Sandra : Alors Yann c’est toi qui m’a donné l’idée de faire une émission sur ce sujet-là, puisque toi l’ostéopathie ça te connaît bien !
Yann : Oui, pour cause j’avais des problèmes de cervicales, on a pensé que c’était dû à ma position au travail, vu que je travaille dans un bureau face à un ordinateur donc on a rectifié et rien n’a changé. Donc j’ai vu mon généraliste qui m’a gracieusement donné une ordonnance pour dix séances de kinésithérapie où j’ai été me faire consulter et malheureusement, pas de grand changement, avec une proposition de médicaments assez forts contre la douleur. Il faut savoir que c’est, une névralgie cervicale ?
Jérôme Sebban : Une névralgie cervico-brachiale.
Yann : Voilà. Et c’est franchement très douloureux, parce que ça peut vous prendre…
Jérôme : Ca descend dans le bras, vous avez des fourmillements jusque parfois dans le bout des doigts.
Yann : Exactement, c’était à peu près les symptômes que j’avais, donc c’est une fatigue récurrente, c’est un mal constant, et ça ne passait pas. Donc ma mère qui habite la Côte d’Azur, qui a un niveau de vie plus élevé que moi, me dit « Mais allons mon chéri, va donc chez l’ostéopathe ! », et de ce fait je vais chez l’ostéopathe qui m’apprend que c’est 60€ et que ce ne sera pas remboursé, en tous les cas pas avec la mutuelle que j’ai. Donc j’en fais un autre, je me renseigne, ça devient très difficile, jusqu’à tomber sur un médecin plus compréhensif, qui était kinésithérapeute et ostéopathe, et qui a accepté mon ordonnance de kinésithérapie en me donnant au milieu de ça un petit peu d’ostéopathie. C’est-à-dire qu’en 4 séances j’ai pu éviter d’en faire 10. Alors est-ce que ça n’est pas aussi une forme de manière de combler le trou de la sécurité sociale ?
Jérôme Sebban : L’augmenter surtout.
Yann : L’augmenter je ne sais pas parce que pour moi en tant que patient je n’ai fait que 4 séances au lieu de 10, qui ont pris le même temps. Alors peut-être pas avec les mêmes fonctions de médecin et les mêmes années d’étude, tout ça je peux le comprendre, mais le résultat est qu’en 4 séances mon mal avait disparu, et pour une durée d’au moins 6 mois. C’est vrai que ça revient régulièrement, on n’en connaît pas vraiment la cause.
Jérôme Sebban : Il n’a pas fait d’examen complémentaire ? IRM, Scanner…
Yann : Non, il m’a fait quand même, non pas une IRM, mais une radio, qui n’a rien décelé, voilà. Donc c’est vrai que l’ostéopathie, moi j’ai crié au bonheur, parce que quand on vous enlève une douleur, votre vie change, quoi.
Sandra : Est-ce que tu penses que c’est lié au VIH ou pas du tout, ces douleurs que tu as eu ?
Yann : Je ne pense franchement pas. Voilà, je pense que ça peut être dû même à une mauvaise position, même à un choc, qui peut venir de bien avant.
Jérôme Sebban : Oui complètement, je pense qu’il n’y a aucun lien avec le VIH. Il y a beaucoup de personnes qui sont non-séropositives et qui souffrent de ce type de problèmes hein.
Yann : Je dirais que le seul lien que je peux voir avec le VIH c’est que l’on vieillit prématurément. Voilà. Et surtout, quand on prend des médicaments depuis très longtemps, comme c’est mon cas, je pense que c’est reconnu de toute façon par rapport à l’ostéopathie, par rapport aux os, par rapport aux muscles, il y a quand même pas mal de choses qui vieillissent plus prématurément.
Sandra : Je pensais aux neuropathies. Souvent les personnes me parlent des neuropathies, ça aussi c’est des douleurs ?
Yann : Alors la neuropathie c’est quand même bien lié. Il y en a beaucoup moins maintenant dans les nouveaux traitements et les nouvelles molécules, mais pour les anciens séropositifs qui sont traités depuis très longtemps, on a des médicaments qui ne sont plus sur le marché, j’espère Bon Dieu qu’ils ne sont pas envoyés dans les pays les plus pauvres, comme le Zerit qui a été retiré, et qui a donné des neuropathies plantaires ou dans toutes les jambes, à beaucoup de personnes. Moi j’en ai souffert, alors ça s’estompe quand le médicament s’estompe un peu dans le corps, mais il y a toujours des traces et j’ai encore des crises par moments quoi.
