Sandra : Vous reconnaissez le jingle, nous allons passer à la rubrique culturelle. Le temps qu’Eva Hakapoka se prépare, qu’elle fasse peut-être ses accords à nouveau, je vais passer un extrait d’une de ses chansons, j’ai choisi la piste numéro 3 de son album “Roots”, et on revient dans quelques instants.
Diffusion d’un extrait de la chanson “Words and Worth”
Sandra : Eva Hakapoka va nous interpréter un live dans quelques instants, mais d’abord je laisse la parole à Yann, c’est parti pour l’interview !
Yann : Donc tu as dit à peu près tout ce que j’allais dire. C’est une petite rubrique pour cette émission car nous allons faire une grande place au live de la chanteuse Eva, qui a sorti son album, il y a peu de temps, l’album se nomme “Roots”, qui est un mélange, je ne te cache pas que j’ai un peu repris les textes de présentation, donc c’est un mélange de soul, rap, tout ce qu’on aime ici au Comité des familles, je pense que nos amis belles oreilles aussi. Tu parles de respect de liberté, ça, ça me parle aussi. Après, tu parles de restaurer l’âme, tu entends quoi par ça ?
Eva Hakapoka : Je pense qu’au quotidien on est distrait en fait, par tout ce qu’on croise, même par le job qu’on choisit parfois, qui n’est pas forcément ce qu’on aime. Je pense qu’à un moment donné, ou même genre une fois par semaine, il faut se poser, il faut se reposer les bonnes questions à savoir, qu’est-ce qu’il me rend heureux ? Et puis essayer de reconfigurer sa vie à pouvoir être heureux. Donc il faut restaurer son âme perpétuellement.
Yann : Je vais revenir bien sûr vers toi pour te demander un petit peu le parcours, comment cette voix est sortie de ce corps ? Tu as démarré peut-être par le gospel ?
Eva Hakapoka : Oui, gospel au sens large du terme. Pas forcément gospel américain, mais j’ai le souvenir d’accompagner ma maman quand j’avais 9-10 ans à la chorale de son église, c’était une église évangélique et on chantait plutôt en langue traditionnelle et des chants et les cantiques bien français…
Yann : On est dans quelle région ?
Eva Hakapoka : On est à Yaoundé…
Yann : Parce que tu es Bamiliké, je crois ?
Eva Hakapoka : Oui, je suis Bamiliké, de l’ouest du Cameroun, mais j’ai grandi dans le centre…
Yann : Big à tous nos amis de…
Eva Hakapoka : Ah oui, Baham, Bandjoun, comme ma belle-soeur. Donc après ça, j’ai la chance de faire un établissement catholique, où je suis à chorale jusqu’en terminale, donc je chante, je fais un peu de chant classique. Après le bac, moi j’ai toujours aimé écrire en fait, j’aime le rap, j’aime le slam donc avec la plume, quand on mélange le chant et le rap, tout de suite on va dans la soul, new-soul et…
Yann : Est-ce que c’est une bonne place, la place de Paris, pour la soul ?
Eva Hakapoka : C’est compliqué !
Yann : Parce que trop restreint ?
Eva Hakapoka : Oui, mais le plus important, c’est de s’exprimer je pense. Si on cherche un endroit pour s’exprimer, il y aura toujours des oreilles pour nous écouter, que ce soit ici au Cameroun, c’est ce que j’ai appris finalement en venant en France. Moi, je suis arrivée en France il y a 5 ans et en Ile-de-France il y a 2 ans, 2 ans et demi, et c’est ce que j’ai appris en fait à terme, c’est que, pourquoi on fait la musique ? Pour pouvoir parler avec des gens, pour pouvoir partager, que ce soit ouvert ou pas ouvert, il y a toujours des oreilles pour nous écouter.
