Sandra : Alors je crois que Jean-Paul est avec nous. Bonjour Jean-Paul.
Jean-Paul : Bonjour Sandra et tout le monde.
Sandra : Comment vas-tu ?
Jean-Paul : Ca va bien.
Sandra : Tu es avec nous à l’émission de radio Vivre avec le VIH, autour de la table il y a Alexandre, Valérie et Mohamed. Et puis évidemment tous les auditeurs qui t’écoutent. Tu nous appelles d’où ?
Jean-Paul : J’appelle de Bordeaux toujours.
Sandra : Tu n’as pas bougé. Chez nous il fait froid, et chez toi ?
Jean-Paul : Il pleut !
Sandra : Ah ! Jean-Paul, tu as participé à l’émission Vivre avec le VIH il y a quelques mois pour nous annoncer que tu allais participer à l’Etape du tour 2015. J’explique, l’Etape du tour, c’est depuis 1993 la seule cyclosportive à offrir à des milliers de cyclistes amateurs la possibilité de vivre le temps d’une journée, le mythe du Tour de France. Première question avant de savoir comment ça s’est passé, pour toi, selon toi, vu que tu as vécu cette expérience, l’Etape du tour est possible pour qui ?
Jean-Paul : Oui, alors moi j’ai passé l’Etape bien jusqu’au moment où j’ai cassé le derrière, ce qui a interrompu la course, à 30 km de l’arrivée. Mais vu ce qui restait à parcourir, je pense que j’aurai fini. Donc il n’y avait rien d’irréaliste à me lancer là-dedans. Un incident mécanique et du coup j’ai arrêté. Mais physiquement, je n’avais pas de problème particulier. Le problème mécanique m’a fait arrêter à 30 km de l’arrivée sur 130 km, donc j’avais fait quand même une bonne partie.
Sandra : Tu n’étais pas trop frustré ?
Jean-Paul : Si, vraiment beaucoup. Et puis surtout sachant ce qui s’est passé exactement. J’avais fait mettre des pignons pour la montagne mais il fallait en même temps changer un dérailleur, je rentre dans les détails techniques…
Sandra : J’avoue que je ne connais pas mais il y en a peut-être qui savent de quoi tu parles.
Jean-Paul : Voilà. La modification sur la vélo a été mal faite puisqu’il n’a pas mis le bon dérailleur qui correspondait à ces pignons et c’est ça qui a fait que ça a cassé. Donc c’était la responsabilité d’un gars chez qui j’avais fait faire le truc sur place là-bas, dans les Alpes, qui a causé la casse. Donc d’autant plus frustrant parce que ce n’était pas une chute, un truc comme ça… je n’avais pas les compétences suffisantes en mécanique pour analyser le problème à l’avance. Parce que quelqu’un qui s’y connait aurait pu le voir avant mais moi non. Là-dessus, ça donne encore plus de regrets. Et puis du coup je vais m’y représenter cette année parce qu’il ne faut pas…
Sandra : Ah oui !? Cette année, c’est reparti !
Jean-Paul : Oui, oui. On fait un parcours différent bien sûr, une autre étape. Ce sera Megève-Morzine cette année. Toujours dans les Alpes, c’est à peu près la même distance, les mêmes difficultés en dénivelé. On n’arrive pas au sommet cette année au sommet puisqu’on aura le dernier sommet qui est à 20 km de l’arrivée et puis le reste, en descente. Mais bon, c’est à peu près du même ordre. Cette année, j’aurai un peu plus d’entraînement, j’aurai plus d’expériences, je n’aurai pas ce problème de dérailleurs parce que je ne ferai pas la même erreur. Là-dessus je suis confiant et il me tarde d’y être quoi.
Sandra : Et pourquoi cette année tu as envie d’y participer à nouveau ?
Jean-Paul : Ah bah pour finir une étape vraiment jusqu’au bout parce qu’il y a tout un cérémonial quand même intéressant à vivre pour quelqu’un qui fait du sport. C’est quand même un style d’arrivée Tour de France, il y a vraiment du monde. J’étais surpris, c’est vraiment une cyclosportive qui est suivie par le public. Il y a une arrivée avec une banderole avec des barrières, puis un portique, un chronomètre, un écran géant, un peu les mêmes conditions qu’une vraie étape du Tour de France. C’est marrant de passer à travers le spectateur et se de voir à l’écran, tout ça quoi. C’est pour se faire plaisir quoi. Voilà et puis, j’aime ça. C’est des événements un peu… qui sortent de l’ordinaire quoi. Après, je fais des courses plus basiques dans mon département, c’est sympa aussi. Mais là, c’est une autre dimension.
Sandra : Comment as-tu géré avec ta prise de traitement ? Avais-tu un régime alimentaire particulier avant l’épreuve et puis pendant l’épreuve aussi ?
Jean-Paul : Non, rien de particulier à part de m’alimenter le plus équilibré possible. De toute façon, quoiqu’il arrive, ne peut être que bénéfique donc ça c’est une bonne chose aussi, pas de junkfood ou truc comme ça, ça ne peut pas faire de mal à qui que ce soit mais encore plus dans notre situation nous séropositif, avec les lipodystrophies et autres problèmes. J’essaye de ne pas trimbaler du gras inutile donc ça demande s’alimenter correctement. Mais c’est tout. Il n’y a pas d’autres règles à respecter que celle-là. Pour moi en tout cas. Mon traitement, 3 molécules ensemble que j’ai, je n’ai pas d’effet secondaire depuis que je le prends donc ça n’a rien changé de particulier pour moi, juste être en forme pour pédaler.
