Jeune fille : Je suis une étudiante DUT carrière sociale et je vis dans la région parisienne.
Victoria : 22 ans, étudiante en dentaire.
Michel : 64 ans, à la retraite.
Sandra : Pouvez-vous me donner une définition de la santé ?
Jeune fille : La santé pour c’est un état de complet bien-être aussi bien psychique que physique, mental, biologique.
Victoria : La santé c’est un état de bien-être physique, mental et social.
Michel : Bah la santé, la vraie santé, faut en profiter quand elle est là. Sinon, on a toujours des petits problèmes. C’est récurrent. La pollution par exemple, l’asthme, les choses qu’on ne supporte pas, les allergies. Quand on prend de l’âge, on résiste moins. La santé dans l’absolue, plus on avance dans l’âge, plus c’est compliqué.
Sandra : Avez-vous des enfants ?
Michel : Oui, j’ai une fille.
Sandra : Dans sa scolarité, est-ce qu’on lui parlait de santé ?
Michel : Non, pas que je sache.
Sandra : Pensez-vous que dès par exemple l’école maternelle, on devrait parler de santé aux enfants ?
Michel : On devrait surtout leur dire que ce n’est pas parce qu’ils sont propres, qu’il n’y a pas de saleté sur la peau. Il faudrait leur expliquer les épidémies, les bactéries, les virus, tout ce qui ne se voit pas. Un enfant souvent, il s’imagine parce qu’il est propre, je n’ai pas besoin de me laver je suis propre. Donc expliquer, oui, aux enfants jeunes, parce que ça leur permettrait de se laver les mains davantage, se laver sans pleurer et de comprendre surtout pourquoi on se lave alors qu’on est propre.
Jeune fille : J’estime être en bonne santé parce que j’ai aussi bien la santé biologique, je n’ai pas de problème de santé particulier. Ensuite, j’ai la santé, le moral parce que j’ai un toit sur la tête, j’ai assez d’argent, je fais des études, j’ai des amis.
Victoria : Oui, parce que j’aime la vie.
Michel : Non, j’ai de la tension, je ne suis pas en bonne santé.
Sandra : Quand faut-il aller voir le médecin généraliste selon vous ?
Jeune fille : Dès qu’on a des signes comme de la fièvre, des rougeurs. Dès qu’on se sent affaibli, il faudrait aller voir le médecin. Je ne suis pas souvent malade mais oui, si je suis malade, si je ne me sens pas bien, je vais tout de suite prendre ma température et si je vois que j’ai de la fièvre, je vais tout de suite aller voir le médecin.
Victoria : J’en parle à mon médecin et autour de moi si c’est plus psychologique. C’est vrai qu’il y a Internet mais je peux aussi me renseigner auprès d’un centre de santé.
Michel : Vous savez en général, ce n’est pas nous qui allons le voir, c’est lui qui s’empare de nous. Il nous dit de revenir, il nous donne des rendez-vous, des traitements comme là je vois pour la tension pour ne parler que de moi mais je ne suis pas le seul. C’est médication à vie donc faut aller voir le médecin tous les 3 mois, faut payer le tiers pour le médicament et puis… après le médecin vous délègue dans des endroits invraisemblables, des spécialistes et tout ça. Moi, ils m’ont fait le coup, ça m’a couté très cher. La médecine en France pour les gens du peuple comme moi, c’est moyen. Les médecins sont très techniques mais ils manquent complètement d’éthique.
Sandra : Pour ou contre des personnes handicapées dans votre boulot ?
Jeune fille : Totalement pour. J’ai une soeur qui est handicapée et justement je suis pour l’insertion des handicapés dans le milieu quotidien, l’intégration totale.
Victoria : Ce sont des personnes comme tout le monde donc je ne vois pas pourquoi elles ne pourraient pas.
Sandra : Pour ou contre les enfants handicapées dans les classes d’école ?
Michel : Pourquoi on ne les mettrait pas dans une classe avec les autres ? S’il y a 40 enfants handicapées et… c’est une question de nombre. Ce n’est pas l’hôpital l’école hein. Donc il faut un minimum mais quelques handicapées dans une classe parmi des jeunes normaux entre guillemets, oui c’est bien. Ça apprend plus aux jeunes qu’on n’est pas tous semblables.
Sandra : Pratiquez-vous une activité sportive ?
Jeune fille : Oui, je fais du basket-ball et je coache une équipe de petits 5-6 ans.
Sandra : Le sport c’est pour qui selon vous ?
