Alexandre : Vous le savez, nous en avons déjà parlé plusieurs fois maintenant, le Truvada à usage préventif est sorti du cadre de l’essai Ipergay, on peut l’utiliser comme médicament préventif de l’infection à VIH, pour éviter de se faire contaminer lors de relations sexuelles non-protégées, à condition que l’on fasse partie des populations dites à risques. L’officialisation du Truvada comme moyen de prévention soulève elle aussi la question de la pénalisation de l’infection à VIH, comme vous le savez sans doute, en France, transmettre le VIH à un partenaire peut tomber sous le coup de la loi.
Cette question a été donc soulevée par Charles Haroche, avocat à la cour d’appel de Paris. Sur le site Internet du Journal International de Médecine, il a publié un article intitulé [“L’amour au temps du Truvada ou quel avenir pour la pénalisation de la transmission du VIH”->
http://www.jim.fr/medecin/e-docs/lamour_au_temps_du_truvada_ou_quel_avenir_pour_la_penalisation_de_la_transmission_du_sida__156384/document_jim_plus.phtml]. Cet article est intéressant, et je vous invite à le consulter, je mets le lien de l’article sur le compte @VIHRadio dès maintenant, cet article est intéressant donc, car il liste par pays les manières dont ont évolué les peines et les lois existantes sur la transmission du VIH.
On va commencer par ce qui nous est le plus proche, cocorico, je vous ai compris et tout le bagage de culture ou de clichés à base de baguettes et de croissants, la France.
En France, il n’y a pas de texte écrit qui cite spécifiquement le VIH, le texte retenu dans le cadre de la pénalisation de la transmission est celui de l’Administration de Substance Nuisible. Je cite, depuis un « grand » arrêt en date du 10 janvier 2006, la Cour de Cassation considère que le fait d’avoir contaminé un partenaire en « dissimulant volontairement son état de santé » constitue le délit d’administration de substance nuisible ayant entrainé une infirmité permanente (infraction punie par dix ans d’emprisonnement et 10 000 euros d’amende).
Attention cependant, le fait de prévenir la personne séronégative au préalable avant une relation non-protégée n’absout pas la personne en cas de contamination. Il faut savoir, de plus, qu’en France il n’y a pas de délit de tentative d’administration de substance nuisible. Sauf si on utilise le VIH comme une arme à diffuser le plus possible, et dans ce cas là, la tentative simple est incriminable. Sinon, s’il n’y a pas contamination, il n’y a pas poursuite.
À l’inverse de l’Iowa par exemple, qui incriminait jusqu’à 2014 le fait de ne pas révéler son statut sérologique, indépendamment de toute contamination. Et on encourait 25 ans de prison, en plus d’être inscrit sur le registre des délinquants sexuels. Depuis 2014, les peines les plus graves ne concernent que les cas de transmission volontaire ayant abouti à contamination.
Les évolutions sont intéressantes, dans le Minnesota, si l’on a prévenu son ou sa partenaire, on ne peut pas être poursuivi. Seul problème, comment peut-on prouver que l’on a bien prévenu la personne de sa sérologie ?
Au Canada, depuis 2012, on est tenu d’annoncer sa séropositivité si seulement il y a possibilité réaliste de transmission, ce qui exclut les relations protégées, et les relations avec un partenaire ayant une charge virale faible, donc indétectable.
Charles Haroche le précise, la législation sur la transmission criminelle du VIH/SIDA a évolué moins vite que les traitements.
Sandra : Mohamed, étais-tu au courant de ces lois qui existent ? La loi sur la pénalisation en France et puis dans les autres pays.
Mohamed : Non, je ne savais pas dans l’Iowa qu’il fallait signaler à ton partenaire que tu es séropositif. Surtout il y a une question un peu… assez délicate qui m’a troublé. Comment dire à son partenaire qu’on est séropositif si c’est que par voie orale ? D’avoir affirmé qu’on est VIH.
Sandra : Ah, comment prouver ?