Sandra : Jérôme Sebban, vous êtes venu pour nous parler de l’ostéopathie, puisque vous l’avez dit tout à l’heure, vous avec un cabinet à Suresnes, c’est ça ? Et vous êtes directeur d’une école.
Jérôme Sebban : Voilà, donc une école qui se situe à Saint-Denis, le Centre Européen d’Enseignement Supérieur d’Ostéopathie, école dans laquelle vous pouvez consulter également, ce qui permet, pour revenir sur votre point de vue de tout à l’heure, de consulter à des tarifs plus intéressants puisqu’il y a une clinique, dans laquelle les étudiants de quatrième et de cinquième année dispensent des consultations comme en cabinet de ville.
Yann : D’accord, c’est comme dans le domaine dentaire.
Jérôme Sebban : C’est le même principe, vous êtes encadré évidemment par les ostéopathes diplômés, et ça, ça fonctionne du lundi au samedi, de 9h30 à 19h30 pendant la semaine et jusqu’à 12h30 le samedi. Mais c’est très intéressant parce qu’effectivement, les personnes qui n’ont pas forcément les moyens de consulter sur une consultation de ville classique avec des tarifs allant généralement de 50 à 70 euros, là, peuvent venir consulter à l’école à des tarifs préférentiels.
Sandra : Alors je pense à nos auditeurs qui habitent en province, est-ce qu’il y a d’autres écoles en France ?
Jérôme Sebban : Bien sûr, tout à fait, par exemple à Nantes il y a une très bonne école, vous allez en région lyonnaise il y a une très bonne école aussi, dans le sud de la France aussi vous en avez, et toutes les écoles sont obligées d’avoir ce type de consultation. Ce qui paraît logique puisque les étudiants sortiraient d’études s’ils ne voient pas de patients, ça serait un petit peu scandaleux.
Sandra : Vous savez si en Afrique il y a des écoles d’ostéopathie ou pas ?
Jérôme Sebban : Je ne pense pas, non.
Sandra : Dîtes-nous chers auditeurs.
Yann : Moi j’avais une question aussi, qui me turlupine, il y a toujours cette peur de l’ostéo parce qu’il y a des personnes qui ont trouvé qu’elles ont été trop bousculées, trop violentées, il faut savoir que l’ostéopathie ça veut aussi dire, parfois, enfin je vais peut-être dire des bêtises, mais vous allez m’aider, remettre en place les vertèbres ?
Jérôme Sebban : On va dire que c’est un abus de langage.
Sandra : On va définir, qu’est-ce que c’est l’ostéopathie, au fait ?
Jérôme Sebban : Disons que l’ostéopathie travaille, c’est une thérapie manuelle centrée sur les pertes de mobilité du corps. Ces pertes de mobilité peuvent être aussi bien crâniennes, viscérales, au niveau de l’appareil ligamentaire, musculo-squelettique, c’est assez varié.
Yann : Digestif aussi, je crois.
Jérôme Sebban : Oui, viscéral, tout le système viscéral, digestif, c’est la même chose, mais effectivement, tout ça peut générer des douleurs. Et l’ostéopathe intervient sur ces pertes de mobilité, donc ce que l’on dit fonctionnel, uniquement. C’est un point important à soulever puisque tout ce qui est organique relève de la médecine traditionnelle, alors que tout ce qui est fonctionnel relève de l’ostéopathie. Et l’objectif étant de redonner une certaine mobilité à tous ces différents appareils, de manière à ce que le corps puisse retrouver une homéostasie. Voilà l’approche, l’idée, l’objectif de l’ostéopathie. Contrairement à la kinésithérapie qui est plus orientée vers de la rééducation post-opératoire, ou même post-traumatique.
Yann : Doit-on être kiné avant d’être ostéo ?
Jérôme Sebban : Du tout, du tout, l’ostéopathie se fait en post-bac, en cinq ans d’études, en plus il y a des décrets qui viennent de sortir et qui vont être applicables à la rentrée prochaine, qui, on l’espère, vont faire un grand tri dans les écoles d’ostéopathie puisqu’actuellement vous avez beaucoup d’établissements, à peu près une cinquantaine en France, et parmi ces cinquante établissements, rares sont ceux qui sont de qualité. Donc les décrets devraient aller dans ce sens, on l’espère, on devrait avoir des résultats d’ici juin-juillet, et ça devrait bouger un petit peu là-dedans. Donc l’ostéopathie se fait en cinq ans, avec un temps plein, donc vous êtes tous les jours à l’école, et vous voyez des patients dans l’école avec un minimum obligatoire de manière à pouvoir avoir un niveau de compétence élevé.
