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11.03.2015

Marisol Touraine : «Pas de réduction d’effectif à l’hôpital public», enfin… «globalement»

Marisol Touraine

Sandra : On va parler du système de santé français et pour ça, en fait dernièrement, il y avait une journée de lutte contre les infections sexuellement transmissibles et sur la promotion de la santé sexuelle qui était organisée vendredi dernier au Ministère de la Santé. À cette occasion, j’ai rencontré docteur Moadger qui est médecin au centre hospitalier d’Alençon, Luc Chevalier qui est gynécologue et sexologue à Saint-Paul, à la Réunion et Guy Molinié qui est directeur d’Act-Up sud-ouest à Toulouse et ils ont un message pour notre chère ministre, Marisol Touraine, on va l’écouter tout de suite.

Début de l’enregistrement.

Luc Chevalier

Luc Chevalier : La loi Touraine, il y a beaucoup d’aspects très différents, en particulier sur la médecine de ville mais ça je pense qu’ils en parleront mieux que moi, puisque moi, je suis hospitalier. Bon, la loi Touraine c’est surtout des grosses réductions budgétaires et ça c’est assez préoccupant pour tous les centres justement qui vivent quand même des subventions nationales, en particulier ces fameux centres de santé sexuels, qui vont avoir des problèmes de financement inévitables. C’est sûr qu’on ne peut pas faire plus avec moins. Je pense que ce qu’on peut lui faire passer comme réflexion c’est qu’effectivement, la prévention paie en matière de santé et que justement, tous les projets de santé publique peuvent aller dans le bon sens pour un mieux-être des populations et en particulier la santé sexuelle puisqu’on sait très bien que si on est bien dans sa peau et bien dans sa sexualité, on va beaucoup mieux sur le plan de sa santé personnelle.

Guy Molinié

Guy Molinié : J’aimerais qu’elle nous explique comment elle compte mettre en place une qualité de suivie sur l’ensemble des territoires dans une volonté de service public alors qu’elle va faire des économies sur l’hôpital public et qu’elle veut diviser des postes alors qu’il y a des files actives qui augmentent. Donc comment est-ce qu’elle va maintenir la qualité actuelle, alors qu’il a été constaté aujourd’hui qu’il y a certains services, pas que VIH mais d’autres services aussi, les urgences et autres par exemple, que le personnel est sous pression, qu’il manque de lits. A côté de ça, on continue une politique de suppression de postes. Elle a une certaine logique qui n’est pas très compréhensive. Nous, on parle de qualité et de service public. Elle, elle parle de rentabilité. Ce n’est pas la même chose.

Docteur Moadger : Je ne vous cache pas que les réformes changent et qu’à un moment on s’intéresse puis à un moment, on commence à ne plus s’intéresser parce que ça devient un petit peu trop changeant. Il y a des points, par exemple je sais que mes collègues généralistes sont très inquiets, par rapport à certaines choses, moi je suis médecin-hospitalier, je travaille à l’hôpital. On est très inquiet à l’hôpital parce qu’on a quand même les hôpitaux qui sont en souffrance. On a des hôpitaux qui ont des problèmes de budget, par exemple, nous l’hôpital d’Alençon, on a un déficit et on nous demande beaucoup de faire de l’activité à l’acte et on ne s’intéresse pas vraiment à la qualité des soins. Et donc il y a quand même, beaucoup de problèmes à ce niveau-là, et donc il y a par exemple des associations aussi, là je parlais tout à l’heure du Collectif pour le Sida qui n’ont plus de sous, qui n’ont plus d’argent. Ça devient très difficile. Je lui demande de vraiment s’inquiéter des hôpitaux périphériques parce que, il y a une désertification médicale impressionnante. On a en ce moment des gros problèmes, par exemple le département de l’Orne, il y a un seul neurologue, l’hôpital d’Alençon qui est un hôpital de toute la région, il n’y a plus de pneumologue, on a des problèmes de dermato, vraiment les structures sont en grosses difficultés et il va falloir qu’à un moment où un autre, qu’on réagisse parce que, la désertification médicale est très importante dans certaines régions.

Fin de l’enregistrement.

Sandra : Et hier (lundi), nous avons rencontré la ministre Marisol Touraine, qui donnait une conférence de presse et justement on en a profité pour poser des questions sur ces restrictions budgétaires concernant l’hôpital et voici sa réponse.

