Alexandre : C’est la rentrée, on est de retour ! Vous avez tous coupé les ponts avec Facebook, Twitter, mais pas Instagram, pour faire rager votre petit monde avec un selfie plage, coquillage, crustacés, cucurbitacées, sommeils profonds, soirées agitées et nuits avinées, vous avez pu vous reposer sans compter les heures, vous étiez, j’en suis sûr, dans un tel état de félicité que vous en avez même oublié de hurler “Naaaooooooooooooooon” lorsque vous vous êtes rendu compte que les 14 juillet et 15 août tombaient pile-poil sur vos vacances, comme Dark Vador lorsqu’il s’est rendu compte que le 1er mai était un dimanche. Hein ? Ah si, je vous jure que c’était pour ça, j’aurais fait pareil à sa place. Enfin, vous étiez trop occupés à bronzer pour vous informer, cet été, bande de chenapans. Mais alors qui ? Qui pourra vous donner LA vérité, l’inconnue, cette actualité qui vous a échappé ? Vous constaterez à mon teint proche du blanc de poulet (ou plutôt vous imaginerez puisqu’en réalité vous ne me voyez pas) à quel point je suis resté, fidèle au poste. Vous bronziez au soleil, je bronzais au rétroéclairage de mon ordinateur, à l’affût de la moindre information, du moindre commentaire faisant état de l’actualité santé de France. Si vous n’étiez pas encore partis le 21 juillet dernier, moi non plus.
Pardon, je m’égare. Si vous n’étiez pas encore partis le 21 juillet vous aurez sans doute remarqué que les réseaux sociaux se sont littéralement enflammés sur le thème du VIH. Tous en même temps, les médias se sont donné le mot pour poster au même instant, avec une précision chirurgicale, cette information choc : un cas de rémission chez une jeune femme sans traitements depuis douze ans. En résumé, cette demoiselle est née avec le VIH, transmis par sa mère malgré les antirétroviraux prescrits dès sa naissance. Le traitement a été arrêté à partir de ses 6 ans. Selon Le Monde, après un intervalle d’un an, les parents sont retournés voir les médecins qui ont constaté que la charge virale était indétectable. Ces derniers ont donc décidé de ne pas reprendre le traitement pour le moment, et de voir l’évolution. Voici les explications du Monde pour expliquer ce cas de rémission peu commun : “Certaines personnes présentent un profil génétique qui fait que malgré une présence avérée du virus dans leur organisme (séropositivité), l’infection demeure spontanément et durablement contrôlée en l’absence de traitement. Ils représentent moins de 1 % des personnes séropositives. Ce n’est pas le cas de la jeune femme. C’est ce qui fait dire à ses médecins que « selon toute vraisemblance, c’est le fait d’avoir reçu très tôt après sa contamination une combinaison d’antirétroviraux qui lui permet d’être en rémission virologique depuis aussi longtemps », selon le Dr Asier Saez-Cirion, du laboratoire « VIH, inflammation et communication » de l’Institut Pasteur de Paris.” Mais on commence à rentrer dans des détails bien trop poussés, si maintenant il faut lire les articles pour les commenter, où va le monde ! Si je me suis intéressé à cet article, je vous arrête tout de suite, ça n’est donc pas parce que c’est une nouvelle intrigante. Cela n’est pas non plus pour vous donner les explications par exemple du Professeur Jean François Delfraissy, Directeur de l’ANRS, qui disait à Seronet : “cette rémission ne doit pas être assimilée à une guérison”. Et alors quelle utilité expliquer ce que sont guérison et rémission ? Que la rémission est la disparition des symptômes lorsque la guérison est la disparition de la maladie elle-même ? Non, ce qui importe, c’est de prendre en considération les commentaires des milliers de médecins dans l’âme qui se sont multipliés sur les commentaires du site Facebook du Monde, affirmant à la basse populace de moutons ignorants que nous sommes que le VIH n’est pas une maladie sexuellement transmissible, mais une maladie attrapable via nos médicaments. Que le vaccin contre le SIDA a été trouvé depuis bien longtemps, et qu’il existe des populations entières qui ont déjà guéri de la maladie depuis trois siècles au moins, avant même l’apparition de la maladie, c’est vous dire. Qu’est-ce qu’on serait sans Facebook. Je vous fais un petit florilège des commentaires de cet article sur la rémission de cette jeune femme. Roulements de tambour, C’EST PARTI. À la troisième place ! “Si le VIH est la cause du SIDA, pourquoi des milliers de victimes du SIDA n’ont-elles jamais été infectées par le VIH ?” HAHA ! Qu’est-ce que vous dites de ça ? À la deuxième place ! “Avant, les gens se soignaient avec les plantes, et le cancer, le sida n’existaient pas”. Bravo ! Alors, petite remarque par contre, je ne sais quel âge tu as mon jeune ami, mais si tu as vraiment vécu à l’époque où le cancer n’existaient pas, tu dois vraiment être très très très vieux. Alors, pour conclure sur cette info, je n’aurais qu’une seule chose à dire aux grands défenseurs de la tisane miracle, et c’est le top commentaire : “L’air bag c’est inutile, il suffit d’avoir deux feuilles de sauge dans la boîte à gants”.