Jeune fille : Pour tout le monde et d’ailleurs aussi bien pour les handicapés parce que j’anime des journées pour les handicapés moteurs et mentaux, c’est vraiment pour tout le monde, aussi bien les jeunes, les plus âgés, tout le monde.
Victoria : Oui, je vais à la salle de sport. Je fais du cardio. Ça s’adresse à tout le monde parce que je pense que le sport ça permet de décompresser, d’extérioriser les tensions, tout ça.
Michel : De la marche à pied. Je marche, je fais 5-6 km par jour. Pour les bien-portants.
Sandra : Connaissez-vous la conférence régionale de la santé et de l’autonomie ?
Jeune fille : Non, je ne connais pas.
Victoria : Non.
Michel : Ah non, pas du tout.
Sandra : Si jamais vous avez l’information, est-ce que ça vous dirait de participer ou ça ne vous intéresse pas ?
Jeune fille : Oui, je pense que tout le monde peut participer à ça parce qu’autour de nous on rencontre tous des personnes et essayer de les motiver, de leur expliquer, même que ce soit de la prévention en fait. Faire de la prévention et franchement tout le monde peut participer à l’amélioration de la connaissance dans le domaine de la santé.
Victoria : Bah si, pourquoi pas.
Michel : Ça ne m’intéresse pas. Ça ne sert à rien. Ça coute de l’argent, du temps et ça ne sert à rien. C’est le contribuable qui paye en définitif. Je suis absolument contre. Il ne faut pas faire des réunions pour un oui, pour un non. La santé, c’est important mais il n’y a pas besoin de faire des réunions entre les comités, les conseils généraux, les régions… qu’est-ce que c’est que toute cette mafia !? Plus les médecins ! Alors là, on doit avoir des médecins, ils sont fatigués de pratiquer la médecine, ils terminent comme ça en faisant des petites conférences à trois balles. Franchement, je n’irai pas. J’ai plus d’empathie. Je trouve qu’on devrait surtout faire parler les gens qui ne parlent jamais. Ceux qui n’ont pas de titre, qui habitent là, comme ça, derrière là, n’importe où et faire des vraies réunions pour le coup. Mais des médecins, entre eux avec des comités de département ou de je ne sais quoi, ça sent la sieste ! (rires).
Fin de l’enregistrement.
Sandra : La santé, un vaste sujet. Je vous ai proposé un petit micro-trottoir que j’ai fait hier, 3 personnes, ce n’est pas du tout représentatif de la société mais c’est juste pour introduire le sujet. Et donc on va discuter de la démocratie en santé avec notamment Tim Greacen et puis bien sûr Yann pourra réagir de temps en temps. Tim Greacen, je vous ai vu lors d’une conférence où on a parlé de la démocratie en santé, il y avait notamment Claude Evin qui était là, il est directeur général de l’Agence régionale de santé Ile-de-France. Et puis vous avez fait une introduction qui franchement, ça m’a réveillé et je me suis dit mince, vous êtes peut-être intervenu trop tôt. Vous auriez dû peut-être intervenir en milieu de réunion, ça nous aurait donné un peu de peps. Pouvez-vous expliquer déjà aux auditeurs ce que c’est la démocratie ?
Tim Greacen : Pourquoi en France vous ne savez pas ce que c’est ?
Yann : Mais c’est bien de le rappeler.
Tim Greacen : Demos, c’est le peuple et cratie c’est le pouvoir. Démocratie c’est le pouvoir pour le peuple par le peuple. Donc il s’agit de prendre des décisions concernant son avenir, le présent et l’avenir. Et c’est de le faire ensemble donc ça suppose que tous les participants autour de la table, lorsqu’on parle de démocratie, les gens ils ont un niveau différent de connaissance et de compétences et de moyens. Ces différences sont très déterminantes pour une démocratie réussie.
Sandra : Démocratie en santé, ça veut dire que la santé doit être par et pour le peuple ?
Tim Greacen : Oui. La démocratie respecte les différences entre les gens. C’est pour ça qu’on vote. Et on s’attend à ce qu’on ne vote pas pareil. C’est-à-dire qu’on a un point de vue chacun sur notre propre santé qui est différente et qui est déterminée par notre contexte, par les maladies qu’on a, par la bonne santé qu’on a, par notre notion, chacun qui est différent de ce que c’est d’être en bonne santé. Et donc lorsqu’on met des gens autour de la table et on leur demande de voter sur un objectif de santé, ils ont tous, les salauds, un point de vue différent. Et il s’agit dans une démocratie de respecter ces différences et c’est pour ça qu’on vote. La différence entre démocratie en santé et le système médical actuel, c’est que ce n’est pas le peuple qui décide ce qui est bon pour eux, c’est les professionnels de santé. On est en plein milieu de, il y a un vieux monsieur maintenant mort, d’ailleurs concerné par le VIH, qui s’appelait Michel Foucault, qui parle de cette notion de gouvernementalisation. Donc l’idée que l’État essaye de gouverner nos corps d’une manière ou d’une autre, là on est plein Foucault, on est plein l’idée que ce soit le système de santé qui définit pour nous ce que c’est la bonne santé. Ce temps, il est temps que ce soit terminé.