Yann : Au niveau des tarifs, il y a un dépassement libre des tarifs ? Comment ça se passe ?
Jérôme Sebban : C’est complètement libre. C’est complètement libre puisqu’il n’y a pas d’Ordre, déjà, pour les ostéopathes. Il y a quelques syndicats, mais ils sont quasiment tous représentatifs, et donc chacun peut s’installer une fois qu’il est diplômé et mettre son tarif comme il l’entend.
Yann : Mais ils dépendent quand même de l’Ordre des médecins ?
Jérôme Sebban : Du tout, du tout.
Yann : Pas du tout ?
Jérôme Sebban : Ah non non, pas du tout.
Yann : Donc ça veut dire que ça n’est pas reconnu totalement par la médecine ?
Jérôme Sebban : Si, c’est reconnu, sauf que ça n’est pas un diplôme de médecine, c’est un diplôme d’ostéopathie, il n’y a pas d’Ordre encore là-dessus. C’est une médecine jeune, en France, on va dire que ça fait 30 ans que ça bouge un petit peu, ça a bougé réellement à partir de 2002 lorsque la loi Kouchner a reconnu l’ostéopathie, il y a eu des décrets qui sont entrés en application en 2007 et 2009, il y a des nouveaux décrets qui vont rentrés en septembre 2015, donc ça bouge, c’est long, mais ça bouge. Les différents gouvernements se sont succédé et se sont renvoyé la balle. Mais là ça commence un petit peu à bouger donc on espère que ça continue dans ce sens.
Yann : Est-ce que les médecins essaient, comme les patients, de revendiquer le fait que c’est une médecine qui leur apporte beaucoup, et qui devrait être prise en charge ou tout au moins une partie par la sécurité sociale ? Est-ce qu’il y a un débat là-dessus ?
Jérôme Sebban : Je ne pense pas qu’il y ait de débat à ce niveau-là, la raison, je ne la connais pas, mais en tout cas ce qui est sûr, c’est que l’ostéopathie rentre de plus en plus dans les médecines, on va dire conventionnelles, c’est de plus en plus démocratisé dans les cabinets de ville, les généralistes renvoient de plus en plus leurs patients vers l’ostéopathie.
Yann : Ou l’acupuncture…
Jérôme Sebban : Ou l’acupuncture, voilà, toutes les médecines qui sont dites douces, contrairement aux médecines allopathiques où on entend de plus en plus des effets secondaires des médicaments, donc là-dessus ça bouge un petit peu. Maintenant pourquoi la sécu ne rembourse pas, et quand est-ce qu’elle remboursera, je ne suis pas sûr que ce soit demain la veille, vu le trou de la sécurité sociale. En revanche il y a pas mal d’études qui montrent que, par exemple la prise en charge d’une lombalgie, en médecine traditionnelle versus l’ostéopathie, est nettement moins coûteuse. Je vous laisse tirer les conclusions de cette remarque.
Yann : Comment juge-t-on un bon ostéo ?
Jérôme Sebban : Le bouche-à-oreille. Comment vous jugez un bon médecin généraliste ?
Yann : Et bien moi en y allant, déjà une fois.
Jérôme Sebban : Voilà. C’est très difficile.
Sandra : Il n’y a pas des signes ? Comment sait-on si ce n’est pas une arnaque ou pas ?
Jérôme Sebban : Quand vous sortez et que vous avez encore mal au bout de deux ou trois séances, il faut peut-être se poser les bonnes questions. Ou alors c’est que cela ne relève pas de l’ostéopathie. Il ne faut pas tout dénigrer non plus, mais c’est difficile de dire, ça n’est pas parce qu’un étudiant sort de telle ou telle école que l’on va pouvoir faire la différence. En revanche le bouche-à-oreille, ça c’est un gage de qualité dans le milieu médical, mais même dans tous les milieux hein, c’est ce qui fait quand même que si vous avez dix personnes qui vous disent que tel ostéopathe réussit bien, son cabinet est plein, c’est plutôt un gage de qualité. Si vous appelez un ostéopathe et que vous prenez un rendez-vous et qu’il vous dit « je peux vous prendre tout de suite », posez-vous des questions.