Sandra : Alors, qu’est-ce que vous pensez de cette information ? Déjà, est-ce que vous en avez entendu parler, c’est vrai que ça a fait un peu le tour de toutes les chaînes télés, enfin, moi j’ai vu ça partout hein, sur Internet, sur les chaînes d’info en continu. Qu’est-ce que vous en avez pensé ?
Yann : 21 juillet, je pense que j’étais sans information vu que j’étais chez ma cousine qui n’a pas de télé, qui mange bio…
Sandra : Coupé du monde…
Yann : Coupé du monde.
Sandra : Mais tu n’en avais pas entendu parler du coup ?
Yann : Non.
Sandra : Donc là tu apprends l’info ?
Yann : Oui oui. Ma première question, est-ce que tu sais depuis combien de temps elle ne prend plus de traitement sans, justement, une réapparition ?
Alexandre : Cela fait exactement 12 ans. Elle a pris un traitement à sa naissance, jusqu’à ses six ans, ensuite, elle a totalement arrêté le traitement, c’est ses parents qui sont partis, qui n’ont plus été pris en charge par leurs médecins. Et ensuite, un an plus tard, une fois qu’ils sont retournés voir des médecins, pour avoir des analyses, voir où ça en était, puisqu’elle n’avait rien fait depuis un an, ils se sont rendu compte que sa charge virale était indétectable.
Yann : Moi ça ne m’étonne pas autant que ça cette information. Je sais qu’il y a un pourcentage de personnes, comme ça. Après, ce qu’il y a d’un petit peu nouveau, parce que tu le disais dans ta rubrique, que l’on comparait aux personnes qui, eux, sont séropositives, mais dont la charge virale n’apparaît jamais, donc là le pourcentage est très faible, maintenant est-ce que ce cas est isolé, est-ce qu’il y a d’autres parents qui ont choisi d’arrêter le traitement au bout de certaines années, je ne sais pas. Mais ce serait intéressant de suivre la piste.
Carolina : Je pense que cette jeune fille, elle va aider à créer des pistes de recherche, pour voir.
Yann : Après, le problème aussi, c’est que peut-être dans 5 ans, on ne sait pas, tu vois. C’est la loterie, dans 5 ans elle va d’un seul coup avoir une charge virale qui peut être très haute, ou elle peut faire une maladie opportuniste, je ne sais pas. En tout cas c’est génial pour elle, et après il faut se faire suivre quand même tous les six mois quoi.
Alexandre : Et là du coup elle est en état de rémission depuis 12 ans.
Sandra : Voilà, 12 ans, elle n’a pas pris de traitements quoi. Cela fait toujours moins de chimie dans le corps, je sais que tu es sensible à cela Yann, et je me dis que ça peut être une bonne chose pour elle, tous ces traitements qui sont lourds, costauds pour le corps.