Sandra : J’ai préparé quelques questions mais peut-être que vous avez envie de réagir par rapport aux différents propos que vous entendu dans le micro-trottoir, toi aussi Yann tu peux réagir. Sinon, je passe tout de suite à mes nombreuses questions.
Tim Greacen : Juste une seule chose, surtout ne pas définir la santé comme l’absence de maladie. La santé c’est quelque chose de vachement positif.
Sandra : Justement, j’allais y venir. Vous avez dit lors de cette conférence « Il n’y a pas que la mauvaise santé, il y a la bonne ». Souvent, quand on parle de santé, c’est vrai, je m’en suis rendu compte, on a souvent tendance à parler de la mauvaise santé. Et la bonne santé ? C’est quoi, pourquoi parler de la bonne santé ?
Tim Greacen : Parce que si on parle de la bonne santé physique, c’est ce qu’on a entendu dans le micro-trottoir donc, les gens qui parlent sport, activité physique. Mais ce n’est pas seulement sport, ce n’est pas seulement faire une activité physique, c’est aussi par exemple assis autour d’une table lorsqu’on est au bureau. Lorsqu’on est en train de bosser derrière un ordinateur comment est-ce qu’on peut faire pour que ce soit la fête pour le corps ? Comment est-ce que le corps peut passer un bon moment, toute une journée devant un ordinateur lorsqu’on est en train de taper, assis sur une table devant un ordinateur, ou vous devant un micro, assise, à interviewer des gens à la radio ? Qu’est-ce que ça fait pour votre dos ? Pouvez-vous trouver une manière de faire la fête avec votre dos pendant que vous nous parlez ? Donc on entre dans tout un domaine de comment est-ce qu’on peut vivre ensemble avec des corps qui s’amusent, qui passent un bon moment ? Et non pas des corps qui s’affaiblissent ou qui se bloquent parce qu’ils sont tenus dans la même position toute la journée. On voit des stratégies par exemple dans d’autres pays où par exemple, on ne travaille plus assis devant un ordinateur. On est debout…
Sandra : Toute la journée ?
Tim Greacen : L’ordinateur est sur un pupitre dans la hauteur, on peut ajuster la hauteur du pupitre. Et donc on passe la moitié de son temps debout. Il a des roues donc on peut se déplacer dans la pièce tout en tapant sur son ordinateur…
Sandra : Oui, mais rester debout toute la journée c’est usant.
Tim Greacen : Et on peut aussi s’asseoir. Et on peut aussi s’allonger…
Sandra : On peut aussi s’allonger ?! C’est quel pays dites-moi, que je demande ma mutation (rires).
Tim Greacen : C’est là où je suis né, c’est l’Australie. Si vous n’avez pas de divan dans votre bureau, ça ne va pas. Il faut pouvoir s’allonger et on peut mettre son portable sur ses genoux et travailler très bien.
Sandra : A l’association, il y a quand même deux canapés mais je n’ose pas trop y aller, ça ne fait pas sérieux (rires).
Tim Greacen : Bien dormir, c’est extrêmement important. Bien faire la sieste, bien se reposer. Bien dormir c’est génial.
Sandra : Et vous qui êtes surbooké, je pense que vous êtes surbooké parce que quand vous êtes arrivé à l’émission de radio, vous m’avez dit : « je termine de travailler un petit peu ». Vous arrivez à faire des siestes ? Des pauses vraiment ?
Tim Greacen : Absolument ! Elles sont essentielles lorsqu’on a la vie bien pleine. Et ça peut arriver à tout le monde d’avoir une liste dans sa tête des choses à faire à la maison, des enfants à chercher, des choses à faire au boulot, etc. Toutes ces listes qu’on a dans sa tête et on se trouve très souvent, beaucoup de gens se trouvent dans cette situation. Là, c’est le psychologue qui parle, qui se trouve dans cette situation, ils sont en train de vivre… leur vie c’est simplement enlever des choses de la liste dans leur tête. Et au lieu de… et là on se dit, il est temps de se dire, je suis en train de faire quoi là ? C’est-à-dire de revenir à ici et maintenant, de revenir à ce qu’on est en train de faire. Et d’apprécier les choses qu’on est en train de faire pendant qu’on les fait.