Yann : C’est vrai que le temps d’attente est assez important hein, ça peut aller de huit à dix jours.
Jérôme Sebban : Disons que c’est un critère. C’est un critère, vous allez dans un restaurant, vous arrivez, il est vide, et celui d’à côté est plein, bon et bien voilà.
Sandra : Oui, c’est vrai, mais parfois je me suis fait avoir sur les restaurants comme ça.
Jérôme Sebban : Effectivement, c’est comme pour les ostéopathes, vous pouvez vous faire avoir un petit peu partout, mais on va dire qu’il faut privilégier le bouche-à-oreille.
Sandra : La moyenne des tarifs c’est quoi, pour les ostéopathes ?
Jérôme Sebban : Entre 50 et 70€ en fonction de l’implantation.
Sandra : D’accord, si c’est plus ça veut dire qu’on y va pas.
Yann : Cela veut dire que si tu es à côté de l’Avenue des Champs-Élysées, et que là c’est peut-être 130€ quoi.
Jérôme Sebban : C’est variable parce que vous avez des quartiers qui sont plus ou moins chers déjà en terme de charges.
Yann : Avec les loyers.
Jérôme Sebban : Voilà, vous parliez des Champs-Élysées effectivement, je pense que le loyer sur les Champs-Élysées n’est pas le même qu’à Saint-Denis.
Yann : Ce n’est pas forcément les ostéopathes qui vont accepter la CMU.
Jérôme Sebban : Voilà, de toute façon qu’ils les acceptent ou pas ça ne changera rien en terme de prise en charge, donc ils pourront toujours les accepter. Là-dessus, il n’y aura pas de changement, mais disons que la moyenne des tarifs va de 50 à 70€. Vous en avez qui sont plus, d’autres qui sont un petit peu moins, mais c’est une moyenne.
Sandra : Une séance, ça dure combien de temps ?
Jérôme Sebban : Entre 30 et 45 minutes.
Alexandre : Quelle est le genre de douleur que vous êtes le plus amené à traiter en général ?
Jérôme Sebban : La plupart des douleurs sont tout ce qui concerne les lombalgies, donc les douleurs du bas du dos, cervicalgies, l’exemple de Yann de tout à l’heure, ou les douleurs de dos. On va dire que ça ça représente 80 à 85% des motifs de consultation. Et le reste vous avez des céphalées, donc tout ce qui est maux de tête, vous pouvez avoir de temps en temps des vertiges, des douleurs de membres, mais le plus gros des consultations concerne la colonne vertébrale.
Yann : Et la névralgie, c’est dû à une usure en général ?
Jérôme Sebban : Du tout, non, ça peut-être juste une irritation d’un nerf. Une névralgie c’est le nerf qui est douloureux. Ce dont vous parliez tout à l’heure, la névralgie cervico-brachiale peut être comparée à la sciatique au niveau du membre inférieur. C’est la même chose sauf que c’est un autre nerf.
Yann : D’où la pointe et la douleur forte.
Jérôme Sebban : Tout à fait, oui.
Alexandre : Et en moyenne, quels sont les âges que vous voyez passer ?
Jérôme Sebban : Alors c’est assez variable en fonction des cabinets, mais on va dire que vous pouvez venir consulter depuis la naissance jusqu’à 77 ans, pour ne pas reprendre une chanson, mais on va dire que c’est ça.
Sandra : Oui, mais quand on est enfant on n’a pas de…
Jérôme Sebban : Si, parce que juste après l’accouchement ça peut-être intéressant de travailler sur les os du crâne du bébé, de travailler sur les reflux, de travailler sur les coliques.
Sandra : Ce n’est pas trop violent ?
Jérôme Sebban : Non, du tout, les techniques sont adaptées, évidemment, aux nouveau-nés, mais encore une fois l’ostéopathie va pouvoir intervenir dès lors que ça reste quelque chose de fonctionnel. J’insiste là-dessus pour ne pas faire d’amalgame, et que derrière on puisse dire « l’ostéopathie intervient sur tout ». Du tout, le champ de compétence vraiment est au niveau fonctionnel.
Yann : J’ai presque envie de dire, on aurait envie quand on sort d’un bon ostéopathe, où l’on voit qu’on a été en échec après des traitements médicamenteux même, j’ai envie de dire, ça donne envie d’envoyer ses amis voir un ostéopathe.