Yann : Je te remercie. Je voulais aussi vous annoncer, vous savez comme j’ai le coeur chaud pour notre ami Siné rédacteur et dessinateur de Sinémensuel. Il sort son petit objet, qui sort un petit peu quand il veut, c’est le tome 9, c’est un hors-série. Je trouve que c’est une bonne manière, parce qu’il a 85 ans, il raconte tout son cursus, toute sa vie. Donc pour les retardataires de l’histoire, je trouve ça pas mal. On parlait de métaphore tout à l’heure, là il traite, notamment, dans ce dernier volume, il va nous démontrer que ses mémoires, là commence en 1965 avec son voyage en Chine, où il a failli croupir en prison parce qu’il s’amusait à faire des, c’était l’époque de Mao Tsé-Toung, il avait dessiné un petit chat qui faisait miaou miaou, donc si vous voulez, le communisme de l’époque n’avait pas tellement apprécié. Donc il a eu chaud aux fesses. Il raconte aussi pour la première fois son aventure en Algérie, où il fut chargé pendant des années d’un boulot titanesque rendant aussi pathétique Hercule et ses 12 travaux comparativement dérisoire, puis il a eu un recueil de dessin publié chez le prestigieux éditeur anglais… donc je vous conseille simplement de vous retourner vers Sinémensuel et ce hors-série qui s’appelle, “Ma vie, mon oeuvre, mon cul”.
Je voulais vous dire aussi que la semaine prochaine nous recevons une voix, et pas des moindres, Karl The Voice, qui a participé au groupe I am et à une multitude de groupe incroyable et qui sera là pour nous présenter le groupe Push up, qui est un mélange de funk, que je n’ai vu qu’une fois sur scène avec entre autres, Sandra Nkaké et Jî Drû.
J’espère qu’on sera plusieurs au Comité des familles à pouvoir venir. On a déjà loupé parce que tu as fait un gros concert où on a eu beaucoup de retours au China, tu nous donneras les prochaines dates, qu’on mettra sur le site.
Eva Hakapoka : Déjà, il y a le 11, il y a le festival multicolore où j’accompagnerai certainement quelques défilés de mode. Je laisserai l’adresse du lieu de l’événement.
Où ? : Salle Max Jacob, 35 rue de Vienne, 93 000 Bobigny. Métro Bobigny Picasso, puis bus 134 ou 234, arrêt Robespierre-Edouard Vaillant
Sandra : J’aurai une question pour Eva. Tu nous as dit que tu as une soeur ? Si cette soeur t’annonçait qu’elle est séropositive, quelles seraient tes premiers mots pour elle ?
Eva Hakapoka : Ce n’est pas la fin du monde. Déjà, pourquoi tu prends un ton solennel pour m’annoncer ça et tout (rires). Genre t’as le palu, j’ai une grippe, ça va (rires). Casse pas les… (rires).
Sandra : Voilà, pourquoi avoir peur d’annoncer !? En tout cas, à Eva Hakapoka c’est bon, vous pouvez lui dire, il n’y a pas de problème, ça ne change rien apparemment !
Eva Hakapoka : Au contraire, ça aide ! Moi, je fais mon test régulièrement parce que j’aime mieux savoir. Je pense que c’est mieux et savoir c’est aimé son prochain.
Yann : Et puis en plus, tu le disais en début d’émission, avoir perdu des membres de ta famille…
Eva Hakapoka : Oui, 2 oncles du côté de mon papa, qui sont partis je pense trop jeunes et par ignorance, et c’est ce que je trouve en fait dommage. Ils auraient pu avoir une belle vie, mais les secrets, les tabous.
Sandra : Place au live maintenant, tu vas nous interpréter quelle chanson ?
Eva Hakapoka : Sing, ça veut dire chante, chante quand tu es bien, quand tu es triste. Bref, chante. N’attends pas d’avoir une belle voix parce que ça c’est souvent un don…
Sandra : Ça se peut que ça n’arrive jamais ! (rires)
Eva Hakapoka : Voilà.
Yann : C’est une thérapie le chant.
Eva Hakapoka : Bien sûr. C’est la mienne et c’est celle que j’aimerai partager avec les autres.
LIVE
Transcription : Sandra JEAN-PIERRE
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