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23.03.2016

Linda, maman séropositive : « La discrimination me fait peur, pour moi et mes enfants »

Linda : J’ai 25 ans, je suis séropositive depuis 2 ans. J’ai appris ma séropositivité pendant la grossesse de mon fils, à l’hôpital. Je suis partie, j’ai fait les bilans et deux jours après ils m’ont appelé pour dire les bilans ne sont pas corrects, de revenir et de faire un autre bilan. Je suis revenue, j’ai fait un deuxième bilan. Après les médecins m’ont appelée et m’ont annoncée que j’avais une maladie qui… je leur ai demandé quelle maladie, ils m’ont dit que j’étais séropositive. Depuis, tout est chamboulé. Même mes rêves, mon avenir, tout est brisé. Maintenant je ne fais que penser à la maladie, que ça.

Sandra : Quand tu as appris ta séropositivité, qu’est-ce que tu connaissais du VIH, du Sida ? Comment tu avais entendu parler ?

Linda : J’en ai entendu parler comme une maladie qui tue. Surtout en Afrique. Directement, j’ai pensé à la mort. Je ne pensais pas que j’allais pouvoir m’en sortir. Ni le bébé, ni moi. J’entendais le mot seulement comme ça, VIH mais je ne connaissais pas, je ne m’intéressais pas. Je ne m’intéressais pas à qu’est-ce que ça pouvait faire, qu’est-ce que ça fait… j’entends parler seulement comme ça. Nous tous, on en parle seulement comme ça. Mais je ne savais pas au fond les significations qu’on pouvait vivre avec ça longtemps non.

Oui, je me suis senti soutenue par le médecin mais je me suis senti seule. Par mon entourage, ma famille, je ne garde le fardeau pour moi. Parce que je ne peux pas en parler à quelqu’un. Dès que les gens trouvent que tu as le VIH, tu es abandonné quoi. Pour cette partie j’ai peur. Je rêve souvent que quelqu’un a découvert. Ca, ça m’effraie. C’est ma plus grande peur.

Sandra : Il y a déjà quelqu’un qui a découvert que tu as le VIH ?

Linda : Non.

Sandra : Alors pourquoi tu as peur de le dire ? Tu as déjà vu des personnes qui ont été rejetées ou c’est une idée que tu te fais ?

Linda : Non, mais en Afrique oui. En Afrique oui. J’ai vu beaucoup qui ont été rejetées par ça. Donc ça, ça me fait peur.

Sandra : Du coup, à qui tu as parlé de ta séropositivité ?

Linda : A personne de mon entourage sauf aux gens que j’ai connu qui ont le même problème que moi.

Sandra : Où as-tu connu ces personnes qui ont le même problème que toi ?

Linda : J’ai connu certaines à l’hôpital, certaines dans des associations qu’on m’a présentées. Quand j’ai appris (ma séropositivité ndlr) ils m’ont dit si je veux discuter, ils m’ont montré des associations où je peux partir, parler avec des gens qui ont plus d’expériences que moi, qui peuvent m’aider à surmonter ça. Maintenant, je le prends mieux par rapport à avant. Avant, j’étais beaucoup triste, je pleurais tout le temps. Pendant la grossesse, j’étais déprimée franchement. Mais maintenant, je parle avec certains gens qui ont 20, 25 ans avec la maladie. D’un côté ça me soulage un peu mais d’un autre côté, je n’arrête pas de penser. Je me dis, tôt ou tard cette maladie va me tuer. Que ce sera ma fin tôt ou tard. Même si ce n’est pas aujourd’hui, je me dis que ce sera demain.

On ne peut pas vivre et oublier ça non. On avance comme on peut. Parce qu’il n’y a aucun remède à cette maladie. Du coup, c’est un grand problème pour moi. Je pense tout le temps, je n’ai jamais entendu que quelqu’un guérit de cette maladie mais il vit avec. Donc ça, quand je parle avec les Grandes soeurs, ça me soulage. Quand je viens, je suis libérée. Cette semaine je me sens bien mais après quand je repense, le moral revient plus bas encore.

Sandra : On va revenir sur l’annonce. Tu étais enceinte. Donc là, j’imagine que tu as dû avoir peur pour ton bébé ?

Linda : Oui. Pas pour moi mais j’ai peur pour l’enfant. J’ai eu très peur pour lui pour ne pas qu’il a attrape la maladie à cause de moi. Donc, j’ai pris les traitements comme il faut pour garder sa santé.

Sandra : Comment s’est passé ta première prise de traitement ?

Linda : C’était difficile. J’ai vomi toute la journée. Ils ont dit que c’est normal. J’ai fait des diarrhées aussi. C’était difficile. Les semaines qui ont suivi, c’était très dur.

Sandra : Et aujourd’hui, ton bébé est en bonne santé.

Linda : J’ai deux enfants maintenant qui sont en très bonne santé. Et ça quand même, je remercie le bon Dieu pour ça.

Sandra : Et aujourd’hui maintenant, quand tu prends ton traitement, est-ce que c’est toujours difficile ou est-ce que ça va ?

Linda : Non, ça va. Dès que les premiers mois sont passés, je n’ai pas eu de problème. Ca va, je le prends correctement et sans difficulté.

