Yann : Alors c’est peut-être une question, je ne sais pas si vous allez pouvoir répondre, donc moi j’ai eu un enfant avec une femme séropositive qui était traitée. On a quand même donné pendant 3 semaines le médicament pour le petit à la naissance qui est à base d’AZT. Et il me vient en tête, quand l’enfant grandit, il prend des gouttes, c’est en forme de liquide ? Ça passe en comprimé à partir de quel âge ?
Charlotte Fontaine : Vous parlez des antirétroviraux ?
Yann : Oui.
Charlotte Fontaine : Après tout dépend l’enfant, parce que les comprimés sont assez gros donc tout dépend l’enfant s’il arrive à les avaler.
Yann : Mais le comprimé à partir de… un enfant de 6 ans par exemple, qui est sous traitement, forcément la dose de comprimés va être diminué par rapport à son poids, par rapport à…?
Charlotte Fontaine : C’est par rapport à son poids. Donc après je ne sais pas trop le pédiatre au niveau des dosages, c’est eux qui s’y connaissent, mais nous, il y a des enfants de 10 ans qui sont encore au sirop parce qu’ils n’arrivent pas à avaler le comprimé, c’est trop compliqué pour eux. Du coup, on s’adapte, et on fait des doses, c’est des doses beaucoup plus grosses au niveau du sirop, mais…
Yann : Au moins on est sûr qu’il les prend.
Charlotte Fontaine : Oui.
Sandra : Et le sirop, il a bon goût ?
Marie-Armelle Burini : J’ai goûté ! C’est : ABOMINABLE. Quand je vous dis abominable, moi j’ai goûté le Kaletra, parce que justement, on avait un bébé, et je n’arrivais pas à comprendre ce qui faisait que, et on m’a dit “goûte”. J’ai goûté, c’est d’une amertume innommable, il faudrait lancer un appel aux laboratoires pharmaceutiques.
Sandra : Cela ne doit pas être compliqué de rajouter un petit arôme !
Marie-Armelle Burini : Ce n’est pas compliqué, mais ça ne touche pas…
Sandra : Ca ne concerne pas assez de monde c’est ça ?
Yann : Moi je me demande hein, si ce n’est pas si compliqué, parce que ça m’étonnerait qu’un labo sorte par plaisir un médicament hyper…
Marie-Armelle Burini : C’est moins cher !
Sandra : Ah ! Ah oui, c’est moins cher, d’accord.
Yann : Avec la masse de bénéfices qu’ils font quand même ?
Marie-Armelle Burini : Mais pas sur ceux-là !
Sandra : Ah oui, il n’y a pas assez d’enfants infectés par le VIH en France !
Marie-Armelle Burini : Et ce médicament, ce n’est pas possible. Je me souviens, ce bébé là, on a dû passer par sonde. Par sonde naso-gastrique parce qu’il ne pouvait pas !
Sandra : C’est combien de fois par jour, le sirop ?
Charlotte Fontaine : Le Kaletra, c’est une fois. Matin, ou soir, après, ça dépend.
Sandra : Pour bien commencer la journée, ouais !
Alexandre : Si le truc c’est vraiment ignoble, une fois par jour c’est déjà largement suffisant, voire trop.
Marie-Armelle Burini : Oui, et puis il faut se dire que bon, ils ne le prennent pas une fois, ils le prennent tous les jours pendant des années. C’est ça qui est compliqué.
Charlotte Fontaine : C’est vrai qu’au début quand on met en place le traitement, c’est assez difficile. Surtout quand ils sont sous forme de sirop, et même les comprimés, chez les ados, parfois c’est difficile à les faire avaler.
Alexandre : De quoi développer une phobie de la cuillère dans laquelle il y a le sirop.
Marie-Armelle Burini : C’est ça, tout à fait, moi je suis hypnothérapeute également, et je me souviens d’une jeune fille qui ne pouvait pas avaler ses médicaments, parce que quand elle avait la boîte devant elle, elle avait un réflexe nauséeux qui faisait que ce n’était pas possible. Avec la meilleure volonté du monde, elle voulait prendre ses médicaments, mais elle n’y arrivait pas. Et c’est vrai que là, on a travaillé en hypnose pour pouvoir lui permettre de prendre ses médicaments, mais il y avait un réflexe conditionné qui s’était fait, c’était impossible. Parce que oui, les médicaments sont gros, les médicaments se coincent une fois, deux fois, ils ne sont pas forcément très bien enveloppés, donc il y a des goûts qui restent dans la bouche, c’est dur. Ils ont un quotidien qui est difficile. Et quand tout à l’heure, Charlotte disait qu’ils pouvaient avoir des quantités de médicaments liquides à prendre, je me souviens d’un petit garçon qui a vomi sur mes pieds, il avait pris ses médicaments pas très longtemps avant, voilà.
Yann : C’est sorti en jet, comme un refus quoi.
Marie-Armelle Burini : Oui, heureusement j’avais des bottes, pas en plastique, mais presque !
Yann : L’avantage c’est qu’il pleut souvent à Paris ! (rires)
Sandra : Mais comment faire alors pour ces enfants qui ne peuvent pas prendre les médicaments ? Vous avez des méthodes, les parents utilisent des stratagèmes ? C’est compliqué quoi, pour être sûr qu’ils prennent vraiment tous les jours leurs médicaments, et puis qu’ils ne les vomissent pas, surtout, puisqu’après, sinon, j’imagine que ça peut avoir un impact sur le virus quoi. Si jamais le médicament n’est pas pris tous les jours ?
Charlotte Fontaine : Après, on essaie de leur donner des petites astuces, de prendre les comprimés avec du yaourt à boire, parfois ça passe mieux. Quand c’est le sirop, le Kaletra, on leur dit de tapisser au niveau de la langue avec du chocolat, de la pâte à tartiner. Donc on essaie de leur donner des petites astuces pour qu’ils les prennent mieux.
Marie-Armelle Burini : Oui et après il y a vraiment une évaluation du moment où ils prennent les médicaments. La plupart du temps, il faut bien faire attention à ce qu’ils les prennent pendant le repas. Et je pense qu’on reste aussi assez vigilant à toutes ces manifestations-là, et les médecins sont quand même très à l’écoute des enfants et vont pouvoir adapter aussi le traitement, parce qu’il y a des intolérances. Il y a certains médicaments qui donnent des effets secondaires, donc quand il y a besoin de le changer parce qu’il y a des troubles digestifs, ils le font.
Transcription : Alexandre Bordes
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