Politique de Confidentialité
continuer sans accepter X
Notre site utilise des cookies pour améliorer votre expérience de navigation.
En continuant à utiliser notre site, vous acceptez notre utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité.
TOUT ACCEPTER
PLUS DE DETAILS
TOUT REFUSER
Nos Projets
Podcasts
08.10.2015

Le VIH vu du Web : une faille dans le VIH / 180 secondes pour expliquer le VIH / Bienvenue à l’île Maurice… ou pas !

Eh oui, Alexandre ne récite pas par coeur sa chronique !

Sandra : De retour à l’émission de radio Vivre avec le VIH, et on redémarre tout de suite avec la rubrique le VIH vu du Web, avec Alexandre Bordes. Prêt, Alexandre ? Je vois que tu mets ton casque, c’est bon ?

Alexandre : Prêt, toujours !

Sandra : Tu as tes feuilles en mains ? Allez, c’est parti !

Alexandre : La semaine passée, Bill Gates donnait 6 millions de dollars a un institut qui travaille sur une nouvelle procédure qui, selon le site Internet Têtu, pourrait apprendre au système immunitaire à se battre contre le VIH en créant des gênes aux cellules des muscles. La thérapie génique, serait-ce cela, la piste vers le vaccin anti-VIH ? Peut-être. Dans le même temps, les universités de Genève et Trento ont, elles, fait une découverte : une faille dans le VIH. Alors, plus précisément, il s’agit d’une faille dans le processus infectieux du VIH. D’après le magazine suisse en ligne Le Matin, l’essentiel de la découverte tourne autour de la protéine antirétrovirale SERINC5. Je cite : “Cette protéine a comme faculté d’entraver l’infection par le VIH. Le virus ne parvient plus avec efficacité à s’attaquer à des cellules. Le SERINC5 agit comme un signal d’alarme et prévient la cellule de l’arrivée du pathogène. Le virus n’est alors plus capable de pénétrer la cellule, explique mercredi l’Université de Genève. Pour contrecarrer le SERINC5, le virus VIH dispose d’une autre protéine, appelée Nef, qui renforce le pouvoir néfaste des particules virales. Nef, en inhibant SERINC5, est donc un élément vital pour le VIH et son développement infectieux. Toutefois, si SERINC5 est présent en grande quantité, Nef n’arrive plus à prendre le dessus”. La différence majeure du SERINC5 avec les autres antirétroviraux, c’est que la protéine s’exprime déjà dans toutes les cellules du système immunitaire du corps humain. Maintenant, nous n’en sommes qu’à la phase découverte, phase précédant une phase recherche probablement longue, portée sur cette faille du VIH : Faut-il renforcer dans le corps la présence du SERINC5, ou modifier la protéine pour lui permettre de mieux résister à l’inhibition de Nef ?

Sandra : Merci Alexandre pour cette première information, scientifique, y a-t-il des réactions sur ce que vous venez d’apprendre ?

Yann : Trop scientifique, je réfléchis ! (rires)

Eva Hakapoka : Quand ils auront terminé tout le truc, à la fin ils vont nous dire, en fait, voilà, c’est bon, vous allez guérir, et puis là, nous, ça va. Mais en attendant… (rires)

Yann : C’est du chinois !

Sandra : En tout cas on voit que ça bosse !

Eva Hakapoka : On l’espère ! (rires)

Alexandre : Je reviendrai dans quelques mois, peut-être, je dirai si ça marche ou si ça ne marche pas ! Comme ça, au moins…

Sandra : En tout cas la thérapie génique, ce n’est pas la première fois qu’on en parle. Je ne sais pas si tu t’en souviens, Yann, mais on avait invité lors de la cinquième rencontre des parents et futurs parents concernés par le VIH, le fameux médecin…

Yann : Patient anglais ?

Sandra : Non, pas le patient, on n’a pas eu le patient, mais on a eu le fameux médecin qui s’appelle Gero Hütter, qui a soigné le patient, Timothy Brown, qui l’a guéri de sa leucémie, et du VIH grâce à la thérapie génique. Voilà, donc c’est vraiment un miracle de la médecine…

Yann : Mais ça polémique aussi beaucoup autour de cette guérison.

Sandra : C’est-à-dire polémique ?

Yann : Beaucoup de médecins pensent qu’il y a encore des traces du VIH ne serait-ce que dans des parties du corps qui sont vraiment très cachées.

Sandra : Dans les réservoirs ?

Yann : Absolument.

Sandra : En tout cas il ne prend plus de traitement.

Yann : C’est formidable, c’est une très belle avancée.

Cédric : Je crois que c’est pour cela que l’on parle de rémission plutôt que de guérison, en fait.

Yann : Je suis d’accord avec toi.

Sandra : Alors, deuxième info, Alexandre !