Oui, je crois à la vie, je crois souvent. J’ai la foi et j’ai envie d’avancer avec cette maladie, j’ai envie de combattre cette maladie mais ça arrive souvent qu’il y a des bas et des hauts. Souvent j’ai envie d’avancer, je veux me projeter dans la vie et faire plein de choses. Même pas pour moi, mais je fais pour les enfants. Je crois, j’ai envie d’avancer, j’ai envie de faire tout ce que je veux. Mais je trouve qu’avec cette maladie, il y a toujours des obstacles donc… dans la vie quotidienne quoi.

Sandra : Quel genre d’obstacle as-tu rencontré dans ta vie maintenant que tu es séropositive ?

Linda : Bon, pour le moment je n’ai pas rencontré d’obstacle mais j’entends des gens parler et c’est ça, ça me fait peur.

Sandra : Et qu’est-ce qui te fait peur comme obstacle ? Qu’est-ce que tu as entendu où tu t’es dit, ça va être difficile ?

Linda : Peut-être la discrimination, c’est ça qui me fait peur. Pour moi et mes enfants.

Oui, je continue à vivre, je fais des sorties, j’ai des amis mais qui ne sont pas au courant de ma santé. Donc on vit, on fait ce qu’on a à faire et ça y est quoi, même mes parents et tout.

Sandra : Tes parents sont ici ?

Linda : Non, ils sont en Afrique mais ils ne sont pas au courant.

Je suis avec quelqu’un mais qui n’est pas au courant de ma santé. J’ai peur que… si je lui dis, il s’en va. Souvent j’essaye mais je ne trouve pas les mots pour en parler. Mais je veux bien, parce que je suis obligé de cacher mes médicaments pour ne pas qu’il voit, même avec les enfants, c’est difficile. Je ne trouve pas les mots pour m’exprimer avec lui.

Sandra : Il y a une information qui a beaucoup, ça a été une grande révolution pour la vie des personnes séropositives qui est quand on prend bien son traitement, et que la charge virale devient indétectable, et qu’on n’a pas d’autre MST, le risque de transmission est quasi nulle. Donc toi, est-ce que tu es au courant de cette information ? Et si oui, comment tu le vis ?

Linda : Oui, je suis au courant de ça. Je le vis d’une part bien parce que ça me soulage d’un côté, pour que mon compagnon ne soit pas contaminé.

Sandra : Est-ce que tu es contente de la vie que tu mènes en France ?

Linda : Je ne peux pas dire contente mais la vie en France est difficile. On se bat, on s’accroche et ça ira un jour. Pour le moment, le début, c’est très dur. Les difficultés, c’est dur. On s’accroche. Dans ce pays, si tu n’as pas de papier, ce n’est pas facile. Donc les débuts étaient difficiles mais avec le temps, ça va aller. Aujourd’hui, j’ai un titre de séjour.

Sandra : Est-ce que tu travailles ?

Linda : Non, pas encore parce que je n’ai pas de mode de garde pour le moment. Mais j’aimerai bien travailler quand même.

Sandra : Et tu aimerais travailler dans quoi ?

Linda : Ah ! Ce qui me plait bien, c’est la restauration.

Sandra : Ah oui ! Serveuse ou être à la cuisine ?

Linda : A la cuisine. J’aimerai faire une formation dans la restauration, j’aime bien. J’aime relever les défis, j’aime la compétition aussi.

Sandra : Je te souhaite de réussir.

Pour les femmes qui viennent d’apprendre leur séropositivité, qu’est-ce que tu aimerais leur dire ?

Linda : J’aimerai leur dire de s’accrocher, ce n’est pas la fin quoi. De se battre pour qu’on trouve une solution pour cette maladie, et d’essayer d’être fort et d’être courageuse car c’est très important. Si on n’est pas fort moralement, on peut perdre le contrôle quoi. Donc je sais que ce n’est pas facile mais d’être fort et courageux.

Fin de l’enregistrement.

Sandra : C’était Linda, au micro de l’émission de radio Vivre avec le VIH. Je te félicite Linda pour avoir pris la parole à l’émission de radio Vivre avec le VIH, merci pour ta sincérité et puis bon courage, j’espère que tu pourras réaliser ton rêve, celui de devenir cuisinière dans un bon restaurant. Courage pour ce qui est de l’annonce de ta séropositivité à ton partenaire. Tu peux compter sur les membres du Comité des familles pour avoir quelques conseils. N’hésitez pas à réagir sur le site comitedesfamilles.net. Je ne sais si Mohamed ou Alexandre vous avez un message pour Linda ?

Alexandre : Exactement la même chose, courage pour l’annonce. J’imagine que ça lui trotte dans la tête depuis pas mal de temps, que donc elle va finir par se lancer. Donc courage à elle et je lui souhaite, c’est bizarre de souhaiter bonne chance pour ça mais j’espère que tout se passera bien.

Mohamed : Moi aussi, je lui dirai de garder l’espoir et que rien n’est perdu. Il faut se battre, comme elle aime la compétition et que c’est une battante, elle n’a plus qu’à se mettre à l’oeuvre et se battre contre la maladie. Qu’elle garde l’espoir et qu’elle continue le combat.

Transcription : Sandra JEAN-PIERRE

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