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05.08.2014

Philippe : «hétérosexuel est un mot qu’on ne retrouve pas beaucoup dans l’histoire du Sida»

Sandra : Direction Montpellier avec Philippe, correspondant du Comité des familles. Ça fait très longtemps qu’il connait cette association. Je vous propose de l’écouter tout de suite, il raconte bien mieux que moi

Début de l’enregistrement.

Philippe : En fait, la première soirée séromantique que j’ai vécue ici, c’était il y a 5 ans. Ça m’a donné plus tard l’envie d’en faire une autre, à travers finalement un blog sur le site seronet où des gens parlaient d’organiser ce type de soirées. Et puis, je ne sais pas pourquoi, les Parisiens ont voulu faire une soirée à Montpellier et étant de Montpellier, forcément ça m’a interpellé et puis du coup j’ai été co-organisateur de cette soirée.

L’expérience du Comité m’a aidé à me lancer à coorganiser cette soirée et à éventuellement en envisager d’autres. Maintenant, faire connaître la radio, ça passe par d’abord mettre une affiche dans le service hospitalier concerné, ce que j’ai fait. Et puis essayer aussi d’en mettre dans les cabinets médicaux à travers le COREVIH local. Le COREVIH c’est un peu le réseau de santé autour du VIH qu’il y a dans chaque région et donc c’est l’occasion de contacter les médecins pour qu’ils puissent mettre dans leur salle d’attente une affiche qui parle du Comité et qui donne les coordonnées de l’émission. Si je peux aussi trouver une radio locale qui diffuse en direct et non pas uniquement sur internet l’émission, ce sera première mission accomplie.

Sandra : À Montpellier, il y a quoi pour les séropositifs ? Est-ce qu’il y a des choses qui se font ? Des petites associations ? Des choses qui se font dans les hôpitaux ?

Philippe : Il y a forcément des CAARUD mais qui s’adressent évidemment aux toxicomanes actifs et là on est effectivement dans quasiment l’aide d’urgence de gens qui vivent dans la rue quoi. On est dans un volet très particulier du sida avec des gens qui sont souvent co-infectés et qui ont tellement de problèmes médico-sociaux, que l’État a mis en place effectivement des structures dédiées pour ces actions. Sinon, il y a bien sûr l’association AIDES qui existe depuis la fin des années 80. Aujourd’hui, je n’ai plus trop de contact avec cette association. Je crois qu’elle est assez, comment dire, à l’adresse du public gay essentiellement. C’est l’histoire du Sida, c’est l’histoire de cette association. Il y a une autre association qui s’est créée mais je dirai un petit peu dans la même obédience finalement, qui est venue apporter peut-être un regard nouveau par rapport à l’association AIDES à Montpellier, qui s’appelle association Envie, mais on est toujours aussi dans une association créée par des militants gays. Bien sûr, l’accueil d’autres personnes que les gays existe évidemment dans ces associations. Mais bien sûr on peut quand même constater que l’absence justement d’association de lieu d’accueil qui soient dédiés aux hétérosexuels dans une maladie qui concerne tellement la sexualité, l’intimité des gens, oui ça manque.

Il ne faut pas attendre je crois des associations gays qu’elles s’ouvrent davantage vers l’hétérosexualité. Et après tout je dirai que quelque part c’est normal. Donc qu’est-ce qu’on peut faire ? Je ne sais pas parce que c’est difficile aujourd’hui avec je dirai les restrictions budgétaires de notre pays d’imaginer de créer, d’investir de nouveau sur des lieux d’accueil, etc. Au moins déjà soutenir davantage le Comité des familles à Paris qui a un vrai lieu d’accueil et où il y a un gros boulot qui est fait. Ça, je pense que, même si moi depuis ma province je peux contribuer à ça, ce sera déjà pas mal.

C’est une manière de remettre dans l’histoire du Sida, bon bien sûr, les gays ont été les premiers touchés et les premiers à se mobiliser et il faut bien sûr les en remercier. Mais en même temps, c’est vrai que les hétérosexuels ont été une catégorie quasiment pas identifiée quoi. Même si on a identifié d’autres sous catégories tout ça, il y avait les drogués, les migrants, les femmes, les prisonniers, etc. Mais bon les hétérosexuels, paf, ça n’existe pas ! Il y a un espèce de monde à l’envers complètement (rires). Bon, on peut en rire aussi. Donc remettre un peu les choses à l’endroit à travers le Comité des familles justement qui s’adresse quand même aux hétérosexuels. Et ça, c’est un mot qu’on ne retrouve pas beaucoup dans l’histoire du Sida.

J’aimerais bien déjà en parler avec mes amis de l’association Envie. J’ai toujours des liens avec eux et je trouve qu’ils ont mis en place des actions très pertinentes justement pour aider les personnes séropositives dans leur vie quotidienne, dans leur vie sociale, etc. J’espère pouvoir compter sur eux parce que je ne me vois pas effectivement tout seul avec mes petits bras, même avec quelques copains, non. Donc essayons d’utiliser l’existant et puis de voir s’ils ont envie de partager.

