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18.09.2015

Sexualité des personnes séropositives : «Il y a le feu dans la maison ! »

Sandra : Lors de la soirée COREVIH Ile-de-France Nord, vous avez parlé de désexualisation de l’épidémie. Un phénomène dû à l’arrivée des traitements VIH. Pouvez-vous préciser cette idée ?

Patrick Papazian : Je ne suis pas le seul à évoquer cette notion-là, mais elle me semble vraiment importante. C’est vrai que le VIH et le sida historiquement sont vraiment nés dans un contexte très sexuel et on parlait beaucoup de sexualité pour parler de prévention parce qu’on n’avait pas autre chose en gros. On pouvait faire que de la prévention. Maintenant qu’il y a des traitements et des traitements en gros avec lesquels ça se passe plutôt très bien, dans la majorité des cas on va dire, du coup il y a un peu le côté, « vous n’allez pas en plus nous embêter avec vos problèmes sexuels ». C’est-à-dire que « vous allez vous retrouvez avec vos problèmes sexuels de monsieur et madame tout le monde, estimez-vous déjà heureux de pouvoir envisager d’avoir une sexualité, si en plus ça se passe mal, écoutez il y a un moment, on ne peut pas tout pour vous non plus quoi. » Donc c’est un peu ce côté désexualisation, c’est vraiment beaucoup plus rentrer dans le champ du médical, des traitements, de l’aspect virologique, de tous ces staffs hospitaliers où on va aller, se, excusez-moi, masturber intellectuellement pendant 20 minutes sur le cas d’un patient pour savoir si on lui met telle molécules plutôt qu’une autre, la petite dernière qui vient de sortir et qu’on a bien envie d’essayer, etc.. Mais finalement du coup tous les aspects de sexualité et de vie du patient sont complètement passés à l’as. C’est un peu ce côté désexualisé qui est terrible parce que, à côté de ça, je le rappelle, on a des chiffres qui nous disent que ça se passe de plus en plus mal. Il y a le feu dans la maison et on fait comme si on ne voyait pas alors que les traitements progressent, la sexualité, là encore globalement, se dégrade. C’est quand même un vrai problème.

Yann : Et je comprends très bien le patient qui est en face de son infectiologue, l’infectiologue qui dit : « mais c’est fantastique, regarder vos CD4 qui montent, une charge virale indétectable depuis 1 an et demi ». À partir de ce moment-là, le patient a du mal à expliquer les parties sombres de sa vie dont cette sexualité qui n’est pas quand même rien dans une vie d’une femme, d’un homme. Et très souvent, on est en culpabilité. Moi, je sais que j’ai eu des douleurs de dos. Vraiment on me regardait l’air de dire, « allez voir un généraliste et puis »… certes ! Mais le généraliste vous envoie voir votre infectiologue parce que comme le généraliste que vous allez voir n’a pas non plus une connaissance assidue du VIH, enfin voilà, on est un petit peu balancé et je dois que très souvent c’est le problème que je rencontre quand je parle à des personnes qui sont traitées et séropositives depuis longtemps, c’est que le vieillissement du séropositif, qu’il soit sexuel ou tout autre, n’est pas encore reconnu et pris vraiment en compte alors qu’il y a quand même une usure plus rapide des organes.

Patrick Papazian : C’est très juste et également une image de soi qui se dégrade. Ça, je l’ai beaucoup en consultation. Les personnes finissent par me lâcher qu’elles ont vraiment l’impression d’être plus vieilles que leur âge légal et parfois c’est très troublant parce que je suis parfois face à des personnes qui au contraire font plus jeune objectivement, mais qui ont l’impression qu’elles ont 20 ans de plus. Et c’est aussi lié à tout ce qu’elles ont traversé, parce que mine de rien il y a eu du vécu, de l’épreuve, mais aussi parfois à une absence de sexualité depuis plusieurs mois, plusieurs années qui font que tout ça, c’est un peu grippé et qu’elles ont l’impression qu’en gros maintenant, elles sont condamnées à être avec leur potage devant la télé tous les soirs et c’est fini pour elles quoi.

Transcription : Sandra JEAN-PIERRE

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