Sandra : Yann, est-ce que tu estimes être en bonne santé ?
Yann : Mental oui. C’est difficile pour moi de me considérer en bonne santé ou en parfaite santé mais voilà, je vis avec et comme je crois beaucoup au côté positif et à l’envie et l’amour de la vie et tout ça effectivement, je me considère comme quelqu’un de quand même privilégié et heureux d’être sur cette Terre et donc assez heureux de ma santé pour l’instant.
Tim Greacen : Plein de gens qui vivent avec des maladies chroniques, au départ typiquement, ça te bouffe 95% de ton temps et de ta tête. Une découverte de séropositivité, d’une maladie grave, d’un cancer, d’un trouble psychiatrique important, tout d’un coup ça te bouffe 95% de ta vie. On passe du temps à l’hôpital, on passe du temps dans les soins et dans sa tête, ça trotte toute la journée. On en rêve la nuit. 5 ans plus tard si tout va bien, même un an plus tard si tout va bien et si c’est bien organiser notre système de santé, ce n’est plus 95% de son temps qu’on passe à réfléchir à sa maladie, c’est 5% de son temps. On le gère. L’autre 95% de temps, on vit. Donc vivre avec, ça veut dire…
Yann : Ne pas vivre dedans non plus.
Tim Greacen : Ne pas vivre dedans non plus, ça veut dire que ça prend une partie de sa journée à prendre ses pilules, prendre sa tension, à se soucier de je ne sais pas quoi, à appeler le médecin, prendre ça pour ses 5%. Mais on les limite ces 5%. Et c’est surtout, il fait quoi Yann dans le 95% de son temps ?
Yann : Oh bah je travaille, j’ai des enfants, j’aime l’amour, faire l’amour, manger, cuisiner, toutes les choses de la vie.
Tim Greacen : Ah tu manges en plus ?
Yann : Et je mange en plus, je suis très gourmand (rires).
Tim Greacen : Tu manges bien ?
Yann : Je mange trop bien même (rires). La partie de plaisir chez moi est très importante. Même dans les relations humaines, je suis quelqu’un où l’affectif a son importance.
Tim Greacen : Donc sa santé à lui, à Yann, ce n’est pas juste qu’il ne souffre pas de son hépatite ou de son VIH ou de je ne sais pas quels sont ses problèmes de santé. Mais c’est tout le reste. C’est le fait que la vie c’est la fête. C’est de bien manger. Et le fait de se dire, comment est-ce que je peux bien manger et ne pas prendre 10 kilos de plus ? Par exemple. Comment est-ce qu’on peut quand même bien manger tout en gardant ma ligne. Donc peut-être qu’on entre dans l’idée d’alors bien bouger. Comment est-ce que dans la vie quotidienne, que Sandra peut danser pendant qu’elle fait les entretiens à la radio ? Comment est-ce qu’elle peut bien bouger, s’amuser à bien bouger y compris avec la personne en face.
Sandra : Faut que je sois crédible aussi, que je sois sérieuse. Avec vous, ça va, j’ai l’impression que ça va mais avec d’autres invités, si je me mets à danser ils vont se dire… vous savez, la culture française. Ce n’est peut-être pas comme en Australie, je ne sais pas.
Tim Greacen : Nous sommes dans des trucs culturels. Maintenant la culture française est costaud sur certains aspects de la bonne santé. Par exemple manger, c’est quelque chose de bien inscrit dans la culture française. Elle est célèbre pour ça. La culture chinoise et française, les deux grandes cultures de la cuisine. C’est essentiel de se dire bien manger c’est génial et c’est quelque chose que nous on sait bien faire les Français.
Sandra : Ce n’est pas de notre faute si on est doué (rires).
Tim Greacen : Il y a d’autres cultures qui sont bien pour bien danser. Si on pense à certaines cultures africaines par exemple où danser ça fait partie de la culture familiale, on voit les mères en train de danser avec leurs enfants qui ont 3, 4, 5 ans et tout, en train de passer un bon moment. Bien danser, bien bouger, donc bouger avec amour et avec sensualité et bouger tous encore, ça c’est génial pour sa santé. C’est la santé aussi.
Transcription : Sandra Jean-Pierre
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