Jérôme Sebban : Oui, tout à fait.
Yann : Je crois qu’on a tous à un moment un problème d’espace, moi je me rappelle que la première chose qu’il ait faite, c’est qu’il m’a allongé, il m’a tiré très légèrement les deux chevilles, comme ça, et il m’a dit je vous remets un petit peu en place. Alors pour nous ça nous paraît complètement dingue parce qu’il n’y a pas de violence.
Jérôme Sebban : Il y a tout un examen clinique et méticuleux où on étudie vraiment, on analyse la posture, on analyse les différentes zones du corps en partant du crâne, le rachis, les membres.
Yann : Oui parce qu’il y a un gros travail sur le ventre aussi.
Jérôme Sebban : Bien sûr ! Et en partie le ventre effectivement qui peut être responsable de pas mal de douleurs lombaires ou autres. Donc effectivement, il y a cette partie examen clinique qui est assez longue et qui permet derrière d’établir un plan de traitement en essayant de rechercher l’étiologie et la cause de votre problème, de votre motif de consultation. Et c’est en travaillant sur cette étiologie qu’on arrive, quand on arrive à trouver, bien évidemment, on arrive à soulager le patient.
Yann : Il faut aussi dire à nos amis auditeurs auditrices qu’on peut avoir un retour assez violent hein, d’une séance d’ostéopathie.
Jérôme Sebban : Oui, on peut avoir des effets secondaires, on dit souvent que c’est comme une séance de sport.
Yann : Cela peut être un relâchement, ou on peut se mettre à pleurer. Il y a des personnes qui se sentent très très fatiguées, il y en a d’autres à qui ça peut mettre une énergie.
Jérôme Sebban : Il y a même des patients qui ont plus mal le lendemain, qui sont assez surpris, puis au bout de 48h ça s’estompe. Donc ça arrive. Mais comme vous pouvez l’avoir avec des médicaments, vous pouvez avoir un effet secondaire avec certains médicaments, vous pouvez l’avoir avec certaines thérapies puisque l’objectif étant de redonner de la mobilité au corps, et bien le corps derrière va faire son travail. Cela veut dire qu’il va puiser un petit peu d’énergie et en tout cas ça risque de vous fatiguer, ça risque de vous générer quelques petites douleurs, ce n’est pas grave, ça s’estompe au bout de 24/48h.
Yann : Alors ça serait bien de le répéter auprès de tous les ostéopathes, de le dire à leurs patients parce que ce n’est pas le cas à chaque fois.
Sandra : On ne te l’avait pas dit, c’est ça ?
Yann : Non le premier ne me l’avait pas dit et c’est vrai que 3 heures après j’ai eu un coup de barre et j’étais au travail, j’ai eu un coup de barre et j’ai cru que j’allais m’endormir sur place.
Jérôme Sebban : Oui, oui, c’est très souvent.
Sandra : Alors tout à l’heure Yann disait qu’il a consulté finalement un kiné ostéo. Donc ça c’est possible ? Je veux dire, ça n’est pas surprenant de voir ça ?
Jérôme Sebban : Tout est possible. Ce sont des kinésithérapeutes qui font passer des actes d’ostéopathie, une partie en tout cas sur des prises en charges pour des actes de kinésithérapie. Ce qui permet d’être remboursé.
Yann : Oui, mais c’est-à-dire qu’il a fait une formation de médecin kinésithérapeute et qu’il s’est ensuite spécialisé dans l’ostéopathie je pense.
Jérôme Sebban : Il a fait une formation de kinésithérapeute à la base, en trois ans, et après il a fait des modules complémentaires de manière à pouvoir exercer l’ostéopathie. Mais ces modules complémentaires n’ont pas de nomenclature au niveau de la sécurité sociale, donc on va dire que c’est une petite magouille.
Yann : Ça va, je n’ai pas donné son nom.
Jérôme Sebban : Voilà, très bien, c’est parfait. Là-dessus, moi je ne peux pas cautionner ça, mais on va dire qu’effectivement, c’est courant.
Sandra : Et quelle est la différence entre kinésithérapeute et ostéopathe ?