Mohamed : Ouais c’est ça qui m’a un peu fait tiquer. Sinon le reste, je ne connaissais pas ces lois par rapport à l’Iowa. Aux Etats-Unis, je sais qu’ils ont des lois assez délicates, mais qu’il fallait que le partenaire soit informé… c’est délicat de traiter sur des sujets comme ça, surtout devant la justice.
Sandra : Pour toi, est-ce qu’une personne séropositive doit à tout prix dire, lorsqu’elle fait une rencontre, qu’elle est séropositive ?
Mohamed : Je pense oui mais si elle a des difficultés à devoir lui en parler, qu’elle prenne tout le nécessaire pour qu’elle se protège. Comme ça, tu n’as pas besoin d’en parler. Tu dis si je me protège, c’est pour mon bien, c’est tout. Ce n’est pas spécialement de le dire pour le dire. C’est de faire en sorte que tous les deux passent un bon moment, sans prendre de risque.
Alexandre : Et d’ailleurs, si Yann était là, il dirait que ça peut servir de parfait filtre à con le fait de le dire directement. C’est-à-dire que si jamais la personne a un rejet automatique, c’est que ce n’était pas la bonne personne.
Mohamed : Il y en a, ils apprennent ça, ils disent bah non pas de rapport. Le préservatif, pourquoi ? Ils ne sont pas encore prêt mentalement.
Sandra : Valérie, je ne sais pas si vous avez un avis sur cette information qu’a donnée Alexandre ? Etiez-vous un peu au courant de la pénalisation de la transmission sexuelle du VIH ?
Valérie : Oui. Je suis un peu d’accord avec tout le monde. Je trouve que ça rejoint aussi le fait qu’on puisse faire le test chez soi à la pharmacie, c’est un peu compliqué parce que, moi j’ai un peu peur qu’on se sente un peu fliqué et qu’il y ait un truc qui stigmatise un peu tout le monde quoi. J’en avais parlé notamment avec les soeurs de la perpétuelle indulgence…
Sandra : C’est une association.
Valérie : Oui, qui est une association qui lutte contre le VIH. Elles expliquent qu’on peut par exemple vérifier tout de suite si tu l’as ou pas, et en fait, ça devient presque du flicage quoi. Tu peux aller à la pharmacie, tu le fais et tu dois prouver quelque chose. C’est complexe quoi. Je suis d’accord un peu avec tout le monde mais faut faire attention à ce que ça ne déborde pas trop et qu’on ne soit pas juste identifier à ça en fait.
Mohamed : Je voulais savoir, sur les tests pratiqués à domicile, après ils sont rendus à l’hôpital pour avoir les résultats ?
Sandra : Non, l’autotest de donner un premier avis sur ton état. Ce n’est pas fiable à 100%. Mais pour confirmer ton test, il faut quand même que tu ailles le refaire, pour confirmer. Ca peut donner une idée mais c’est conseiller fortement de le reconfirmer si c’est positif, et même si c’est négatif en fait.
Mohamed : Ah ouais, c’est comme ça que ça marche. C’est déjà mieux si on peut le faire à domicile.
Sandra : Oui, mais il faudrait que ce soit moins cher parce que le test est à 28 euros.
Valérie : Et ça dépend des pharmacies non ? Je crois qu’il y a une évolution des prix…
Sandra : Je ne sais pas. On n’est pas retourné encore dans les pharmacies pour savoir à quel prix c’était, si maintenant toutes les pharmacies en ont. Alexandre avait été au début dans les pharmacies pour savoir comment ça se passait et puis les pharmacies n’avaient pas encore…
Alexandre : Elles n’avaient pas encore reçu la formation nécessaire pour la dispension des autotests.
Sandra : Voilà, en plus. Donc à voir d’ici quelques semaines, quelques mois, on verra. On ira peut-être refaire un tour. Alexandre ira, voilà (rires). As-tu une deuxième information Alexandre ?
Alexandre : Comment vit-on, avec un traitement VIH ? C’est la question à laquelle voulu répondre le SIS Observatoire en 2014. Le blog Seronet a remis cette étude en ligne, je vous invite à aller la lire, quels sont ses intérêts, quels sont les éléments qui la composent ?
