personnes vont énormément souffrir. Mais si on prend la chose avec le coeur, en disant qu’il faut nécessairement aider ceux qui sont dans la détresse, moi je crois que peut-être on aurait mieux de sauver des vies que de voir toujours ça au niveau des prix.
Sandra : N’hésitez pas à réagir sur le site comitedesfamilles.net. Alexandre ta deuxième info s’il te plait.
Alexandre : Ma deuxième, et ce sera ma dernière, information, est une continuité de cet article sur RFI pour lequel plusieurs membres du Comité des Familles et de l’association Actions Traitements ont témoigné. Je vous invite par ailleurs à écouter d’urgence ce reportage, vous allez sur le site de RFI, vous tapez VIH : 20 ans après les premières trithérapies, où en est-on, et vous pourrez écouter la vie de ces personnes qui ont vécu et survécu aux premières années, aux premiers traitements, et qui nous racontent.
L’article qui nous intéresse donc cette semaine parle de la baisse de la progression du VIH en Afrique. En Afrique Subsaharienne, 26 millions de personnes sont contaminées par le VIH. En cinq ans, le nombre de nouvelles personnes infectées a diminué de 15 % à l’Est et dans le Sud, et de 8 % à l’ouest et au centre. Alors si c’est loin d’être suffisant selon les experts de l’ONU, c’est néanmoins une bonne nouvelle explicable par un fait : les femmes enceintes contaminées seraient mieux prises en charge. À ce niveau, c’est l’Afrique du Sud qui a réalisé les meilleurs progrès, selon RFI. Je cite, toutes les femmes enceintes infectées y reçoivent un traitement antirétroviral, ce qui entraîne une forte diminution de la transmission du VIH de la mère à l’enfant.
Hop là, je profite de cet élément de transition pour faire un voyage instantané de plusieurs milliers de kilomètres, on parlait de transmission mère-enfant, et bien l’autre information sur le sujet se passe en Thaïlande, en effet la Thaïlande est le premier pays asiatique à avoir mis fin à la transmission du VIH et de la syphilis de la mère à l’enfant. Cela a été annoncé mercredi dernier par l’Organisation Mondiale de la Santé Ils sont 5 pays a avoir accompli cela, Cuba en 2014, et cette année, la Thaïlande, la Moldavie, la Biélorussie et l’Arménie. Un petit rappel, la Thaïlande a depuis 2000 mis en place une politique, celle du dépistage systématique de la totalité des femmes enceintes et de leur mise sous traitement gratuite. Selon les chiffres du gouvernement thaïlandais, le nombre de nouveaux-nés naissants avec le VIH est passé de 1000 en 2000 à 85 l’an dernier. Une diminution suffisante pour que l’OMS valide le processus d’élimination de la transmission mère-enfant. Lorsque l’on sait que plus d’un million de femmes infectées par le VIH tombent enceinte chaque année et qu’il y a 15 à 45 % de chances de contamination sans traitement, que ce soit pendant la grossesse, l’accouchement ou en donnant le sein, on peut saluer cette nouvelle, et en profiter pour dire que la gratuité des médicaments, ça peut définitivement servir à quelque chose.
Sandra : Ah bah super ! Enfin des bonnes nouvelles, ça fait plaisir ! Vivement que la France arrive à ce résultat. Y-a-t-il des réactions dans l’équipe ? Non. Bah voilà, tout le monde est content.
Transcription : Sandra JEAN-PIERRE
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