Jérôme Sebban : Alors déjà vous avez le nombre d’années d’études, kinésithérapie c’est sur concours, c’est le même parcours de santé que la médecine, qui vous permet d’accéder à trois ans d’études, et derrière vous travaillez à l’hôpital ou en milieu libéral, peu importe, contrairement à l’ostéopathie qui, elle, se fait exclusivement en école privée, sur dossier, en fonction des écoles, enfin les écoles choisissent un petit peu leur méthode de recrutement. C’est cinq ans d’études, la grosse différence, pour moi, qui est essentielle c’est que vous allez voir un ostéopathe en première intention. Ça veut dire que vous avez, par exemple, une névralgie cervico-brachiale, en tout cas le patient ne le sait pas au début, mais il a mal dans le bras ou il a mal au cou, va consulter son ostéopathe parce qu’on lui a dit « tel ou untel, va le voir, il est bien », et donc vous y allez sans qu’il y ait de diagnostic posé au départ. Il peut très bien y avoir une pathologie derrière, donc l’ostéopathe doit être compétent là-dessus, il doit pouvoir par son anamnèse, donc les questions qu’il vous pose à l’interrogatoire, et puis son examen clinique, se dire « je peux prendre ce patient en charge » ou « je dois le réadresser vers un médecin généraliste pour faire des examens complémentaires. C’est des différences avec la kinésithérapie, généralement quand vous venez chez le kinésithérapeute vous venez avec une ordonnance comme vous l’avez dit tout à l’heure, et donc le kinésithérapeute va pouvoir exercer les actes qui ont été prescrits, sans avoir cette démarche diagnostic. Ça c’est un point essentiel là-dessus puisqu’il faut faire attention à ça, et c’est pour ça que la compétence d’un ostéopathe est importante, puisque si vous allez vers quelqu’un qui n’a pas cette capacité, on va dire, qui n’a pas reçu l’enseignement hein, ce n’est pas de sa faute, mais s’il n’a pas reçu l’enseignement, on va dire, de toutes les sémiologies médicales, il ne sera pas à même de pouvoir vous dire « je peux vous prendre en charge » ou « je ne peux pas vous prendre en charge ». Ou alors il vous dira « je prends tout en charge » et puis, au petit bonheur la chance derrière. Voilà la différence essentielle.
Sandra : Ce que je veux dire, un kinésithérapeute aussi, ça bouge le corps en fait. Donc qu’est-ce qu’il y a de différent ?
Jérôme Sebban : Le kinésithérapeute est plus orienté vers de la rééducation, que ce soit après une opération par exemple sur une ligamentoplastie du genou, ça peut être une entorse de cheville, ça peut être une rééducation des muscles du dos, c’est très varié, ça peut être de la kinésithérapie périnéale, donc pour ce qui concerne la rééducation du périnée après un accouchement, ça peut être de la kinésithérapie respiratoire, c’est bien différent. L’ostéopathie ne fait pas du tout ça et c’est bien de faire le distinguo. L’ostéopathie, c’est plus orienté vers tout ce qui est trouble fonctionnel. Avec une recherche, on pourrait faire un raccourci en disant « on va essayer de rechercher la cause de votre problème pour essayer de l’éradiquer » si l’on peut dire ça. Voilà, c’est une différence, alors après ça n’est pas évident, dans la tête des patients de bien faire le distinguo. Mais il y a ces différents points qui vous permettent de faire cette différence.
Yann : Il y a aussi, moi je vois par rapport au Comité, les retours de personnes qui ont eu l’impression au bout de six ou sept séances de ne pas avoir beaucoup de résultats avec la kinésithérapie, et cela va sans dire que très souvent lorsque vont va chez un kinésithérapeute, on a l’impression que le contact, le toucher, le massage prend une partie trop faible par rapport au fait des petites chaleurs qu’on nous met sur les parties tendues.
Jérôme Sebban : Disons que c’est compliqué pour les kinésithérapeutes parce qu’ils ont une tarification qui est assez faible, je crois que c’est 16 ou 19€ la consultation, donc forcément si vous prenez vos patients une demi-heure, que là-dessus vous retirez vos charges il ne vous reste que la moitié, ça risque d’être compliqué pour pouvoir assurer derrière. Donc c’est vrai qu’il y a pas mal de kinésithérapeutes qui voient plusieurs patients en même temps, qui ont ce système de chauffage, de rééducation, tout ce qui est neurologique, effectivement. Mais je pense que ça ce n’est malheureusement pas trop, il n’y a pas trop de solutions là-dessus si ce n’est d’augmenter le tarif de leur consultation.