Sur 367 questionnaires utilisés, dont 85% d’hommes, 40% de franciliens et 10% de personnes vivant en PACA, il apparaît plusieurs éléments intéressants, notamment le fait que les personnes mises sous traitement après 2000 sont moins nombreuses à avoir une perception négative de leur mise sous traitement. Chez les personnes sous traitement depuis 2 ans ou moins, plus de 6 personnes sur 10 étaient très rassurés d’avoir leur traitement, mais 8 personnes sur 10 déclarent être préoccupés par des effets secondaires.
Plus la mise sous-traitement est ancienne, plus le schéma de posologie actuel est complexe, 74% des répondants ayant déjà changé de traitement au moins une fois et 34% au moins 4 fois. 67% des personnes vont vers un allègement thérapeutique avec moins de prises, et une majorité d’entre elles disent le vivre mieux.
Plusieurs points sont évoqués dans cette étude, la régularité de la prise du traitement, les oublis, trois répondants sur dix qui oublient leur traitement au moins une fois par mois, un sur dix au moins une fois par semaine, deux sur dix qui ont déjà arrêté temporairement leur traitement, et en général qui ne le disent pas à leur médecin après cela.
L’étude étant très longue, je vous invite à aller y jeter un coup d’oeil, un bon compte-rendu en est fait sur le blog Seronet, ça s’intitule “VIH, Vivre avec un traitement, SIS Observatoire a enquêté”.
Sandra : En parlant d’allègement thérapeutique, je vais juste vous lire le message de Pascal, qui avait laissé un message sur notre page Facebook. La semaine dernière, on avait parlé du protocole ICCARRE. Je rappelle rapidement, Jacques Leibowitch qui a proposé ce protocole, qui est de prendre son traitement non plus 7 jours sur 7 mais 4 jours sur 7. Attention, je ne vous dis pas de faire ça tout seul dans votre coin. Il faut d’abord en parler à son infectiologue. Si vous voulez plus d’information, je vous invite à réécouter l’émission de la semaine dernière. Et donc voici le message de Pascal :
même sans parler de protocole Icarre…beaucoup de médecins proposent déjà ça, moi je suis à 4 jours depuis 1 an..et tout va bien. ma médecin assure depuis 30a dans le VIH et très réputée …elle est super! et réputée:) En revanche, c’est au cas par cas…et selon le vécu des personnes, leur rythme de vie, leur traitement (avec une molécule qui agit sur plusieurs jours lors de l’arrêt dans la semaine) mais il faut qu’on arrête de parler de protocole..pour ceux qui ne sont pas dans les protocoles, nombreux, et qui sont déjà dans l’allègement thérapeutique;)
Voilà, c’était le message de Pascal. Mohamed, toi, vivre avec le VIH qui suppose donc de prendre un traitement, comment tu vis ta prise de traitement ? Est-ce que tu te retrouves dans ce qu’a dit Alexandre ?
Mohamed : Oui un peu mais moi comme ça fait longtemps que je me suis fait traiter, j’ai connu les anciens traitements qui étaient assez lourds. Là, je suis à une trithérapie qui demande 3 prises de 3 fois par jour. Une prise 3 fois par jour. Je suis content de l’amélioration parce que maintenant ils ont réussi à faire un combiné d’une trithérapie dans une seule molécule. Donc moi, je crois qu’il y a des avancées mais je pense qu’ils ne peuvent pas les donner à tous ou de faire ça un marché public, alors que chacun à son propre métabolisme et ses propres immunités. Donc je pense que les médecins sauront trancher et donner à qui le sentira le mieux, une thérapie moins lourde. C’est ça surtout.
Sandra : Tu aimerais avoir un autre traitement ?
Mohamed : Bah pour tout le monde. Pour tous les gens malades et qui ont une trithérapie. S’ils pouvaient passer à un comprimé une fois par jour, ce serait bien sur 80% on va dire. Parce qu’il n’y a pas de risque zéro. Il y a toujours un minimum, on ne sait pas, de laisser pour compte. Ce serait bien que la moyenne générale puisse avoir accès à ce traitement.
Sandra : N’hésitez pas à réagir sur le site comitedesfamilles.net.
Transcription : Sandra JEAN-PIERRE
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