J’ai créé en 1993 une association qui est devenue un CAARUD sur Montpellier. Donc effectivement, j’ai une certaine expérience de la chose. Maintenant, c’était sur, comme je l’ai expliqué, quelque chose de très ciblé. Donc quelque chose qui manquait et qui était une urgence et qui fallait forcément mettre en place. Maintenant on est là sur une autre problématique qui est celle effectivement des hétérosexuels dans le Sida. On voit bien combien c’est difficile d’en parler à partir du moment où tous les moyens sont déjà quasiment mobilisés, accaparé parfois. Donc je ne sais pas par quel bout prendre cette affaire, si ce n’est qu’essayer de voir avec les associations existantes, je pense en particulier à Envie mais peut-être d’autres aussi. Actif Santé par exemple. Il y a peut-être des choses à faire comme ça mais pour l’instant c’est une réflexion qui est à son début. Dans un premier temps voir comment je peux soutenir le Comité dans ses actions à Paris et puis en parallèle aussi, ou dans un second temps, voir qu’est-ce que je peux faire dans ma ville, dans ce même objectif.

Fin de l’enregistrement.

Sandra : Philippe au micro de l’émission de radio Vivre avec le VIH. Yann, est-ce que tu connais ce Philippe ?

Yann : Non, malheureusement je n’ai pas rencontré Philippe.

Sandra : Il souhaiterait venir pour la fête d’inauguration du nouveau local du Comité des familles, le 21 juin. Donc peut-être que tu le verras à cette occasion. Que penses-tu de ses propos ? Lui, il a le sentiment que les hétérosexuels ont été oubliés dans l’histoire du Sida, du VIH. Est-ce que tu es d’accord avec lui ?

Yann : Je reconnais que c’est vrai que c’est des associations qui ont été montées par les premières personnes qui étaient surtout concernées donc les gays. On manquait de place peut-être pour les familles ou pour se faire entendre dans ces associations-là que j’ai aussi parfois fréquentées. Donc je trouve que oui, qu’il ait envie de se battre un petit peu sur les familles, les couples, le fait de le dire un peu plus haut et fort, qu’on peut avoir des enfants, je trouve que c’est une bonne dynamique. C’est un bon éclairage qu’il donne sur l’historique du VIH.

Sandra : Il faut rappeler que lui habite à Montpellier donc c’est vrai que ce n’est pas la même chose non plus quand on est séropositif à Paris et séropositif dans les provinces. Beaucoup de correspondants nous l’ont signalé.

Yann : Encore que Montpellier c’est vraiment une ville jeune, étudiante, ouverte, très agréable avec une bonne ouverture d’esprit. C’est une ville que j’aime bien.

Sandra : Anaenza Maresca, est-ce que je peux vous interpeller aussi là-dessus ? Que pensez-vous des propos de Philippe ? Êtes-vous d’accord avec lui ?

Anaenza Maresca : Je suis d’accord. J’ai un peu du mal quand on clive parce que je pense qu’une personne homosexuelle ou ce qu’on appelle plutôt des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et là, ça sous-entend aussi avoir des rapports éventuellement avec des femmes. Un hétérosexuel, c’est une diversité. Je pense qu’on doit penser à la parentalité y compris des personnes qui sont homosexuelles. Je pense qu’ouvrir la discussion et mettre l’accent sur la diversité de possibilité de tout à chacun, c’est votre richesse. J’ai déjà eu cette possibilité de constater cela lors de la dernière émission où j’avais des personnes avec des préférences sexuelles différentes, des origines différentes. La famille c’est ça. Je pense que mettre ça en exergue, c’est déjà le plus important pour faire évoluer des chemins battus qui parfois desservent les personnes qui vivent avec le VIH.

Sandra : J’entends ce que vous dites. C’est vrai qu’au Comité des familles c’est ouvert à toutes personnes bien qu’au début, je n’étais pas là, mais je sais que ça a été créé dans le sens où on s’est dit, mais il y a aussi des familles, des papas, des mamans qui sont séropositifs et il n’y a encore rien donc c’est pour ça que ça s’est créé un peu à l’opposé de AIDES qui répondait plutôt à un public homosexuel ou des hommes ayant des rapports avec des hommes. Et c’est vrai que, aujourd’hui maintenant il y a quelques personnes homosexuelles qui viennent à l’association mais pas beaucoup et il y a en qui se sentent bien et d’autres me disent qu’ils ne se sentent pas à leur place. Donc c’est peut-être aussi important qu’il y ait des associations qui soient pour les homosexuels et…

Anaenza Maresca : Tout à fait. Je pense que c’est certain que ça aide quand on dit famille, papa, maman, enfant. Depuis fort longtemps, depuis qu’on a la trithérapie on peut oui avoir des projets parce que de nos jours, même depuis l’HPTN052, que la procréation est quelque chose de tout à fait envisageable dans des couples sérodifférents. Donc renforcer cela pour montrer qu’on peut avoir des projets à long terme d’une vie comme monsieur, madame tout le monde c’est fort important.

Sandra : Et d’ailleurs je rappelle, peut-être qu’il y en a qui écoutent l’émission et qui viennent d’apprendre leur séropositivité. Ils se disent mais comment, je peux avoir des bébés, je peux fonder une famille, je n’étais pas au courant. Vous allez sur le site internet, il y a la brochure « Comment faire un bébé » où tout est expliqué, c’est des parents qui témoignent, qui racontent comment ils ont fait. Sinon vous nous appelez au 01 40 40 90 25 et on sera là pour répondre à toutes vos questions. Il y a plein de papa et de maman qui seront ravis de partager leurs expériences avec vous.

Transcription : Sandra Jean-Pierre

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