Alexandre : Le VIH est un virus qui s’adapte, un virus intelligent, sacrément filou, dirais-je même, et ce n’est pas Grégory Pacini qui me dira le contraire. Alors là, c’est censé être le moment où les invités et les chroniqueurs, l’animatrice me demandent d’une même voix…

Cédric : Mais c’est qui, ce Pacini ?

Alexandre : Ah, merci ! Voilà, alors, “Transition stéréotypée”, ça c’est fait…
Donc, je disais, Grégory Pacini était l’un des grands finalistes du concours “Ma thèse en 180 secondes”. Il s’agit là de présenter avec l’aide d’une unique diapositive sa thèse en trois minutes chrono, et en français. La finale de ce concours rassemblait 16 “thésards” de huit pays différents, et avait lieu dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne à Paris jeudi dernier. Alors, tous les types de sujets étaient abordés, allant du comportement des électrons aux crimes raciaux en France. Pourquoi je vous en parle, parce que Grégory Pacini avait déjà fait parler son talent d’orateur, il était l’invité de Jean-Luc Romero lors de la soirée d’Elus Locaux Contre le Sida, il y a quelques mois. Jeudi dernier, c’est à l’aide d’une prose redoutablement efficace, et ça, c’est le journal en ligne du CNRS qui le dit, excusez du peu, que Grégory a représenté son sujet : Le rôle d’EHD4, aussi appelée Thèse-rine, dans la régulation du VIH. Je n’en dis pas plus, voici sa thèse en 180 secondes, que vous pouvez voir sur le site mt180.fr.

Début de l’enregistrement.

Grégory Pacini : Pour vaincre ton ennemi, apprends à le connaître, nous dit-on. Moi, celui que je cherche à vaincre, vous le connaissez tous, c’est le virus du SIDA. VIH, pour Virus de l’Immunodéficience Humaine. Alors, dit comme ça, ce nom, ça sonne un petit peu barbare, je vous l’accorde, mais ça veut tout simplement dire que le virus détruit les cellules du système immunitaire. Vous savez, le système immunitaire, c’est cette milice dans votre corps, qui va repousser les invasions de bactéries, virus, champignons, et autres parasites qui pourraient vous mettre KO. Le VIH tuant les soldats qui sont au front, plus personne pour défendre l’organisme et les patients atteints de SIDA qui ne sont pas traités, meurent en général d’infections dites opportunistes. Car elles profitent des dommages infligés par le VIH au système immunitaire pour elles-mêmes se développer. Mais la nature est bien faite. Et notre corps dispose de plusieurs systèmes de défense face à l’infection au VIH. Parmi eux, et par un heureux hasard, je m’intéresse dans le cadre de ma thèse à la Thèse-rine. La Thèse-rine, c’est une protéine qui va bloquer d’une manière extrêmement spécifique une des étapes de l’infection par le VIH. Alors, permettez-moi dans un premier temps de vous détailler ces étapes de l’infection pour mieux cerner, ensuite, le rôle de la Thèse-rine. Pour les besoins de cet exposé, on va considérer, si vous le voulez bien, que le système immunitaire, c’est une cité universitaire, et que les cellules immunitaires, ce sont tout autant de studios qui composent la cité. Le VIH, lui, ni plus ni moins qu’un squatteur. Ce virus est un petit malin. D’une, il a en sa possession un pass, qui lui permet de rentrer dans pas mal de studios. Et de deux, une fois rentré dans une cellule, ou dans un studio, si vous voulez, le virus, il est bien. Il se met à l’aise, il pique dans le frigo, et finit par trouver une photocopieuse magique qui lui permet de se cloner. Alors, pas plus bête qu’un autre, il l’utilise, produit plein de copies de lui-même, et là, vous vous en doutez, c’est l’attaque des clones. Après avoir saccagé le studio, les clones ressortent pour aller squatter ailleurs. Et comme ça, de proche en proche, en quelques années, la cité s’effondre, et il ne reste que des ruines de votre système immunitaire. La Thèse-rine, c’est une protéine qui est à la surface des cellules, devant la porte de chacun des studios, si vous préférez. Et son rôle, c’est celui d’un videur de boîte de nuit, mais qui aurait tout compris à l’envers : c’est-à-dire qu’il laisse rentrer les virus dans la cellule, sans problème. Par contre, quand ceux-ci veulent ressortir, CLAC. Il les attrape par la main, leur dit “Toi, tu bouges plus”, ce qui coupe court à la propagation de l’infection. Alors là, vous pourriez me dire, “Pacini, c’est bien joli ce que tu nous racontes, mais si c’était vrai, l’infection ne pourrait pas se propager, et on ne parlerait pas de SIDA”. Certes. Cela dit, le virus ne se laisse pas faire : n’oubliez pas, c’est un petit malin, doublé d’un vicieux stratège. En effet, pour arriver à se propager malgré la Thèse-rine, le virus fait en sorte, tenez-vous bien, que la cellule détruise elle-même ce vigile, qui monte la garde à sa porte. C’est machiavélique ! Le but de ma thèse est donc d’essayer de comprendre comment le VIH arrive à se débarrasser de ce vigile, la Thèse-rine. Car c’est en comprenant comment le virus fonctionne qu’on arrivera à terme, à l’éradiquer. Et puis, en attendant, ça fait quasiment trente ans qu’on parle du SIDA, et qu’il est toujours là, donc je ne saurais que trop vous conseiller de faire comme les deux charmants personnages qui se tiennent derrière moi, et protégez-vous, quitte à me mettre au chômage !