Sinon, ce n’est pas pour dramatiser la situation mais c’est important de dire aussi que j’ai eu un cancer de la tyroïde entre temps et que j’ai été opérée de la tyroïde, on me l’a enlevée. Et que j’ai suivi 3 jours de traitement à l’iode radio active donc ça c’est en plus. Ce n’est pas forcément lié au VIH mais arrivé à un certain âge avec le VIH, on peut avoir ce genre de problème aussi et donc ça demande à être suivi le mieux possible, de ne rien laisser passer et voilà. Pris à temps, ça ne devrait pas avoir de conséquences pour moi si ce n’est le traitement à vie au lévothyrox mais bon, il y a plein de gens qui vivent avec très bien et puis c’est bien parti pour l’instant, voilà. J’ai ça en uvais apporter comme précision.
Sandra : Merci et du courage en tout cas pour cette nouvelle épreuve que tu dois surmonter.
Jean-Paul : Merci.
Sandra : Tu nous avais dit que tu avais arrêter de fumer. Est-ce que tu tiens toujours le coup ?
Jean-Paul : Oui, oui alors ça, plus que jamais ! C’est complètement sorti de ma vie. Ca va faire 3 ans, en mars ça fera 3 ans. Je n’ai aucune tentation, aucune envie. De ce côté-là, je peux voir des gens fumer sans rien ressentir. Je me désole un peu pour eux mais bon, je ne fais pas non plus l’intégriste anti-tabac parce que chacun fait ce qu’il veut.
Sandra : Je vais passer la parole à l’équipe, peut-être qu’ils ont des choses à te dire.
Alexandre : Alors moi j’ai une petite question. C’était juste un petit point comme ça, je voulais juste savoir, pendant cette étape du Tour de France, les difficultés que tu affrontes c’est quoi ? C’est quel niveau ? C’est hors catégorie, première catégorie ?
Jean-Paul : Oui, ça va jusqu’à du hors catégorie. L’année dernière, il y avait le col du Glandon en hors catégorie. Les autres étaient en première et deuxième catégories si je me souviens bien, puisque c’était le col du Chaussy, le col Mollard et la montée sur La Touissuire… le reste c’était du première et du deuxième.
Alexandre : Voilà donc pour ceux qui ne suivent pas trop le vélo, c’est du lourd quoi. Ce n’est pas le truc que tu peux faire en sortant ce matin avec ton vélo et puis tu te dis, je vais monter ça. Ce n’est pas le truc qu’on peut faire normal.
Jean-Paul : C’est aussi que ça se joue sur la longueur du col parce que le Glandon fait, il y a 20km d’ascension, avec des pourcentages qui ne sont pas tout le temps au maximum mais qui vont jusqu’à 11/12. On monte pendant 20km. Donc c’est ça aussi qui fait la difficulté, c’est la durée et la longueur du col quoi.
Sandra : D’accord. Mohamed et Valérie. Avez-vous un message pour Jean-Paul ?
Mohamed : Tu as tous nos encouragements. Vas-y, continue, il faut que tu passes ! Apparemment ce n’est qu’un problème mécanique, donc ce n’est rien ! La prochaine fois j’espère que tu passeras les 30 km qui restent, avec le peloton.
Jean-Paul : Merci.
Mohamed : Bon courage et bonne continuation.
Jean-Paul : Merci beaucoup.
Sandra : As-tu un message pour les séniors séropositifs, pour ceux qui vivent depuis 20-30 ans avec le VIH. ?
Jean-Paul : Si vous avez un coup de mou parce que vous arrivez à un certain âge ou quoi, ne vous laissez pas abattre parce qu’on peut rebondir à un âge où moi je ne croyais plus que ce soit possible et voilà. Puis j’ai tenté le coup parce que je me suis dit bon, j’ai encore quelques temps à vivre et forcément, si ça va à cette vitesse pour décliner, ça ne va pas être marrant. Donc j’ai tenté le coup de me relancer physiquement et puis ça a marché au-delà de mes espérances. Donc, ne vous laissez pas abattre. Voilà le message que je peux donner en fonction de ce que j’ai fait moi. Je pense que d’autres peuvent aussi pouvoir faire quoi.
Sandra : Super ! Bah, comme a dit Mohamed, bon courage pour cette nouvelle… au fait c’est quand ?
Jean-Paul : Ce sera cette année le 10 juillet exactement. Et puis si, j’ai un petit message particulier à faire passer. Le Tour de France ouvre cette année l’Etape de Paris Nice. Ce n’est pas très cher sauf que je n’ai pas les moyens de me loger sur place et j’aurai bien fait cette étape. Si quelqu’un pouvait me loger 4 jours au mois de mars sur Nice, du 10 au 14 mars. Comme ça je pourrai faire une étape de Paris-Nice en plus du Tour de France.
Sandra : Le message est passé. En plus Nice c’est chouette là-bas !
Jean-Paul : Un petit plus comme ça, pour faire du vélo.
Sandra : J’espère que tu verras de beaux paysages, comme l’année dernière. Parce que c’est ça aussi, pouvoir voir des paysages, ça change. Bonne continuation, j’espère qu’on t’entendra à nouveau à l’émission et là pour nous dire cette fois que oui, tu as été jusqu’au bout !
Jean-Paul : Oui, et puis dernière chose, par rapport à tout ce que j’avais fait, il y a un éditeur qui m’a proposé d’écrire un livre. Je n’ai plus qu’à écrire. Et comme ça je pourrai tout raconter et vous en faire part et revenir dans l’émission quand ce sera fait. Voilà.
Sandra : N’hésite pas en tout cas, dès que c’est écrit, tu me passes un coup de fil, un mail et avec plaisir je te reçois à l’émission.
Jean-Paul : D’accord. A très vite alors. Merci beaucoup.
Transcription : Sandra JEAN-PIERRE
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