Yann : Ou alors sur le temps moi je ne vois pas l’augmentation de tarif, je vois plutôt que sur le temps qui est à peu près 20 minutes chez un kinésithérapeute…
Jérôme Sebban : Oui, à peu près, parfois une demi-heure. Je travaille à Suresnes, j’ai une kinésithérapeute qui travaille à côté de chez moi, qui prend les patients toutes les demi-heures.
Yann : Je trouve souvent malheureux qu’on ne passe que cinq minutes au toucher du corps.
Jérôme Sebban : Mais c’est pour ça qu’il y a pas mal de patients qui s’orientent de plus en plus vers l’ostéopathie, parce que vous voyez vos patients un par un puisque forcément l’outil thérapeutique chez l’ostéopathe c’est la main. Vous les voyez pendant trente à quarante-cinq minutes, voilà, c’est sûr qu’il y a un contact. Mais c’est ce qui fait aussi que les patients aiment bien par rapport à la médecine, à un médecin généraliste qui, lui, voit beaucoup beaucoup de patients. Vous restez entre 5 et 15 minutes avec votre médecin généraliste, 15 minutes c’est long déjà pour un médecin généraliste parce qu’ils sont surchargés. Ils voient trente à quarante patients dans la journée, s’ils passaient une demi-heure avec eux, ça serait un petit peu compliqué. Et c’est vrai que ce contact que vous avez avec le patient est assez privilégié en ostéopathie et c’est ce qui plaît, je pense aussi, au patient. Il ne faut pas oublier qu’il y a cette partie prise en charge.
Yann : Oui, il y a une écoute, il y a un don des deux.
Jérôme Sebban : Évidemment.
Yann : C’est quand même quelque chose. Et puis ne serait-ce que par rapport aux soins, moi je vois que quand il doit me faire craquer les cervicales, si tu n’es pas en confiance avec ce médecin, tu vas être tendu, donc il ne va pas pouvoir le faire parce que s’il le fait, il te fait mal. Donc il ne peut le faire que si les deux… enfin c’est vraiment un truc qui se fait à deux.
Jérôme Sebban : Ah, mais bien sûr, de toute façon il y a une relation patient/praticien qui est essentielle.
Yann : Donc vous vous êtes dans les beaux quartiers, vous tarifez à combien ?
Jérôme Sebban : 60€ la consultation, on va dire que je suis au tarif moyen.
Yann : C’est ça, vous avez dit, 70 c’est trop, 50 ce n’est pas assez, pof 60.
Jérôme Sebban : J’ai dû calculer avant.
Sandra : Que doivent faire les ostéopathes pour qu’enfin l’ostéopathie soit remboursée par la sécurité sociale ?
Jérôme Sebban : Si j’avais la solution…
Yann : Cela viendrait par les patients si ça devait venir d’abord, les grands changements.
Jérôme Sebban : Il faudrait que l’on soit représentatif déjà. Et le problème c’est qu’il y a trop de disparités en terme de syndicats, il n’y a pas d’Ordre, donc le débat au niveau des pouvoirs publics est assez compliqué même si comme je le disais tout à l’heure avec les décrets, ça va bien évoluer. Enfin, on croise tous les doigts là-dessus, ça risque de bien bouger, il y a déjà un cadre qui va se mettre au niveau de la formation, et je pense que c’est la première pierre à l’édifice pour pouvoir se dire que tel ostéopathe sera bien formé, ou pas. Maintenant pour ceux qui sont déjà formés, à peu près trente mille, je crois, ça commence à être un chiffre important, la solution, je ne l’ai pas. Je ne l’ai pas, ce qui est sûr c’est qu’il faut qu’on soit, on va dire soudé, et qu’on soit logique dans notre débat, il faut que tout le monde pense la même chose. Ou en tout cas que l’on se mette d’accord. Que tout le monde pense la même chose, ça risque d’être compliqué, mais en tout cas se mettre d’accord sur une politique, de manière à ce que derrière, on puisse faire un tri, et qu’il y ait une réglementation qui s’impose.
Yann : Vous n’avez pas un grand appui de la caste ? Enfin, de la grande maison des médecins ?