Yann : Oui, et puis moi le 6 août j’avais rendez-vous avec mon hépatologue Julie Bottero qui m’a confirmé qu’elle viendrait à l’émission, elle écoute, elle aime bien, elle a découvert il n’y a pas si longtemps, mais elle aime beaucoup. Donc là elle m’a réellement confirmé, puisque tu sais, j’avais arrêté mon traitement VHC, et qu’au bout de six mois, je suis non plus en rémission, mais vraiment en guérison. Donc c’est génial, elle m’a fait plein de bonnes nouvelles donc j’ai hâte qu’on la reçoive parce qu’apparemment, ce n’est plus pour les foies très abîmés que les médicaments sont donnés, il y a une ouverture vraiment, les prix ont encore baissé, donc elle a plein de bonnes infos. Je pense à tous ceux qui attendent les supers molécules, donc restez dans l’espoir et battez-vous, vous aurez, vous y avez droit, et ça marche très bien, j’en suis la preuve !
Sandra : Deuxième info, Alexandre !
Alexandre : Une deuxième information que vous n’aurez sans doute pas vue si vous êtes anglophobe, car elle n’a été reprise par aucun média français. Je vais vous parler de fraude scientifique. Dong-Pyou Han était un chercheur de l’Université de l’état de l’Iowa aux États-Unis. Si j’emploie le passé, c’est qu’il a dû quitter son poste en octobre 2013. Il s’est déclaré responsable d’une altération d’éléments essentiels des résultats d’un possible vaccin contre le SIDA. Une falsification qui avait permis un budget fédéral alloué de 19 millions de dollars. Dong-Pyou Han a donc été jugé en juin dernier et finalement condamné à 4 ans et 9 mois de prison, ainsi qu’à 7,2 millions de dollars d’amende. C’est tout simplement la condamnation la plus rude pour fraude scientifique à ce jour. Mais, je vous ai un peu menti tout à l’heure en vous disant qu’aucun média français n’avait repris l’information. Si la plupart des sites anglophones relatent l’affaire comme nous, en France, nous relatons les contentieux entre les frères Bogdanoff et le CNRS, par exemple, le Courrier International s’est permis d’émettre des questionnements sur son site Internet, notamment en rapport à la dureté de la peine. En voici le principal, je cite : “Le sénateur républicain Charles Grassley, insistant sur le montant du gâchis financier infligé aux deniers publics, a amené les procureurs à soulever la question : un chercheur doit-il bénéficier d’un traitement spécial par rapport à la juridiction pénale dans une affaire de fraude ?”
Sandra : Merci pour cette info, alors ça aussi, est-ce que vous en aviez entendu parler ? Peut-être pas.
Yann : Pas du tout.
Sandra : Tu es tombé dessus un peu par hasard.
Alexandre : Totalement par hasard.
Yann : Donc en fin de compte, lui, il a monté un faux dossier ?
Alexandre : Il a falsifié des données pour pouvoir avoir des subventions, et du coup, une fois que ça a été découvert, le mec s’est dénoncé. Il s’est déclaré responsable de cette falsification. C’était en 2013 et là, il a été condamné à 4 ans et 9 mois, aux États-Unis, dans l’Iowa. Et la peine la plus lourde avant, c’était en 2006, pour une affaire de fraude scientifique aussi, et la personne avait pris qu’un an de prison.
Yann : Après, 7,2 millions, je ne sais pas, par rapport à ce qu’il a réussi à taxer ?
Alexandre : C’était 19 millions sur des subventions qu’il a perçues.
Yann : Donc le mec, peut-être qu’il calcule, il se dit qu’il va se taper trois ans de prison, quand il va ressortir, il lui reste quelques millions, tu vois, c’est des escrocs qui pensent loin, ça.
Sandra : Oui, sans doute, c’est vrai. Après, la prison, je pense que ça transforme une personne, quoi. Est-ce qu’il a bien calculé son coup ? Je ne sais pas !
Alexandre : Après, est-ce que quand tu reçois des subventions et que tu…
Yann : Je pense que tu dois les rembourser !
Alexandre : Donc ça doit être 7 millions en plus, je pense.
Sandra : Après, est-ce que la peine est trop lourde ou pas, je ne sais pas. Moi je n’arrive pas à me décider. En tout cas, il a été puni. Dernière info, Alexandre ?