Fin de l’enregistrement.

Sandra : Grégory Pacini, qui nous a un peu rappelé les bases de l’infection au VIH. Décidément, c’est scientifique aujourd’hui ta chronique, Alexandre !

Alexandre : C’est assez scientifique, oui, mais dans la dernière information je vais partir, ça va être plus géographique qu’autre chose.

Yann : Je vois que les métaphores permettent souvent d’éclairer énormément. Et je le remercie pour ça, c’est vraiment un discours que tout le monde peut comprendre.

Sandra : C’est ça, c’est très accessible. Alexandre, tu es en train d’essayer de l’inviter à l’émission, c’est ça ?

Alexandre : C’est exactement ça. J’essaie, je cherche les mails…

Sandra : Donc Grégory Pacini, si tu nous entends, on t’attend à l’émission pour discuter de ta thèse, ici. D’autres réactions sur ce sujet, ou on passe à la dernière info d’Alexandre ? Et bien c’est parti, fais-nous voyager, Alex !

Alexandre : Et on voyage à l’île Maurice ! Un sujet cher à notre ami Bruno, le président du Comité des familles. On en avait parlé il y a un peu moins de 6 mois avec l’expulsion de cette jeune étudiante étrangère de l’île Maurice suite à la découverte de sa séropositivité, cette fois-ci c’est le blog Seronet qui revient sur le sujet. Dans une interview, Nathalie Rose, une membre de l’association PILS, une ONG de lutte contre le SIDA à l’île Maurice, présente la situation de la lutte contre le VIH dans l’Île, une situation dite contrastée. Cette interview aborde trois axes majeurs : l’évolution de la situation du VIH, celle de l’hépatite C également, et puis l’évolution de la politique de prévention ces quinze dernières années.

La situation était catastrophique en 2000, l’épidémie de VIH/SIDA était généralisée, et ce sont les usagers de drogue qui, sur l’île Maurice, sont les plus touchés, 92% des nouvelles contaminations en 2005 étaient dues à des échanges de seringues. Dix ans après, grâce aux programmes de prévention, on passe à 31% de nouvelles infections dues aux seringues. Le combat des années à venir concerne l’hépatite C, le taux de prévalence chez les consommateurs de produits par injection est de 96%, et il n’y a aucune prise en charge médicale.

Alors à l’île Maurice, autre problème, celui des lois préexistantes. En effet, des politiques ont été mises en place pour fournir des seringues propres aux personnes qui en ont besoin. Souci, peut être poursuivie par la justice toute personne portant une seringue ou tout équipement permettant de se droguer sur elle. C’est exactement la même chose avec les préservatifs, ils peuvent être considérés comme preuve de prostitution s’ils sont retrouvés dans un sac. Il y a des contradictions entre la politique de prévention et de réduction des risques et la loi en vigueur.
Une politique de prévention qui est, en plus, mise en danger par le dernier changement de gouvernement qui a eu lieu fin 2014. Pour en savoir plus, je vous invite très fortement à lire l’article “Le gouvernement ne comprend pas la logique de réduction du risque” sur le blog Seronet.

Sandra : Merci Alexandre ! Waouh, on peut être mis en prison tout ça parce qu’on a des capotes sur soi, non mais c’est grave !

Yann : Cela nous enlève un petit peu la belle image sable fin cocotiers, Île Maurice, allez, on va se marier à l’île Maurice.

Eva Hakapoka : On va se faire enfermer, si on se fait attraper avec des capotes. Si on va se marier à l’île Maurice. On n’ira pas, non !

Yann : Oui, c’est moyenâgeux, quoi !

Sandra : Désolée, Bruno, si tu nous écoutes, mais l’île Maurice, pour l’instant, je refuse d’y aller, non non non ! D’autres réactions sur le sujet ? Vous étiez au courant qu’à l’île Maurice, c’était un pays assez…

Eva Hakapoka : Ah, non.

Sandra : Bah voilà, on en apprend tous les jours hein !

Yann : Moi j’étais au courant, absolument.

Sandra : Oui, parce qu’on en avait déjà parlé, Yann, forcément, évidemment ! (rires)

Transcription : Alexandre Bordes

Vous avez une question par rapport à cet article ?
Elle a peut-être déjà été traitée dans notre section FAQ

Vous ne trouvez pas votre réponse ou vous avez une remarque particulière ?
Posez-nous votre question ici :