Sandra : De retour à l’émission de radio Vivre avec le VIH, en compagnie de moi-même, Alexandre et Mohamed. Nous allons parler de santé mentale. Alexandre, tu as rencontré lors d’un colloque sur la santé mentale, c’était au mois de novembre, ça fait un bon bout de temps maintenant, tu avais rencontré Nadège Pierre. Je vous propose d’écouter tout de suite cette interview.
Début de l’enregistrement.
Nadège Pierre : Psychologue et sexologue au centre de santé le 190 à Paris.
Je pense qu’on peut comprendre ce que les gens perçoivent de la place du VIH ou du VHC dans leur mal-être. Quelquefois, c’est une interprétation de leur part, c’est une focalisation. D’autres fois, le VHC ou le VIH a marqué, souvent, marque un tournant, une rupture dans la vie de la personne. Je pense que ce avant après qu’ils nomment souvent, c’est là où on peut quelquefois percevoir les changements et en tout cas, identifier les transformations, les évolutions, les difficultés qui sont apparues à ce moment-là.
Alexandre : Quel peut-être l’intérêt de la psychothérapie pour les personnes en mal-être avec leur VIH ou VHC ?
Nadège Pierre : Je pense que l’intérêt c’est d’avoir un regard sur soi qui arrête de tourner en rond, une idée qu’on veut et peut vivre mieux aussi. Je pense que la psychothérapie, comme la sexothérapie, ça apporte toujours des zones d’amélioration. Chacun a ses zones d’amélioration et ses valeurs différentes. C’est se dire que peut-être on peut avancer certains point de sa vie, trouver des zones où on va aller mieux, où on va moins souffrir avec le VIH. Le VIH, c’est tellement une rupture, une cassure, une peur pour certains au moment où ils l’ont appris, c’est aussi du rejet familial, amical, amoureux quelquefois. C’est un jugement sur soi, sur l’estime de soi qui est très abîmé. C’est ça le travail de psychothérapie, il arrive quelquefois à permettre à la personne de retrouver un regard positif sur soi et du coup d’être plus à l’aise dans la relation à l’autre.
Alexandre : Quels sont les problèmes, les symptômes les plus fréquents que vous rencontrez chez les personnes qui ont un mal-être avec leur VIH, VHC ?
Nadège Pierre : Je pense que les troubles anxieux, les troubles dépressifs, les troubles du sommeil, je pense que c’est ce que moi je vois le plus et puis les troubles dans la relation, l’isolement. Je pense qu’il y a beaucoup d’isolement chez les personnes que je rencontre, affectif, social, amical.
Alexandre : Vous aviez dit : “Aider ce n’est pas faire, ce n’est pas dire ce qu’il faut faire, c’est avant tout écouter”. Pouvez-vous expliciter cette phrase ?
Nadège Pierre : Je pense que l’aide c’est pouvoir accompagner les personnes, ce n’est pas faire à leur place, ça voudrait dire qu’elles n’en sont pas capables et l’important c’est qu’elles soient capables de faire et qu’elles s’en sentent capables. Ecouter, ce n’est pas juste recueillir des mots et le bruit qui vient dans les oreilles. C’est aussi parler, animer, accompagner, reconnaitre la souffrance de l’autre, c’est lui laisser de la place, être capable d’entendre qu’il a mal. Je pense que c’est énorme et c’est ce qui fait beaucoup bouger les personnes. Après, on peut aussi travailler avec la personne sur les perspectives qu’elle a de mieux être, et le fait que c’est possible. Je pense qu’à la question d’aller mieux, elle n’est pas toujours perçue pour les autres et de leur laisser entendre qu’il y a une possibilité vers ce chemin-là, je pense que c’est important.
Alexandre : Imaginons, je suis séropositif, je suis proche de vous, je viens vous voir et je vous annonce ma séropositivité, quels seraient vos premiers mots ?
Nadège Pierre : Comment tu vas ? (rires). Ce qui m’intéresser, c’est de savoir comment il se sent. Je pense qu’il y a des personnes pour lesquelles… il y a tellement de façon nouvelle d’accueillir cette nouvelle différence, quelquefois des images de peur, de mort, de faute, d’avoir commis une terrible faute, surtout en 2015, quand les gens imaginent que si simple de ne pas se contaminer, alors que ce n’est pas vrai visiblement. Est-ce qu’il y a de la peur, de la honte, la peur du rejet ? Ce qui m’intéresse, c’est de savoir comment la personne va à ce moment-là.
Fin de l’enregistrement.
Sandra : Nadège Pierre au micro de l’émission Vivre avec le VIH qui nous parle de santé mentale. Oui, c’est important de prendre soin de soi et aussi de ce qui se passe dans notre tête. N’hésitez pas, si vous vous sentez seule, si vous sentez que ça ne va pas, n’hésitez pas à consulter, ça peut être bénéfique. Et puis aussi, il y a les associations qui sont là, notamment le Comité des familles, vous pouvez aussi nous appeler au 01 40 40 90 25. Mohamed, une question pour toi, au cours de ton parcours, as-tu eu besoin de suivre une psychanalyse, d’aller voir une psychologue ?
Mohamed : Oui, ça m’est arrivé de consulter, dans le centre où il y avait… l’accès aux soins, pour bénéficier de la trithérapie. Dans les hôpitaux publiques, ils ont toujours un psychologue qui est à disposition. J’ai eu l’occasion d’avoir des entretiens souvent avec des psychologues. Il a fallu faire un travail sur moi-même par rapport aux addictions et aux problèmes de la maladie, comment vivre avec. Ca m’a fait beaucoup de bien. Le psychologue, je pense qu’il est là pour intervenir en fonction… la santé mentale, c’est un problème délicat parce qu’on ne sait pas d’où ça vient et on ne sait pas comment ça peut évoluer. C’est des problèmes qui partent de rien et qui deviennent grandioses. Il y en a qui vont assez loin par rapport à ça dans les excès des addictions, et puis d’autres qui se réfugient dans les barbituriques et des cachets pour pouvoir retrouver un état d’esprit ou une forme moyenne quoi on va dire.
Sandra : Merci pour ton partage Mohamed et n’hésitez pas aussi à laisser des messages sur le site comitedesfamilles.net, ce sera vraiment un plaisir pour nous de lire vos messages à l’émission et vous avez peut-être envie de prendre la parole, et je rappelle le numéro, 01 40 40 90 25.
Transcription : Sandra JEAN-PIERRE
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