Alexandre : La contraception de demain ! Je vous parle de l’anneau vaginal, bien sûr. Metronews en parlait en juillet dernier comme d’une révolution, mais alors, qu’est-ce que c’est ? C’est un nouveau moyen de contraception, encore en phase de test, qui pourrait voir le jour d’ici à trois ans, et qui protègerait à la fois contre les grossesses, mais aussi et surtout contre les maladies sexuellement transmissibles. Les recherches sont financées par l’association de Bill Gates, la même qui finance le préservatif diffuseur de viagra, vous vous en souvenez ? Et selon Metronews les enjeux sont de taille quand on sait, je cite, que “2,5 millions de personnes contractent chaque année le VIH, et moins de 5% des hommes utilisent le préservatif”. Mais alors, cet anneau, comment il fonctionne ? Une fois qu’il est installé, il diffuse 10 milligrammes de ténofovir par jour, du lévonorgestrel (composant de la pilule du lendemain), et 10 microgrammes de contraceptif hormonal, et ce pendant 90 jours. Cinquante volontaires sont en train de tester le produits aux États-Unis et en République Dominicaine. L’article de Metronews mentionne un autre anneau, le Dapivirine Ring, qui devrait, lui, voir le jour d’ici à 2018. Je cite : “Développé par l’International Partnership for Microbicides (IPM), cet anneau vaginal est déjà expérimenté par 5000 femmes volontaires dans plusieurs pays africains (Malawi, Afrique du Sud, Ouganda et Zimbabwe). Contrairement à l’autre anneau, il ne s’agit pas d’un moyen contraceptif. Mais celui-ci, qui se place au fond du vagin contre le col de l’utérus pendant un mois, offrira une protection supplémentaire aux femmes contre la contamination au VIH ou à toute autre infection sexuellement transmissible. Pour cela, l’objet libère un antirétroviral, le dapivirine, qui protège la porteuse lors de ses rapports sexuels contre toute contamination au VIH et aux autres IST, telles que l’herpès génital. Les premiers résultats de l’expérimentation menée en Afrique devraient être connus fin 2016, pour une commercialisation de l’anneau courant 2018”. On a encore le temps d’en parler, mais après le TRUVADA, le spray au latex ou la pilule masculine, on n’arrête pas le progrès en termes de moyens contraceptifs. Pour ce qui est de se protéger des MST à 100%, en dehors des préservatifs, on attend encore.
Yann : Et encore ! Le préservatif féminin, plus que le préservatif masculin, pour les IST. Parce qu’aux Solidays, une dame m’a expliqué qu’effectivement, comme ça protège beaucoup plus le sexe, les lèvres et tout ça, il y a un contact moins fort et donc une protection un peu plus accrue avec le préservatif féminin. Mais c’est une super nouvelle, si ça voit le jour, non ? Vous en pensez quoi ?
Carolina : Faut voir la commercialisation aussi, les prix, l’accès à tout ça, mais c’est vrai que c’est une super bonne nouvelle.
Yann : Tu imagines ? Non seulement VIH, mais en plus IST quoi. J’ai presque du mal à y croire tellement c’est beau.
Sandra : Oui, c’est clair.
Yann : Est-ce qu’on peut se mettre l’anneau dans l’anus ? Ce n’est pas une question idiote hein.
Carolina : C’est une bonne question.
Alexandre : C’est un anneau vaginal.
Sandra : Vaginal on a dit, et oui. Ce n’est pas pareil.
Alexandre : Donc je ne vois pas comment… Enfin, je ne veux pas savoir comment, mais bon !
Yann : Mais c’est une belle avancée, c’est sûr !
Alexandre : C’est une avancée, après la question, c’est par rapport à l’injection en fait, c’est un peu comme le système du TRUVADA, le fait d’injecter des ARV à une personne saine.
Yann : Oui, ça n’est pas rien, c’est sûr.
Alexandre : Après ça reste une évolution et une piste à creuser, mais le fait d’injecter des ARV à une personne saine…
Yann : L’enquête ne dit pas non plus pourquoi République Dominicaine et États-Unis ? On ne sait pas ça.
Alexandre : En fait, les recherches ont été faites aux États-Unis. Pourquoi en République Dominicaine ? Metronews ne détaille pas pourquoi ces pays exactement.
Transcription : Alexandre Bordes
Vous avez une question par rapport à cet article ?
Elle a peut-être déjà été traitée dans notre section FAQ
Vous ne trouvez pas votre réponse ou vous avez une remarque particulière ?
Posez-nous votre question ici :