Début de l’enregistrement.

Marisol Touraine : L’année dernière, un plan d’économie a été annoncé pour le pays. 50 milliards d’économies sur 3 ans et j’ai annoncé à cette occasion que la santé, le système de santé participerait à cet effort à hauteur de 10 milliards sur 3 ans. L’hôpital public participe à cet effort comme l’ensemble des autres secteurs de notre système de soins. Mais je veux dire de la manière la plus claire que cela veut dire que nous maitrisons l’augmentation de la dépense. Cela ne veut pas dire une réduction des engagements financiers. L’année prochaine, 2015, cette année, très concrètement, il y a un milliard et demi de plus à porter aux hôpitaux par rapport à 2014. En 2012 et en 2013, il y a près de 25 000 postes de médecins supplémentaires qui ont été créés à l’hôpital public. 5000 postes de soignants non-médecins créés à l’hôpital public. Il n’y aura pas de réduction d’effectif à l’hôpital public. C’est un engagement que j’ai pris, c’est un engagement que je répète, nous maîtrisons les dépenses, nous allons les maîtriser parce que nous devons soigner mieux, de façon plus efficace et en respectant des contraintes budgétaires mais l’hôpital public participera à cet effort, avec une rationalisation des achats, une meilleure coopération entre les hôpitaux, une maîtrise de la masse salariale mais, je veux le dire, il y a cette année un milliard et demi de plus pour l’hôpital public par rapport à 2014.

Sandra : Madame la Ministre, aucun hôpital ou service ne risque de fermer en France ?

Marisol Touraine : Non, j’ai dit que globalement il n’y aurait pas de réduction des effectifs et nous faisons un plan d’économie qui est un plan d’économie qui ne réduit pas les ressources de l’hôpital, qui ralentit l’augmentation des moyens qui sont attribués mais encore une fois, 2015 c’est un milliard et demi de plus pour l’hôpital public et depuis 2 ans, ce sont des créations de postes de médecins et de soignants en plus qui ont été réalisées à l’hôpital public.

Fin de l’enregistrement.

Sandra : Globalement donc pour moi ça veut dire que malheureusement des services ou hôpitaux risquent de fermer en France. Alors rapidement, Antigone et Yann sur ce sujet ?

Antigone Charalambous : On avait parlé au départ de parallèle entre la France et la Grèce. S’il y a un parallèle à faire, je pense que c’est le regroupement des hôpitaux avec la fameuse nouvelle loi santé, qui au départ devait s’appeler “santé publique”. Mais finalement, je ne sais pas où est passé le public. Donc la fameuse loi santé, le regroupement d’hôpitaux sur un territoire. C’est-à-dire que le territoire, on va passer à combien d’hôpitaux ? Un hôpital peut servir combien de personnes ? Ce qui est très problématique, c’est quand même cette logique de rentabilité qui est clairement rentrée en vigueur, la tarification à l’acte le montre très bien. Il y a quelque chose de foncièrement incompatible entre une logique de rentabilité et une logique de soins.

Yann : On n’y croit vraiment plus quoi, cette réduction sans que le patient soit affecté ou que le personnel travaillant en soit affecté. Faut arrêter de nous faire avaler… on n’est pas quand même des abrutis à ce point-là. Ce sera et les patients et les services hospitaliers qui, je le vois, je fréquente comme vous tous autour de la table, les hôpitaux régulièrement et comme quand on est soigné depuis 20, 25 ans par le même médecin, on voit que le médecin se bataille comme il peut et administrativement c’est une galère pour lui. Il y a un ajout de travail, de secrétariat en plus. Donc heureusement qu’on a des supers médecins mais il ne faut pas les user jusqu’à la moelle.

Antigone Charalambous : Je pense quand même que la réponse ne veut venir que des patients et du personnel soignant ensemble. Il n’y a qu’ensemble qu’on peut trouver des solutions.

José : Je vois qu’à l’hôpital les gens sont fatigués, les soignants deviennent plus malades que les malades. C’est vrai.

Antigone Charalambous : Bien sûr.

José : Et donc ils perdent courage à force et puis si une personne n’est pas en forme, elle ne peut pas vous soigner. C’est normal.

Transcription : Sandra JEAN-PIERRE

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