Jérôme Sebban : Non, je dirais plutôt le contraire donc, on va dire que le lobbying médical en France est assez fort, tous les laboratoires pharmaceutiques sont très puissants, on ne leur rapporte pas grand monde, pour ne pas dire personne. Mais je pense qu’il ne faut pas rentrer dans ce débat-là, il faut plus rentrer dans la notion de prise en charge du patient, et, qu’est-ce qui est le mieux pour le patient, est-ce qu’il vaut mieux que le patient soit vu par plusieurs personnes de manière à ce qu’il se sente bien et soit bien soigné derrière, ou est-ce qu’il vaut mieux se tirer dans les pattes. Cela, je vous laisserai apporter une réponse, mais en tout cas c’est sûr qu’il vaut mieux essayer de travailler tous ensemble, kinésithérapeute, médecin, ostéopathe et autres, de manière à ce que la prise en charge soit de plus en plus efficace.
Yann : En plus, par rapport aux économies que l’on peut faire, souvent on voit un généraliste, un kinésithérapeute pour finir chez un ostéopathe, on aurait directement été chez l’ostéopathe, ça aurait quand même diminué les frais.
Jérôme Sebban : Oui, oui , complètement. Mais il ne faut pas retirer, parfois, il y a besoin d’aller voir un médecin généraliste, il va y avoir besoin d’un kinésithérapeute, il faut que tout le monde travaille ensemble, de manière à ce que ce soit efficace.
Sandra : D’autres remarques, d’autres questions ?
Alexandre : Moi personnellement, non.
Sandra : D’accord, j’ai cru.
Jérôme Sebban : Je reviens juste sur un point, justement, pour l’accès aux soins, en tout cas en ostéopathie, je réinsiste, on a une clinique qui permet aux personnes qui n’ont pas forcément des gros revenus de venir consulter, ça s’appelle Clinique À Mains Nues, qui se situe à Saint-Denis, Carrefour Pleyel, donc vous avez le métro ligne 13 pour y accéder, vous pouvez prendre rendez-vous comme dans un cabinet de ville classique, sur Internet vous avez toutes nos coordonnées, la clinique À Mains Nues, et l’école c’est le CEESO, le Centre Européen d’Enseignement Supérieur de l’Ostéopathie, donc là ce sont les patients, pris en charge par les étudiants de quatrième et de cinquième année, encadrés, avec des tarifs intéressants, vous avez des abonnements pour la famille, vous avez des abonnements pour les chômeurs, vous avez pour les étudiants, également. Donc il y a des tarifs qui vous permettrons d’aller consulter à moindres coûts et sans baisser en terme de qualité.
Yann : Très grande information.
Sandra : Super, on diffusera, alors Yann toi, c’est bon, tu as fini avec l’ostéopathie ?
Yann : Je sais que j’y retournerai quand ça va me reprendre quoi.
Sandra : Ah oui, ça revient les douleurs ?
Alexandre : C’est ce que tu avais dit, tous les six mois, c’est cela ?
Yann : Oui, à peu près.
Jérôme Sebban : Il y a même des patients qui consultent en prévention, qui n’ont pas de douleurs, qui viennent juste pour faire un point, une ou deux fois dans l’année.
Sandra : Cela sert à quelque chose ?
Yann : Je pense.
Jérôme Sebban : Statistiquement je ne peux pas vous dire, il n’y a pas eu d’études qui ont été faites là-dessus, mais en tout cas, ça arrive dans les cabinets.
Sandra : Cela ne provoque pas des douleurs ?
Jérôme Sebban : Non. (rires)
Sandra : Je ne sais pas, vu que c’est un peu violent. (rires)
Yann : Toi tu dois déjà avoir peur de te faire craquer les cervicales.
Sandra : Un peu, un peu.
Jérôme Sebban : On n’est pas obligé, la manipulation n’est pas un gage de qualité hein, ça c’est important. En ostéopathie, il y a différents outils on va dire. Vous pouvez très bien aller sur le système viscéral, donc l’appareil digestif, vous pouvez travailler sur le crâne, vous pouvez travailler sur la colonne vertébrale, sur les muscles. Vous pouvez travailler de manières différentes, il y a pas mal d’ostéopathes qui travaillent de manières variées.
Yann : Un ostéopathe qui travaille bien, il ne fait pas mal.
Jérôme Sebban : Logiquement, c’est préférable quand même.
Yann : À 95%.
Jérôme Sebban : On dit qu’il faut souffrir pour être beau, on peut éviter quand même.
Yann : Oui, c’est un peu la preuve de nous quatre dans ce studio, vu que personne ne peut nous voir, on est magnifique hein, on vous rassure !
Sandra : Bien sûr ! Il y a les photos après sur le site hein.
Yann : Ah !
Transcription : Alexandre Bordes
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